A contre-courant : Reconstruire




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Sarkozy a donc remporté la victoire électorale que tout le monde ou presque prédisait et qui était en effet prévisible. Nous avons déjà analysé dans ces colonnes les raisons du succès d’une formule politique qui conjugue néolibéralisme, (in)sécuritarisme et identitarisme chrétien-nationaliste, le tout enrobé dans le style propre à la démagogie populiste. Avec lui, nous savons à quoi nous en tenir. Plus que jamais le Medef va être en mesure d’obtenir du gouvernement ce qu’il désire en matière de démantèlement du droit du travail, de baisse du coût du travail, d’allègement de la fiscalité sur le capital et les hauts revenus, de coupes claires dans les budgets publics, avec les conséquences prévisibles en termes de dégradation des conditions d’existence de la grande masse des salariés. Plus que jamais le gros bâton de l’Etat policier va remplacer la maigre carotte de l’Etat social. Et la chasse aux immigrés en situation irrégulière va être érigée en sport national.

Ce n’est certes pas du côté du PS qu’il faudra chercher un secours. L’échec de Ségolène Royal va relancer la guerre des chefs à sa tête. Surtout, à peine la défaite consommée, des voix se font déjà entendre pour expliquer que ce nouvel échec serait dû au fait que le PS n’aurait pas su parachever son aggiornamento néolibéral, qu’il lui faudrait accentuer sa dérive à droite… jusqu’à se trouver en mesure de passer alliance avec le centre droit de Bayrou. Le spectre de la « troisième voie » chère à Guy Mollet et à Gaston Defferre hante actuellement le siège de la rue Solferino.

Quant à « la gauche de la gauche », de ce qui reste du PC aux différentes formations d’extrême gauche en passant par les Verts, elle est réduite à l’état de décombre. Partie en campagne en ordre dispersé, elle n’y aura ramassé que des gamelles. Sont ici en cause tant les concurrences de micro appareils que les ambiguïtés de fond sur leurs programmes respectifs, tiraillés entre un néolibéralisme social qui n’ose pas s’afficher en tant que tel, un antilibéralisme qui craint d’être trop audacieux et un anticapitalisme qui peine à prendre forme. C’est pourtant en milieu de ces décombres qu’il va nous falloir reconstruire une force capable de constituer non seulement un pôle de résistance à la déferlante néolibérale mais un lieu d’élaboration d’un nouveau projet d’émancipation crédible aux yeux du plus grand nombre possible de salariés, de précaires et de chômeurs.


Nous reproduisons l’édito du mensuel A contre-courant paru dans le numéro de mai 2007.

Pour s’abonner, chèques de 10 euros (15 en soutient) à l’ordre de A contre-courant, à envoyer à ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse cedex

 
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