Antifascisme syndical : Le FN tente d’entraîner les cheminots sur une voie de garage




La récente grève reconductible à la SNCF, dénoncée aussi bien par le gouvernement PS que par l’UMP, a donné lieu à des tentatives de parasitage par l’extrême-droite. Les syndicats cheminots de lutte – SUD-Rail et CGT – ont dénoncé la manoeuvre par communiqué de presse.

A deux reprises déjà, au lendemain de mouvements sociaux d’ampleur, le FN a adopté une posture pseudo-sociale afin d’élargir son audience et son électorat auprès des salarié-e-s et des classes populaires. En 1996, Bruno Mégret a impulsé la création de syndicats étiquetés FN aussitôt combattus par les syndicats ; en 2011, après avoir succédé à son père, Marine Le Pen saupoudre de social le nouveau programme du Front national et une poignée de syndicalistes – dont Fabien Engelmann devenu depuis maire d’Hayange en Moselle – figurent sur les listes frontistes aux cantonales, ce qui provoque une première riposte unitaire (CGT-CFDT-FSU-Solidaires-UNSA) déclarant que « la préférence nationale est incompatible avec les valeurs du syndicalisme ».

Double discours démagogique

Juste avant le mouvement de grève à la SNCF de juin – soit le premier mouvement de grève reconductible d’ampleur depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir – le FN prétend défendre le « service public français du rail mis en péril par Bruxelles » tout en dénonçant « la responsabilité des syndicats dans la situation périlleuse » de la SNCF et leur « complicité à l’égard des gouvernements successifs ». Ça lui permet de dénoncer à la fois l’Europe, le gouvernement Valls et les syndicats, peu importe d’ailleurs si tous les syndicats sont mis dans le même sac. ­Florian Philippot, passé du chevènementisme national-républicain au FN dont il est rapidement devenu vice-président, feint de « comprendre » les cheminots et dit ne pas vouloir « criminaliser par avance un mouvement social », tout en déclarant que « la solution n’est pas cette grève » en appelant à la création de « collectifs de défense du service public » censés supplanter les syndicats.

Si le FN tente ainsi par un double discours démagogique de ménager à la fois les grévistes et les usagers, le journal Présent dénonce la grève comme « prise d’otage ».

Parasitage par l’extrême droite

Dans la suite logique de la campagne unitaire CGT, FSU, Solidaires initiée le 29 janvier pour combattre les idées d’extrême droite, SUD-Rail et CGT-Cheminots ont répliqué par un communiqué de presse commun précisant que « nos luttes ne sont pas récupérables ! ». En effet, que ce soit le FN ou le site Egalité & Réconciliation – qui a repris des interviews et des images de salarié-e-s en lutte pour semer la confusion –, les différentes tentatives de parasitage par l’extrême droite sont clairement dénoncées et combattues par les organisations syndicales qui ont directement initié la grève reconductible. Déjà en 2010, Solidaires et la CGT-Continental avaient dénoncé une tentative de récupération d’images de luttes par les fascistes de Troisième voie, mouvement de Serge Ayoub dissous après le meurtre de Clément Méric. Le communiqué syndical se conclut par un discours alliant lutte des classes et antifascisme : « Lutter contre les offensives patronales, contre la casse des acquis sociaux et pour des services publics de qualité, c’est aussi lutter contre l’extrême droite ».

Gabriel L. (CAL PNE)

 
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