Campagnes : Les fascistes sur le terrain culturel




Le 24 mars dernier à Vernouillet (Yvelines), les militants locaux d’AL et d’autres organisations révolutionnaires et progressistes (NPA, Attac, Front de Gauche, EELV…) ont fait face à l’organisation d’un concert fasciste.

Cyniquement, derrière le label musical « Working Class Heroes » se cache Serge Ayoub et son groupuscule Troisième Voie. Ainsi que l’a démontré le site Fafwatch, l’opération de brouillage idéologique menée par l’extrême-droite continue. Sous couvert d’un discours « socialiste », en faveur des « travailleurs » (français), il s’agit toujours, évidemment du nationalisme le plus crasse.

C’est donc en avançant masqués que les fascistes de Troisième Voie ont obtenu de louer une salle privée, à l’insu du propriétaire. Malgré la programmation de groupes musicaux notoirement racistes, voire ouvertement nazis (le groupe Condemned 84, refuse de jouer en présence de personnes de couleur), la billetterie a été distribuée sans se poser de questions par les principaux supermarchés des alentours, sur la base des réseaux d’enseignes nationales – Fnac, Carrefour… Non content de faire de la récupération politique, Troisième Voie récupère aussi la contre-culture punk et skin, dont une partie des acteurs lutte au quotidien contre l’influence pernicieuse des fascistes.

Malgré ces différents brouillages et grâce à la vigilance des camarades d’AL en Bretagne, le concert n’est pas passé inaperçu. Les antifascistes ont fait du mieux qu’ils pouvaient pour empêcher qu’il ait lieu, ou au moins le perturber. Mais le relatif isolement des militants, l’absence d’un réseau local efficace et disponible, rendent une opposition de rue difficile à organiser. Les efforts se sont donc portés « par défaut » sur l’interpellation de la maire locale (PS).

Les fascistes avancent masqués

La commune a réagi promptement, avec conscience et courage (assez rare pour être signalé !), en passant un décret d’interdiction du concert. C’était compter sans la contre-attaque d’Ayoub et consorts, faisant appel en référé de la décision auprès du Tribunal administratif de Versailles. La juge leur donne raison et maintient le concert, malgré le risque de troubles « à l’ordre public » avancé par la mairie. Celle-ci, appuyée par les membres du collectif constitué pour l’occasion, a tenu une réunion publique, pour dénoncer la décision du tribunal, et dévoiler le vrai visage des organisateurs à la population locale.

Événement assez singulier en banlieue, il mérite toute l’attention des militants antifascistes, car autant les méthodes employées que la stratégie sous-jacente laissent augurer d’un nouveau développement de l’extrême-droite, loin de ses quartiers de prédilection.

Sonder le terrain

L’événement doit nous faire réfléchir à notre façon d’envisager la lutte antifasciste dans ces zones éloignées des grands centres urbains. Il est clair que le choix par Troisième Voie d’organiser un concert à Vernouillet n’est pas anodin. Malgré son succès très mitigé – une centaine de spectateurs – il s’agit d’abord d’un coup de sonde pour promouvoir le fascisme par la culture auprès des jeunes de banlieue lointaine. Non seulement les concerts et autres rendez-vous culturels sont rares ou inaccessibles, mais encore la situation dans ces régions s’aggrave-t-elle d’une fracture sociale entre quartiers résidentiels et cités, villes bourgeoises et populaires.

Ni rurales, ni urbaines, ces zones qui s’alternent et s’entrecroisent dans le Val d’Oise et les Yvelines, sont bouffées par le chômage et la précarité. La quasi-absence de réseaux militants solidaires en fait donc un terrain propice à l’extrême-droite.
Les résultats de la coordination des différents groupes investis dans la lutte antifasciste sont intéressants, et appelés à se renforcer.

Mais il s’agit avant tout d’une opposition « républicaine », très éloignée, en termes d’idées et de pratiques, de l’antifascisme radical de classe que nous voulons porter. Notre programme : rompre l’isolement des antifascistes, renforcer leurs liens avec les groupes situés en centres urbains importants, et envisager de construire un réseau sur le terrain, au plus près des populations, fondé sur un travail d’éducation et de diffusion régulière de la lutte antifasciste, pour qu’en banlieue comme ailleurs, la rue barre la route aux fascistes : no pasarán !

AL Banlieue Nord-Ouest

 
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