Mai 2000

Changement de fusible au gouvernement : Après la brute, le sournois




Si Allègre avait été placé par Jospin au poste de ministre de l’Éducation nationale, c’était pour y appliquer des réformes libérales (restreindre les budgets et accentuer les inégalités sociales et régionales). Mais les excès de brutalité du ministre ont déchaîné la colère des personnels et des élèves. Une fois le dégraisseur dégraissé, place à Jack Lang, les dents blanches, le strass et les paillettes… et l’application des mêmes réformes !

Le massacre continue (mais en silence) !

La réforme Allègre des lycées généraux n’a pas arrangé la qualité de l’enseignement public : classes toujours surchargées, programmes toujours pas correctement réaménagés mais bac toujours plus dévalorisé. C’est maintenant aux lycées professionnels qu’on s’attaque : dégradation de la valeur des BEP et des Bacs pro, profs insuffisants, tout ceci sous le couvert du sacro-saint « lien école/entreprise ».

En cassant l’Éducation publique pour faire des économies (en fait pour alléger les impôts des plus riches), l’État fait le jeu de l’enseignement privé. Le gouvernement Jospin, conformément aux recommandations de la Commission européenne, veut créer un marché de l’enseignement. Car il y a de l’argent à faire dans ce secteur. Beaucoup sont prêts à payer cher pour que leurs enfants bénéficient d’un bon enseignement, et quelques groupes privés se frottent déjà les mains.

Quant au contenu de l’éducation, rappelons les sympathies rétrogrades du gouvernement : il n’a pas cessé de réduire les postes d’enseignants, mais veut créer un diplôme de professeur de religion en Alsace et en Moselle. Et pourquoi pas un diplôme d’astrologie ?

Non au flicage des lycées !

Évidemment, quand on applique une politique qui aggrave les inégalités sociales, on doit s’attendre à des révoltes. Et comme il est incapable d’y remédier parce qu’il gère le capitalisme, le PS choisit le système policier. Des cours de morale républicaine édifiants (« Certes le système enseigne la violence, mais pour votre part, il faut être sages ! Certes dans cette société le pouvoir est réservée à une élite financière, mais il faut aller voter, c’est bon pour le moral, etc. »).

Et la présence policière aux abords des lycées et collèges... Auront-ils le droit d’intervenir dans l’établissement avec leur arme ? Est-ce que les 30 % de policiers qui se déclarent sympathisants de l’extrême droite (sondage IFOP) auront le droit d’y effectuer leurs traditionnels contrôles au faciès ?

Organisons la riposte

Ça fait mal au cœur de le dire, mais face à ces barbares de salon, des mots d’ordre comme « liberté et égalité » restent vraiment subversifs. On ne veut pas de cours de morale bidon, de flics à l’entrée des lycées, ni d’écoles privées, ni d’éducation au service des patrons, ni de travail à l’œil dans des stages en entreprise ! On veut une éducation enrichissante, une vraie formation pour un vrai métier, et ce droit doit être applicable à chacun, quel que soit ses moyens financiers !

Clash n°9 (mai 2000)
A télécharger
 
☰ Accès rapide
Retour en haut