Congrès de la CES : Une mouche cégétiste dans le potage libéral




Lors du XIe congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui s’est tenu à Séville du 21 au 24 mai, les gesticulations du secrétaire général de la CGT ont surtout servi à amuser la galerie.

Tous les quatre ans, la CES réunit en congrès les 81 confédérations syndicales qui lui sont affiliées – dont, en France, la CFDT, la CFTC, l’Unsa, FO et la CGT. Singulière assemblée, devant laquelle le discours de Bernard Thibault, pour la CGT française, n’était pas loin de passer pour une diatribe gauchiste ! Son discours a condamné pêle-mêle Sarkozy, la « flexsécurité », les atteintes au droit du travail, au droit de grève et le ministère de l’Identité nationale ! Dommage qu’à l’écrit, la CGT soit restée muette : elle n’a proposé aucun amendement en son nom propre aux motions votées. Quant à ceux qu’elle a déposés avec la CFDT, l’Unsa et la CFTC, ils venaient plutôt apporter de l’eau au moulin d’un syndicalisme d’accompagnement faisant sien, par exemple, le concept de « flexsécurité », ce dada libéral combinant plus de facilité de licenciement et plus d’« encadrement » des chômeuses et des chômeurs.

L’intervention de Thibault se terminait d’ailleurs par une adhésion au mot d’ordre de la CES de défense de la « Charte des droits fondamentaux », c’est-à-dire la partie II du Traité constitutionnel européen rejeté en France et aux Pays-Bas en 2005.

Chassez le TCE, il revient au galop

Car la CES est toujours favorable au Traité constitutionnel. Hélas ! dans la version « allégée » du TCE discutée par Sarkozy à Bruxelles, la « Charte des droits fondamentaux » disparaîtrait. Un coup dur pour la CES ! Le manifeste adopté par 83 % des mandats à l’issue du congrès plaide pour une « défense de l’essence du Traité constitutionnel » que constituerait la Charte ! Rappelons pour mémoire que la partie II (« sociale ») représentait 6 % du TCE, contre 72 % pour la partie III (« patronale »). Rancunier, François Chérèque (CFDT) en a profité pour fustiger les opposants au TCE, qui en ont empêché l’adoption.

Camarade Seillière, à la tribune !

Quant au patronat, s’il ne vote pas les résolutions du congrès, il était comme chez lui à Séville. Le baron Ernest-Antoine Seillière, ex-n°1 du Medef, désormais n°1 de Businesseurope (ex-UNICE, confédération du patronat européen), était à la tribune pour vanter la « réforme » des systèmes de protection sociale. Les points de convergence entre la CES et Businesseurope sont d’ailleurs nombreux : le développement durable (via la désindustrialisation du Vieux Continent) et la « flexsécurité » notamment.

La CES, annexe syndicale de l’Union européenne

Cette connivence de la CES avec le patronat se double d’une proximité encore plus forte avec les institutions européennes. Ainsi, le président de la Commission européenne, Baroso, ou le gouverneur de la Banque centrale européenne, Trichet, ont pu s’adresser aux congressistes. Il faut dire que la CES tire de Bruxelles une grande partie de ses subsides. Du coup, ses mots d’ordre ressemblent étrangement à ceux de la Commission : « égalité des chances », « développement durable », « gouvernance », « gestion des âges » ou « flexsécurité »... À quand un commissaire européen issu des rangs de la CES ?

Isidora Navarro (AL Paris Nord-Est)

 
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