Antipatriarcat

8 mars : cinquante mille féministes en pleine semaine




Plus de 50 000 personnes se sont mobilisées ce 8 mars en France. En mettant autant de gens dans la rue, le mouvement féministe dans son ensemble a de nouveau démontré sa capacité de mobilisation.

Cette mobilisation demeure revendicative et dynamique, avec des cortèges souvent très jeunes (dans les grandes villes du moins), se radicalisant d’années en années dans ses prises de position contre l’ensemble des systèmes de domination et d’exploitation (patriarcat, racisme, capitalisme). La solidarité entre les femmes du monde entier face aux guerres et à l’exil a été mise en avant, tout comme la lutte contre le fascisme.

Cette année, la question de la grève féministe a été centrale. Pas une mobilisation d’opinion un week-end mais une grève, en pleine semaine, avec des préavis déposés. Cette grève a concerné tous les aspects de la vie, à la maison comme au travail  [1].

La sociologie des cortèges est sensiblement le même que les années précédentes et partout où les syndicats ont appelé seuls à des rassemblements en journée, sans concertation avec le mouvement féministe local, la mobilisation a été très faible. À l’inverse, lorsque les mobilisations (AG de grévistes, manifestations, rassemblements) ont été portées conjointement, elles ont été un succès.

Cependant, l’appel à la grève interprofessionnelle du 8 mars n’a pas été relayé partout. Vu les remontées de terrain, on peut considérer que le taux de grévistes ce jour-là a été bien faible. Beaucoup de féministes ont d’ailleurs vécu la mise en avant de la grève interprofessionnelle du 17 mars (fort peu convaincante par ailleurs) comme une dispersion inutile des énergies et comme une nouvelle relégation du combat pour l’égalité femme-homme (notamment salariale) et la revalorisation des secteurs féminisés au second plan, comme un slogan un peu creux.

Lille Le Mans Bordeaux Paris

Syndicalistes en non-mixité

Malgré tout, des gens ont suivi cet appel à la grève, ancrant dans nos pratiques et nos perspectives ce mode d’action. Ce jalon supplémentaire était indispensable pour réussir mieux encore celle de l’année prochaine. De plus, de réels ponts ont pu se construire à certains endroits entre mouvements féministe et syndicaliste. Les syndicalistes féministes ont permis que des préavis de grève soient posés et des intersyndicales (très souvent CGT/FSU/Solidaires) ont parfois initié des cadres unitaires. Nos structures syndicales conservent toutefois des réflexes machistes. Il est parfois difficile de faire entendre l’importance stratégique de la syndicalisation et du travail des femmes même avec les enseignements de la crise sanitaire. Le renforcement de nos cadres de lutte et de notre classe sociale passera par le soutien des syndicats à la grève des femmes, au long cours et sans se substituer à notre parole de travailleuses.

Personne ne fera le travail à notre place. Il devient urgent que les femmes se syndiquent en masse et créent des espaces non-mixtes au sein des structures comme le firent nos aînées, notamment au sein de la CGT  [2]. À l’année prochaine, en grève !

Anne (UCL Montpellier)

[1Nous avons produit cette année toute une série de vidéos et un tract reprenant ces thématiques.

[2Slava Liszek, Texte de mémoire de DEA, février 2011 : «  1944 – 1946 la bataille pour la suppression du salaire féminin  »

 
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