Syndicalisme

Budget de l’État : Austérité et impasses




Bayrou est le chantre de la gestion des finances publiques en bon père de famille. Mais il semble aussi aveugle et sourd sur le budget de la France que pour le lycée très catholique de Bétharram ! Une équation impossible à trois inconnues : diminution du déficit, pas de hausse d’impôts, doublement des dépenses militaires. Tout cela alors que le PIB du pays est à l’arrêt : + 0,1 % au premier trimestre 2025.

Déjà en 2024, petit scandale politique, le gouvernement Macron avait bâti un budget insincère, construit sur une perspective de croissance délibérément trop élevée. Faute de magie, un truc rare en économie, les rentrées fiscales ne furent pas au rendez-vous et 10 milliards d’euros de dépenses prévues furent simplement annulées : tant pis pour les collectivités locales et la fonction publique.

2025 : déjà 13 milliards de crédits gelés

Les politiques écologiques, la recherche et l’université sont les grandes perdantes de 2025. Treize milliards envolés par simples décrets de janvier à mai. Alors c’est panique à bord du radeau de la Méduse et chacun rame de son côté : suppression de l’abattement de 10 % des impôts des retraitées, création d’une nouvelle taxe d’habitation, référendum promis sur tout et rien, convention citoyenne sur les politiques sociales, conférence sociale patronat/syndicats sur le financement des politiques sociales, création d’une TVA dite « sociale » pour remplacer les cotisations sociales des salariées et des entreprises… Totale cacophonie au gouvernement et dans les directions des partis du « bloc central ».

Cette TVA « sociale », voulue par le patronat, est sans doute le plus grand danger qui nous guette. D’abord parce que cela serait la fin définitive du modèle social des caisses créées et gérées par les travailleurs et les travailleuses. Ensuite parce qu’il faudrait augmenter massivement la TVA pour compenser les milliards de cotisations qui entrent dans les caisses de la Sécu. Une TVA plus élevée sur les seuls biens de luxe ne rapporterait pas suffisamment. Or la TVA est l’impôt le plus injuste car il ne connaît aucune progressivité : un riche ne paye pas sa baguette de pain plus cher qu’un pauvre. Mais le tour de passe-passe entre cotisations sociales et TVA est sans doute politiquement plus acceptable dans l’opinion s’il s’accompagne d’une augmentation du salaire immédiat. Alors que le déficit de la Sécu s’élève à 23 milliards d’euros, les exonérations de cotisations patronales grimpent à 75 milliards en 2023 ! La solution est simple.

40 milliards de coupes en 2026

Le déficit budgétaire français est un problème de longue date avec l’Europe où nul pays n’est censé dépasser 3 % de déficit. Bayrou a promis d’y parvenir dans trois ans en passant déjà sous les 5,4 % en 2026. Nouvelle cure d’austérité : - 40 milliards ! Autant dire un nouveau coup de tronçonneuse dans les dépenses publiques, dans les infrastructures (routes, ponts, rail…), dans l’action sociale ou encore chez les fonctionnaires. Surtout quand dans le même temps Macron veut faire passer le budget des armées de 1 % à 3 % du PIB pour répondre aux injonctions de Trump sur le financement de l’Otan.

Pourtant, l’argent existe chez ceux qui s’enrichissent sans travailler. Les politiques fiscales injustes ont gravement creusé les inégalités, en particulier sur la transmission des héritages. Entre 1998 et 2021, le patrimoine des 10 % les plus pauvres a diminué de moitié pendant que le patrimoine des 10 % les plus riches a doublé ! La France est redevenue, comme avant 1914, un pays de rentiers. Il faudra bien que la cocotte minute explose.

Jean-Yves (UCL Limousin)

 
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