A69 : Déroute de la bourgeoisie

Patrons et politiciens locaux se sont retrouvés, début mars, pour défendre le projet de l’A69. Leurs arguments se concentrent sur l’activité économique locale mais même là, ils font fausse route. Aidons-les à retrouver leur chemin !
À Castres, l’organisation patronale Via 81 a réuni le 8 mars 2025 5000 personnes, dont beaucoup de chefs d’entreprise, pour la reprise des travaux de l’A69. Les élites politiques locales étaient aussi de la partie puisque le président PS du département Christophe Ramond a pu y déclarer que « 300 millions d’euros ont déjà été dépensés. Il n’est pas possible d’imaginer, dans un contexte de raréfaction des deniers publics, que l’on puisse amener cette autoroute dans une impasse. » [1].
Au-delà du chiffre qui est sujet à controverse, Christophe oublie que c’est bien le contribuable qui devra payer les coûts d’entretien disproportionnés de l’A69.
En effet, l’A69 est impossible à privatiser puisque le trafic serait tout simplement insuffisant pour générer du profit. La N126, dont l’A69 suit globalement le tracé, compte 9 000 véhicules par jour en moyenne. Or la recommandation technique pour le passage d’une route en 2×2 voies est de 15 000 véhicules par jour minimum pour viser, à long terme, les 40000 quotidiens pour « garantir le haut niveau de service attendu par l’infrastructure ». [2]
Le président de Via 81 parle des 1000 emplois perdus pour le territoire. On passera sur la mauvaise habitude des patrons à faire du chantage à l’emploi mais cet argent n’est pas le leur. Au lieu de demander à ce que l’on subventionne des profits à court terme pour terminer cette autoroute inutile, ils pourraient demander des fonds de l’État pour que les employées licenciées puissent apporter leur savoir-faire sur des besoins importants en infrastructure (pistes cyclables, mises aux normes énergétiques des bâtiments, modernisation de la ligne de train Castres-Toulouse…).
Ils justifient leur attitude par leur peur que les activités économiques de Castres se délocalisent. Mais avertissons-les qu’en réalité, une autoroute ne bénéficierait dans les faits qu’aux seules entreprises de logistique dont les coûts dépendent des temps de trajet. La logistique est le secteur qui emploie notoirement le moins de personne par surface. [3]
L’absence de projet autoroutier ne fera pas décliner le Tarn. Au contraire, sa présence renforcerait la dynamique qui concentre les activités et les emplois les plus qualifiés au sein des métropoles comme Toulouse et qui satellise les agglomérations adjacentes en villes dortoirs. L’accaparement des terres pour des projets inutiles est d’ailleurs le moyen le plus sûr de vider les campagnes dont visiblement les notables castrais se moquent pas mal.
Aussi convaincant que soit cet article, les élites du Tarn n’abandonneront pas les pressions. En effet, l’État a fait appel suite à la décision du Tribunal administratif d’annuler le projet. Face à la réaction bourgeoise, continuons la mobilisation populaire !
Corentin (UCL Kreiz-Breizh)





