Syndicalisme

Animation : enfin debout pour dire stop




Le petit monde de l’animation sociale et du périscolaire a été secoué en novembre et décembre derniers, par trois journées de grève nationale fort prometteuses.

C’est un mouvement historique qui agite aujourd’hui les collectivités territoriales et les structures de l’animation. Jamais encore les animateurs et les animatrices n’avaient mené de grève à l’échelle nationale, et encore moins en rassemblant les personnels du public et du privé. Il faut dire que les raisons de la colère sont nombreuses tant les salaires sont indécents et les conditions de travail précaires.

Si dans le privé les contrats sont souvent un peu plus attirants que dans le public, les salaires y dépassent rarement le Smic. Pire, avec les derniers accords de branche, ils sont en baisse et peuvent même désormais passer sous le Smic… Résultat selon la CGT  : une perte moyenne de 800 euros par an pour toutes les personnes salariées dans l’animation.

Photothèque Rouge /Photothèque Rouge/MILO

Dans le public comme dans le privé, les travailleurs et travailleuses du périscolaire et de l’extrascolaire partagent un même constat  : entre les taux d’encadrement délirants, le manque de formation et le sous-effectif, il est impossible pour les anims de travailler correctement et dans l’intérêt des enfants. En résulte une profonde détresse, qui génère son lot de blessures tant physiques que psychiques.
Le travail syndical a toujours été compliqué dans l’animation.

Cette situation est d’abord liée à l’aspect «  engagé  » du métier. L’engagement vendu aux travailleuses et aux travailleurs dans les assos d’éducation populaire sert souvent d’outil de pression sur le personnel. Pour éviter de «  faire du mal à l’asso  » il ne faudrait pas faire de vagues en se syndiquant. Et puis, si la structure nous paie mal, c’est qu’elle a besoin de financer toute son action vis-à-vis des publics accueillis… S’organiser n’est donc pas une évidence, et la grève encore moins. Et même lorsque l’on veut s’organiser, c’est la confusion qui règne, de multiples structures parfois concurrentes se partageant la syndicalisation des anims !

Une intersyndicale très large

Le mouvement en cours, inédit par son ampleur, est porté par une intersyndicale très large et par un collectif national appelé France animation en lutte. Avec des taux de grévistes assez fort là ou le mouvement prend et de nombreuses manifestations, il souffle un vent nouveau sur la profession. Les revendications portées sont larges et nombreuses, parfois floues et un peu fourre-tout. Elles sont surtout l’expression d’un ras-le-bol et d’une volonté de changement. Alors que dans plusieurs villes, les grèves ont donné lieu à de belles manifestations, les structures syndicales et les collectifs de lutte gagnent en vitalité. La construction d’un syndicalisme de branche et de combat au sein de l’animation – un syndicalisme qui saurait mettre un terme à la multiplication des structures et à la confusion ambiante – est une nécessité vitale. Au sein de l’UCL, des liens ont été créés entre plusieurs camarades du secteur afin de travailler dans ce sens. L’animation rentre dans l’action, et nous ne nous satisferons que de la victoire !

Pierre Chute (UCL Grenoble)

 
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