Écologie

Aéroport de Bordeaux-Mérignac : une piste peut en cacher une autre




Alors que les effets de la crise écologique sont de plus en plus visibles, un projet de fermeture de piste à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac masque l’intention d’un réaménagement plus « efficace » pour la croissance du trafic aérien et de l’espace commercial.

À Bordeaux-Mérignac, sous l’impulsion de la ministre du Travail, et non de celui des Transports, un projet de fermeture de la piste sécante secondaire, c’est-à-dire qui coupe la piste principale, est en cours.

Il s’agirait de la supprimer pour des raisons économiques, sous prétexte de son mauvais état. Nous ne sommes pas dupes. Cette suppression permettra ensuite de reconstruire une nouvelle piste secondaire parallèle qui faciliterait l’augmentation du trafic aux heures de pointe, et donc l’extension de l’aéroport, ainsi que de sa zone commerciale. Ce projet de piste parallèle est d’ailleurs déjà inscrit dans le Plan d’exposition au bruit de 2014, d’après l’Association eysino-haillanaise de défense contre les nuisances de l’aéroport.

La réalisation de ce projet, et l’augmentation du trafic aérien qui en résulterait seraient inacceptables. La piste sécante menacée représente aujourd’hui 15 % du trafic de l’aéroport, et impacte 49 000 habitantes et habitants. Sa suppression reporterait l’intégralité du trafic sur les populations des villes du Haillan, de Eysines, de Saint-Jean-d’Illac, de Bruges, de Blanquefort et de Parempuyre (soit 88 000 habitantes et habitants), où les nuisances sonores dues au trafic aérien sont déjà pesantes pour la population. Par ailleurs, le coût environnemental de l’avion est désastreux. Il émet 45 fois plus de CO2 que le train à distance égale, en plus de produire d’autres gaz à effet de serre. Une augmentation durable du trafic aérien serait insoutenable selon les scénarios du Giec.

Un coût désastreux

Les avions qui transitent le plus sont des avions commerciaux, c’est-à-dire ceux qui transportent des marchandises. L’absurdité capitaliste faisant qu’il est souvent moins «  coûteux  » financièrement d’acheter des produits qui ont fait plusieurs fois le tour du monde plutôt que des produits locaux. Produire et vendre localement, pour des raisons écologiques et sociales et non pour un motif nationaliste, c’est diminuer l’impact des transports. Les compagnies aériennes à bas prix ont largement contribué à l’augmentation mondiale du trafic aérien. Les salariées – pilotes, personnels de bord, bagagistes, et employées des espaces commerciaux – travaillent déjà dans des conditions dégradées, sont mal payées, et on veut encore augmenter le trafic aérien et la concurrence alors même qu’une politique de répression syndicale est mise en place par les directions de ces compagnies. Rappelons enfin l’utilisation militaire de cet aéroport, qui est proche d’une base de l’armée et qui sert parfois à la formation de pilotes des puissances étrangères auxquelles la France vend des Rafale.

La question de l’agrandissement revient très régulièrement depuis des années, et s’il est à nouveau abandonné il reviendra encore dans quelques années. Nous ne voulons pas seulement l’abandon du projet de suppression de la piste sécante mais la socialisation des aéroports et des compagnies aériennes, et la prise en compte des coûts environnementaux et humains dans leur gestion.

UCL Bordeaux

 
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