Autriche : L’extrême droite redevient incontournable




Le 28 septembre, les élections anticipées au Parlement, le NationalRat, sanctionnent les partis traditionnels et voient l’échec de la gauche anti-libérale au profit de l’extrême droite.

Le FPÖ a obtenu 17,5 % et 34 sièges et le BZÖ, Union pour l’avenir de l’Autriche, scission du FPÖ 10,7 % et 21 sièges, ce qui les rend incontournables pour les alliances politiques. Le BZÖ, qui n’existait que pour et par Haider, est remis en cause et pourrait être absorbé par le FPÖ, conduit par Strache, mais aussi tenter son destin à coup d’alliances de vote.

Ce n’est pas la première victoire électorale de l’extrême droite en Autriche. Elle a déjà partagé le pouvoir en 1983 avec les sociaux-démocrates, alors qu’elle n’était qu’une tendance d’un FPÖ libéral. Quand, en 1986, les libéraux furent débarqués du FPÖ, le parti resta aux mains des nationalistes. En 2000, le FPÖ obtint la vice-chancellerie : les luttes de pouvoir commencèrent, ce qui conduisit à la scission entre le FPÖ et le BZÖ, groupé autour de Haider, qui reste gouverneur de Carinthie. Désorganisée et décrédibilisée suite à l’exercice du pouvoir, l’extrême droite s’est ensuite renforcée en se prétendant « alternative sociale ». Chacun des deux partis a son propre territoire où l’autre n’est pas présent : Carinthie pour Haider, le reste de l’Autriche pour le FPÖ mené par H.C. Strache.

La grande coalition des sociaux-démocrates et conservateurs, le SPÖ/ÖPV, suivant le reste de l’Europe dans le chantier de casse sociale, a laissé le terrain au FPÖ/BZÖ, raciste, prônant un souverainisme national ou régional comme solution au mal néolibéral que l’Europe représente. Mais sous ce couvert, ces partis ne sont pas moins gagnés au libéralisme débridé. Dans les milieux populaires, les socialistes ont énormément reculé au profit de l’extrême droite. Les syndicalistes ÖGB inscrits sur les listes n’ont pas changé la donne pour le SPÖ dont la tendance marxiste, die Funke, appelle maintenant de ses voeux une alliance avec la base syndicale. Les Verts, axant leur campagne sur les droits des homosexuels dans un pays très catholique, n’ont pas réussi à gagner des voix, devançant seulement un KPÖ (PC autrichien) qui plafonne à moins d’1 %... À la gauche de ces partis, l’union, die Linke, s’est créée à l’occasion d’appels pour un référendum sur le traité européen de Lisbonne. Formée à l’image des comités post-référendaires français, elle a présenté une candidature sans plateforme dont l’échec est retentissant : 0,04 % des voix pour une union qui, en plus, n’avait d’autre horizon que le terrain électoral…

Il y a de quoi avoir des craintes avec la mythification de Haider et la droitisation de l’ÖVP pour avoir la majorité au parlement. Dans la rue, les néo-nazis gravitent autour de Strache, non sans contestation, mais la dépolitisation a rendu l’extrême droite fréquentable au parlement. L’échec du groupement die Linke a renforcé la division au sein de la gauche de la rue. Si les antifascistes sont toujours là et actifs, notamment sur le soutien aux clandestins, le vrai barrage à l’extrême droite reste l’éveil d’un mouvement social de masse.

Theo Vanhippel (AL Alsace)

 
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