Assurance chômage : C’est toujours les mêmes qui s’en sortent




Les « négociations » Unédic s’achèvent, une fois de plus, sur une victoire du Medef. Les syndicats jaunes vont apposer la papatte en bas de l’accord, et les droits des chômeuses et chômeurs vont encore reculer. La faible mobilisation du mouvement social – à peine compensée par la réaction des intermittent-e-s – doit nous faire réfléchir sur nos méthodes.

À l’heure où nous bouclons ce numéro, la convention Unédic n’est pas encore signée, mais c’est tout comme. Dans la nuit du 21 au 22 mars, le Medef a obtenu l’accord de la CFDT, de la CFTC et de FO sur ce qu’il proposait. Le plus important pour lui : presque pas de hausse des cotisations patronales ! Il faudra donc que les 22 milliards d’euros de dettes de l’assurance-chômage soient comblés par le seul effort des salarié-e-s. Le gouvernement PS-Verts fait cadeau de 30 milliards d’euros aux entreprises, ce n’est pas pour qu’elles en injectent dans les organismes sociaux.

Pendant les deux mois des négociations, l’attention fut focalisée sur les intermittentes et intermittents, au détriment des autres catégories menacées : intérimaires, CDD du régime général, précaires et… salarié-e-s du secteur privé en général. Ce n’est pas un hasard : les intermittentes et intermittents sont largement syndiqués, notamment à la CGT. Comme en 2003, ils et elles ont réussi une mobilisation importante, depuis l’AG de 800 personnes au théâtre du Rond-Point à Paris jusqu’à l’occupation de l’Opéra et du Carreau du Temple en passant par deux importantes manifestations… Ces mobilisations rassemblaient aussi les intérimaires CGT, les syndicats de Pôle-emploi (SUD et SNU-FSU) et les associations de chômeurs-précaires (AC !, Apeis, MNCP, CGT-Chômeurs, Recours radiation, la CIP-IDF).

Ce sont les cinq confédérations syndicales qui négocient la convention Unédic. Mais la CGT, plutôt que d’organiser la mobilisation des salarié-e-s a préféré déléguer (et segmenter donc) cette question à la CGT chômeurs et la fédération CGT spectacle. C’est d’autant plus dangereux que la CGT sait que les négociations Unédic sont bidons, que le Medef obtient toujours ce qu’il veut des syndicats réformistes, et que la rue reste le seul terrain où on peut créer un rapport de forces.

Si le Medef n’a pu mettre en ?uvre ses menaces initiales – retour à la dégressivité des allocations, suppression du statut d’intermittent – la nouvelle convention est néanmoins une véritable régression sociale. Mais notre principal regret, le voilà : la négociation Unédic de 2014 pouvait constituer un moment d’affrontement avec le capital, à condition d’organiser très en amont, dès l’automne 2013, une grande campagne d’information sur ce thème – comme on sait le faire sur les retraites [1] .Mais la mobilisation fut trop tardive. Les actions menées ces dernières semaines n’ont réussi que grâce aux intermittent-e-s, mais dans l’ignorance quasi-totale des centaines de milliers d’inscrits à Pôle-emploi. Il y a là matière à réflexion pour le prochain rendez-vous, dans trois ans.

Guillaume Davranche (AL Montreuil) et François Molinier (AL Paris Nord-Est)

[1Lire Alternative libertaire de l’été 2013

 
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