ANI : Un accord gagnant-gagnant pour le patronat




Trois syndicats ont ratifié un accord sur la compétitivité qui marque de graves reculs pour les travailleuses et les travailleurs. Le gouvernement souhaite le transposer en une loi le plus vite possible. Mais la résistance s’organise.

En signant l’accord national interprofessionnel (Ani) avec le patronat, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont encore une fois trahi les intérêts des salarié-e-s. Le gouvernement socialiste, qui se félicite du dialogue social, oublie un peu vite que ces trois syndicats sont minoritaires aux prud’hommes comme aux dernières élections dans les Très petites entreprises (28% des voix). Mais quand on est d’accord avec la thérapie libérale, gouvernement et médias serviles savent bien composer avec la réalité. Cet accord constitue un véritable recul social : il simplifie les procédures de licenciement, prévoit la possibilité de baisses de salaires en cas de difficultés de l’entreprise et même des mutations forcées. Les syndicats collaborationnistes sont entrés une fois de plus dans la logique du pire.

Un leitmotiv : faire baisser le coût du travail

Le patronat n’aura jamais de limite et demandera toujours plus de flexibilité, d’effort de « compétitivité » et tout autre chantage qui lui permettra d’accroître ses dividendes. En effet, l’argument patronal est toujours de comparer le coût du travail à la concurrence internationale ou même européenne. En suivant leur raisonnement, l’ensemble des travailleuses et travailleurs d’Europe devraient être indexé-e-s sur le salaire minimum roumain ou bulgare ! C’est la logique du nivellement par le bas qui prime.

Face à la compromission d’une partie des syndicats et à la complicité du gouvernement avec le patronat, près de 200 000 salarié-e-s du secteur privé ont manifesté leur colère le 5 mars à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU et de Solidaires. Contrairement à ce qu’affirment les médias dominants, cette journée est loin d’être un échec et montre qu’une mobilisation est possible. Une bonne partie des salarié-e-s du secteur privé sentent bien que cet accord leur est largement défavorable.

De l’inquiétude à la révolte

Si la mobilisation du 5 mars est encourageante, nous savons qu’elle reste insuffisante pour faire reculer le gouvernement et le patronat. Il faut dès maintenant construire le rapport de forces pour convaincre les salarié-e-s de ne pas céder au renoncement et de se battre. Les plans sociaux chez PSA, ArcelorMittal, Sanofi, Goodyear, Virgin et tant d’autres montrent très clairement ce qui les attend : le chômage ou une très forte dégradations des conditions de travail et de rémunération.

L’enjeu des mois qui viennent est d’unir l’ensemble des salarié-e-s : celles et ceux qui sont victimes des plans sociaux mais aussi celles et ceux qui ne le sont pas encore. Il s’agit aussi d’unifier les revendications des salarié-e-s du secteur privé à celles des salarié-e-s du secteur public, lui aussi frappé par les politiques d’austérité et le non-remplacement des départs en retraite. Seul un mouvement de masse qui reste à construire pourra nous amener à imposer d’autres choix !

Lulu (AL Nantes)

 
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