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Ça souffre aussi dans et autour des écoles




Mi-mars, la fermeture des écoles est annoncée, avec en accompagnement un discours lénifiant de Blanquer sur les moyens numériques mis en œuvre par l’Éducation Nationale pour permettre aux enseignants d’assurer une « continuité pédagogique ». Dans les jours qui suivent, les quelques moyens mis en œuvre s’avèrent inopérants. Les enseignant·es des écoles, livré·es à elles et eux-mêmes, se retournent vers des solutions alternatives du secteur marchand et/ou du libre, le tout évidemment avec leur propre matériel ! Deuxième problème pour eux et elles, comment joindre toutes les familles, comment savoir celles qui ont accès ou non à des outils informatiques, celles qui sont en zone blanche ( eh ! Oui, ça existe dans certaines zones rurales de Gironde !), etc.. ?

Encore une fois, c’est le système D qui prime. Pour pouvoir équiper les familles démunies de matériel informatique, les professeur·es des écoles se sont tourné·es vers les municipalités ou vers leur outils personnels. A Bordeaux par exemple, la mairie accepte de mettre des tablettes, utilisées en temps normal en classe, à disposition des familles non-équipées… mais leur demande de signer une convention et surtout de fournir une attestation d’assurance, ce qui bien sûr est totalement impossible pour elles.

Une grande souffrance devant la mise à l’écart des plus défavorisés…

Quant au contenu de cette « continuité pédagogique », les enseignant·es sont passé·es d’un blanc total à une avalanche quotidienne de propositions associatives, de sollicitations marchandes et d’injonctions administratives, souvent contradictoires d’ailleurs.

Photographie de Lasmk, UCL Bordeaux.
Lasmk, militant UCL Bordeaux

Mais le plus grave dans tout ça, c’est l’absence totale de réflexion sur ce qui peut être demandé aux enfants et aux parents qui, il est bon de le rappeler, ne sont pas des enseignants pour l’immense majorité d’entre eux ! La « continuité pédagogique » dans la situation actuelle du confinement n’a rien à voir avec le fonctionnement habituel d’une classe, c’est toute une pédagogie à repenser. Et ce n’est pas en quelques jours que cela peut se faire, à contrario de ce claironne Blanquer. Sauf à mettre les enseignants du premier degré dans une grande souffrance devant cette mise à l’écart pédagogique des élèves qui en ont le plus besoin.
Une fois de plus, ce sont les classes sociales les plus défavorisées, culturellement, pécuniairement, géographiquement dont les enfants victimes de cette rupture scolaire qui subissent de plein fouet cette épidémie !

Déconfiture du service public, arrivée en force du privé !

Face à la déconfiture totale des moyens de communication proposés aux enseignant·es, le ministère s’est tourné vers le privé comme il a déjà su le faire pour l’équipement numérique des écoles rurales avec Microsoft ou la saisie des évaluations avec Amazon ou encore avec IBM pour les stations « maternelles ». Là, il a trouvé un partenaire au top de l’économie libérale, Scaleway (entreprise appartenant à Free) qui utilise un logiciel libre, Jitsi, qu’elle héberge sur ses serveurs, pour proposer des visioconférences et des classes virtuelles aux enseignants. Le tout, évidemment, pour « être ensemble contre le Coronavirus » ! Un partenariat public/privé tout à l’image de ce que prépare Macron pour l’après confinement, aussi bien pour l’hôpital public que pour l’Éducation Nationale ! Pendant le confinement, la casse des services publics se poursuit !

Des perspectives de luttes !

Le 13 avril, Macron a évoqué une sortie du confinement le 11 mai et une réouverture progressive des établissements scolaires (1er et 2° degré), Sous quelle forme, selon quelles conditions, selon quel calendrier, pour qui, comment… ! Les interrogations restent nombreuses !

Cela nous laisse un mois pour préparer ce « retour progressif à la normale », un mois pour continuer à dénoncer le fonctionnement réel de l’Éducation Nationale depuis mi-mars, les difficultés rencontrées par les enseignant·es, les familles et les élèves et exiger un retour en classe avec toutes les garanties sanitaires pour les élèves et les enseignant·es ! Refusons que l’école-garderie soit une variable de la sacro-sainte reprise économique, dans des conditions épidémiologiques douteuses !

UCL Bordeaux, le 24 avril 2020

 
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