A Contre Courant : Pas d’abstention au troisième tour !




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


À la différence de ses trois précédentes expériences gouvernementales depuis son échec de 1981 - sa défaite en rase campagne en 88, ses louvoiements en 93 et ses reculades en 95 - la droite chiraquienne est cette fois-ci contrainte de ne pas reculer dans la mise en œuvre de son programme d’actions. Sommée par son commanditaire, le Medef, de ne plus rien céder, elle exécutera sa besogne, quelles qu’en soient pour elle les conséquences institutionnelles. Passer en force quoi qu’il en coûte, telle est la devise de ce gouvernement.

C’est pourquoi, attendre du rapport de forces électoral entre partis politiques qu’il organise le rapport de forces sociales, ce n’est pas seulement se tromper sur l’ordre des causalités (le jeu électoral ne fait jamais que très partiellement refléter la lutte des classes), c’est surtout se préparer à de nouvelles déroutes en les organisant soi-même.

En effet, ce n’est certainement pas du ravalement des façades régionales de l’ex-gauche plurielle ou de l’une ou l’autre de ses victoires dans quelques baronnies locales que va naître une résistance au saccage des conquêtes sociales mené à la hussarde par la clique des soudards et pillards de l’UMP. Mais, disons le clairement, ce ne sera pas, en elle-même, l’une ou l’autre prouesse de l’alliance électorale LO-LCR qui y contribuera beaucoup plus. « Faire reculer le patronat et le gouvernement » annoncent leurs affiches électorales. Soit ! Mais ils savent pourtant que ce n’est pas un bulletin de vote qui les fera reculer - ni même 10 % des bulletins de vote exprimés - quand plus de deux millions de manifestants et plusieurs semaines de grève reconductible n’y sont pas parvenus en juin dernier.

Même si les circonstances et les options idéologiques diffèrent, faut-il rappeler qu’en 1981, avec 15 % au premier tour, une organisation autrement nombreuse, structurée et implantée, et avec l’appui de l’appareil de la CGT d’alors, le PC n’a pas empêché le tournant de la rigueur, les liquidations industrielles et les revirements successifs du « socialisme du possible » de Mitterrand... Autre époque et autre lieu pour un scénario aussi désespérant et qui devrait autant inciter à la réflexion : au Brésil, après 18 mois d’expérience Lula, que reste-t-il des perspectives ouvertes par la victoire électorale massive du Parti des Travailleurs et la participation gouvernementale de ministres trotskistes ?...

Le mouvement de mai-juin dernier a rappelé la capacité de mobilisation du salariat français - et ce, alors que ce ne fut qu’une partie du salariat qui pris part au mouvement. Son échec sur sa revendication directe a en même temps rappelé ses faiblesses et impasses ainsi que ses difficultés à échapper au contrôle des appareils syndicaux et de leur logique bureaucratique. Toutefois, c’est bien plus en tirant les leçons de cette expérience encore chaude dans les conflits sociaux qui s’annoncent (défense de la Sécu, des services publics, du droit du travail..), en se donnant les moyens d’une organisation autonome du mouvement social, qu’il est possible de mener des luttes victorieuses pour reconquérir ce qui a été perdu - et gagner ce qui ne l’a jamais été.

 
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