Politique

Corse : Où va le nationalisme de la jeunesse ?




L’assassinat d’Yvan Colonna en mars à la prison d’Arles a provoqué une révolte dans la jeunesse, qui a quelque peu dépassé les partis indépendantistes installés. Mais ce nationalisme penche-t-il à droite ou à gauche  ? La question est ouverte.

À Corti, Bastia ou Aiacciu, les images de la jeunesse révoltée, ont interrogé, et les cocktails Molotov jetés sur les forces de l’ordre ont émoustillé certains et certaines en France. Le gouvernement a paniqué, et le mot tabou d’« autonomie » lâché par Darmanin a agité le Landerneau politique. Du côté des révolutionnaires, on s’est de nouveau questionné sur le rapport possible entre nationalisme et lutte de classe. Mais ce qui a surtout transparu, c’est le manque de connaissance de la situation locale et des grandes tendances politiques à l’œuvre.

Depuis les élections territoriales de 2015, remportées par une liste d’union indépendantiste associant Corsica Libera (CL) et les autonomistes de Femu a Corsica (FaC), l’exécutif local est dirigé par Gilles Simeoni. Lors des élections de 2021, ce dernier a rompu son alliance avec Corsica Libera et le Partitu di a Nazione Corsa (PNC, autonomistes) et a remporté seul les élections, laissant les autres listes dites « nationalistes » sur le bord de la route. Ainsi depuis 2021, cohabitent à l’assemblée territoriale quatre groupes issus du mouvement de libération nationale  : les autonomistes de FaC, ceux du PNC et les indépendantistes de CL et de Core in Fronte (les plus à gauche, liant lutte de libération sociale et nationale). Dans la même période, aux législatives de 2017, les différents courants nationalistes ont emporté trois sièges de députés sur quatre, et un siège de sénateur sur deux. On pourrait donc être tenté de dire que la lutte de libération nationale en Corse est aujourd’hui entre les mains de ces partis politiques, surtout depuis 2014 et l’annonce du dépôt des armes par le FLNC.

un défi pour les partis indépendantistes

Pourtant, la situation est mouvante et leur échappe en partie, comme l’a montré la révolte de la jeunesse ces dernières semaines. Certes des organisations comme la Ghjuventù Paolina ou la Ghjuventù Indipendentista conservent des liens forts avec les partis, et sont suffisamment structurées pour organiser les manifestations de Corti, Bastia et Aiacciu. Mais les militantes et les militants chevronnés ont encadré une mobilisation en réalité hétérogène, révélant une jeunesse au nationalisme très… pluriel. Certaines et certains – avec qui le mouvement communiste libertaire a pu entretenir des liens – inscrivent leur engagement dans l’histoire des luttes de libération nationale du Tiers-monde, et font une critique de classe du petit patronat nationaliste. D’autres au contraire mythifient une lutte qui serait endémique à l’Île et à ses racines, et ont pu voir Éric Zemmour d’un bon œil (l’affreux a fait 12,8 % sur l’île).

Cette jeunesse représente un défi pour les partis indépendantistes, qui vont devoir assumer leur gestion politique depuis 2015 et surtout leurs renoncements.

Andrea Paoli (Amie d’AL)

 
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