A contre-courant : L’Europe des luttes, pas des urnes




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Au soir du 7 juin, la chaloupe
PS, coque de noix dérisoire et
vestige de l’alternance à l’européenne, tentait de rester à flot, croulant sous le poids des éléphants naufragés. Coincés en pleine mer, les
pachydermes n’étaient donc pas légion
sur les plateaux de télévision.

Ce pathétique décor planté, analysons
les chiffres, ceux qui comptent et signifient quelque chose.[...] Qui s’est
abstenu le dimanche 7 juin ? Les 18-24
ans, à 70%, les 25-34 ans à 72%, les
35-49 ans à 64%. Concernant les catégories socioprofessionnelles. 69% des
ouvriers, 66% des employés ne se sont
pas dérangés.

Cette désertion illustre parfaitement le
fait que cette Europe n’est pas nôtre.
Elle est celle du capitalisme outrancier.
Au sein de cet espace, nous subissons
une politique qui dévaste tout sur son
passage et sert d’alibi au saccage de
l’ensemble des services publics, laissant le champ libre au secteur marchand. [...] Durant les législatures précédentes, l’attelage PPE-PSE s’est
obstiné à ratifier de concert et ce, dans
97% des cas, des textes encourageant
le libre-échange, la concurrence économique dans tous les azimuts et la
mise au pilon de tous les acquis
sociaux.

L’oxymore du « développement durable » encombre la paperasse officielle
bruxelloise et pourtant, cette Europe
n’envisage l’écologie que dans la perspective de profits juteux et sans remise en cause de l’ordre économique
hégémonique. [...] Sans doute la tarte à
la crème qu’est l’« Europe sociale »
(autre oxymore s’il en est), ne manquera-t-elle pas de faire son retour dans
les mois qui viennent. Il ne s’agit que
d’une « utopie » lointaine pour les plus
crédules et d’un « non sens » pour les
plus perspicaces [...].

Cette construction fantasmatique
qu’est l’Europe ne nous protège d’aucun
des maux dont elle devait nous préserver. La liquidation de la démocratie sur
l’autel de la compétitivité et du nivellement par le bas des droits sociaux, la
poursuite de l’exploitation effrénée des
ressources naturelles, la mise en place
d’un espace forteresse entravant la circulation des hommes [...], restent le
programme inamovible de ce concept
mortifère qu’est la construction européenne à la sauce capitaliste et libérale. Les urnes et leurs verdicts n’y changeront rien. Seule la lutte peut nous
permettre de nous affranchir de cette
régression collective.

A l’instar des processions revendicatives à minima de ce printemps, co-organisées par le quartet Thibault, Mailly,
Chérèque, Sarkozy et dont le couronnement funèbre a été la journée du 13
juin, les pâles scrutins relatifs à l’élection d’instances d’enregistrement de
réglementations toutes plus iniques les
unes que les autres, sont des exemples
patents de l’étouffement de la dynamique populaire par les institutions et
leurs laquais. « Luttons, loin des urnes
et dans l’autogestion », tel doit donc
être notre mot d’ordre, dans la perspective d’actions réellement radicales et
utiles à notre émancipation.

 
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