Chiffres de l’emploi : le grand bidonnage




Les associations de chômeurs et chômeuses le dénoncent depuis longtemps : les chiffres officiels des demandeurs et demandeuses d’emploi sont très largement sous-évalués. Chaque gouvernement tente de camoufler son incurie en la matière. Il lui faut surtout cacher que la préoccupation première est de satisfaire le patronat, à qui un taux de chômage élevé permet de faire pression à la baisse sur les salaires et les droits sociaux. Lorsque le patronat se réjouit d’une baisse de façade du chômage, c’est pour imposer une réduction de ses cotisations, et donc faire des économies sur le dos des chômeurs et chômeuses.

Depuis plusieurs mois, les radiations de l’ANPE marchent à plein pour donner l’impression d’une embellie et justifier la baisse des cotisations exigées par le MEDEF. Mais cela ne suffit plus. Désormais, on ne publie plus que les chiffres qui arrangent le gouvernement, les autres sont simplement mis sous embargo. Ainsi, l’INSEE reporte la publication des ajustements annuels des chiffres du chômage. Les raisons techniques invoquées camouflent en réalité une décision politique [1] : reporter la publication de mauvais chiffres après les élections. En effet, cette statistique montre que le chômage ne baisse pas, contrairement aux élucubrations gouvernementales mensuelles.

Ces tours de passe-passe et ces bidouillages ne sont pas du tout innocents. Ils servent à justifier auprès de l’opinion publique l’aggravation de la précarité : « Nous précarisons, le chômage baisse, donc précarisons encore plus ! » Le Contrat nouvelle embauche (CNE), le Contrat première embauche (CPE) relèvent de ces logiques.

Les différents candidats aux présidentielles doivent tous et toutes tenter de faire croire aux électeurs et électrices qu’ils ont une solution magique contre le chômage [2]. L’UMP veut généraliser le CNE, le PS veut revoir les 35h. Mais aucun [3] n’envisage d’obliger le patronat à assumer sa lourde part de responsabilité. Aucun ne remet en cause le dogme de la flexibilité pour les travailleurs et travailleuses et de la sécurité pour les actionnaires.

Pourtant, c’est bien là l’essentiel : inverser la logique. Que les actionnaires fassent enfin des efforts. Qu’ils/elles payent le prix humain, social, écologique des délocalisations et des licenciements.

Pour obtenir ce changement, les travailleurs/euses, les chômeurs/euses et les précaires ne peuvent compter que sur eux-mêmes. C’est pourquoi nous les appelons à s’organiser et à organiser des réseaux de solidarité. Mais nous revendiquons également la mutualisation des responsabilités patronales. Au-delà, un changement réel et durable s’obtiendra par la multiplication des expériences autogestionnaires et l’articulation des luttes d’aujourd’hui avec un projet de société. C’est la stratégie d’Alternative libertaire [4].

[1Le Canard enchaîné, 24/01/2007.

[2D’après un sondage CSA réalisé par téléphone les 17 et 18 janvier, la lutte contre le chômage est « importante ou tout à fait prioritaire » pour 98% des Français.

[3A l’exception des candidats d’extrême gauche.

[4Voir Engager la bataille contre les licenciements et les délocalisations, 8e congrès d’Alternative libertaire, Agen, octobre 2006.

 
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