Antifascisme international : Vers un mouvement unitaire européen




Un spectre sécuritaire et xénophobe hante les gouvernements occidentaux depuis les attentats du 11-Septembre. Après la chute du Mur de Berlin, l’épouvantail de la menace islamique a remplacé celui du communisme. Dès lors, les thématiques sécuritaires, xénophobes, conspirationnistes et le retour à l’ordre moral travaillent en profondeur nos sociétés.

Ces deux dernières décennies, l’Europe a connu la prise de pouvoir ou la participation à des gouvernements de coalition de partis d’extrême droite (Autriche, Italie, Suisse, Hongrie...), après des élections démocratiques. Des formations d’extrême droite ont également fait des poussées inquiétantes dans plusieurs pays : France, Pays-Bas, Norvège, Finlande, Serbie, Grèce… Des émeutes racistes, des meurtres d’immigré-e-s, de Roms, d’antifascistes, et un attentat de masse, commis en 2011 en Norvège, marquent le renforcement du néofascisme européen. Depuis 2008, la crise offre un terreau fertile à cette résurgence de l’extrême droite.

Lier antifascisme et lutte contre l’austérité

Rares sont les analyses récentes du phénomène. Le livre du regretté Larry Portis  [1] étudie les liens profonds unissant capitalisme et fascisme. Il trouve une illustration éclairante avec les tentations autoritaires du rapport de mai 2013 d’analystes de la banque JP Morgan  [2]. Le livre de Dominique Vidal  [3] propose quant à lui une analyse des «  trois familles  » (néofascistes, droites radicalisées, partis «  anti-système  ») de ces « nouvelles extrêmes droites » européennes.

Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a été lancé un Manifeste antifasciste européen. Ce n’est pas un hasard si cette initiative ambitieuse a été amorcée par des antifascistes grecs, puisque c’est dans ce pays d’Europe, étranglé par la Troïka libérale, qu’un parti néo-nazi, Aube dorée, connaît depuis 2010 une ascension fulgurante. Le Manifeste a été popularisé lors de l’Altersummit d’Athènes, en juin 2013, où un hommage a été rendu à notre camarade Clément Méric.

Le texte fondateur affirme que « la lutte antifasciste doit être étroitement liée au combat quotidien contre les politiques d’austérité et le système qui les génère. (…) Ce mouvement antifasciste européen doit être l’héritier des grandes traditions antifascistes de ce continent ! (…) Il devrait poser les bases d’un mouvement social doté des structures, ayant une activité quotidienne, pénétrant toute la société, organisant les citoyens antifascistes en réseaux selon leurs professions, leurs habitations et leurs sensibilités, menant combat sur tous les fronts des activités humaines et assumant pleinement la tâche de la protection même physique (…) de tous ceux et celles qui sont systématiquement victimes du racisme d’État et de la pègre fasciste. » Ce manifeste se conclue par l’appel à la constitution d’un Mouvement antifasciste européen, unitaire, démocratique et de masse.

Gabriel L. (AL Paris Nord-Est)

  Pour signer le manifeste : www.manifesteantifascisteeuropeen.fr

[1Larry Portis, Qu’est-ce que le fascisme ?, éditions AL, 2010, 120 p., 9 euros.

[2Voir l’analyse sur www.visa-isa.org

[3Dominique Vidal, Le ventre est encore fécond, les nouvelles extrêmes droites européennes, Libertalia, 2012, 155 p., 7 euros.

 
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