Coupes budgétaires : Le secteur social se retrouve le dos au mur




Le secteur associatif est une cible prioritaire des coupes budgétaires en 2009. Pour préserver la solidarité, le lien social et les emplois, la lutte des associations est au croisement de toutes les revendications.

La révision générale des politiques publiques (RGPP) a pour effet direct d’hypothéquer le travail que les associations effectuent depuis de longues années, toutes désignées comme variables privilégiées de cette politique « d’ajustement budgétaire ». Or au travers des associations, ce sont les citoyens les plus vulnérables qui sont en réalité visés :

– isolement des familles les plus précaires ;

– plus d’angoisse, de stress des parents concernant la réussite scolaire et l’avenir des enfants ;

– lien social affaibli, donc moins de solidarité, de sociabilité de voisinage : augmentation en conséquence des crispations interculturelles dans nos quartiers ;

– du fait d’une offre éducative diminuée : plus de difficultés liées à la présence d’enfants dans la rue, dans les espaces publics ;

– perte d’influence des structures d’éducation populaire comme lieux de repère dans la construction d’un parcours individuel et social (accès aux droits, accueil, etc.).

Sans compter qu’avec la généralisation de la politique d’appel d’offre, les associations se retrouvent en concurrence entre elles et avec des entreprises privées.

Le sort réservé à l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSÉ) est à cet égard illustratif. Elle se voit retirer le coeur de ses missions d’intégration. L’action se bornera aux étrangers hors UE en situation régulière et nouvellement arrivés en France. Les immigrés vivant depuis plus de 5 ans dans notre pays en seront exclus et ne pourront plus bénéficier des actions visant à faciliter leur accès au droit et leur promotion sociale. Pas question de dialoguer, ni avec les associations, ni avec les migrantes et les migrants, premiers concernés.

2009 : année de mobilisation

L’Éducation nationale n’est pas épargnée, et par ricochet les associations qui interviennent dans son champ.

Or, par les nombreuses actions qu’elles mettent en oeuvre (classes découvertes, centres de loisirs, accompagnement scolaire, alphabétisation...), ces associations jouent un rôle essentiel dans l’accès de tous et toutes aux savoirs, aux loisirs et pour la cohésion sociale.

Leur disparition a pour conséquence le renforcement des courants religieux, communautaristes et des sectes.

Les centres sociaux et des associations ont décidé de faire de l’année 2009 une année de mobilisation et d’information, dont une première étape a lieu le 4 avril. À Paris, un cortège des associations en danger est systématiquement organisé à chaque journée d’action par un personnel majoritairement non-syndiqué car souvent issu de structures de moins de 10 personnes.

Avec 180 000 structures employant deux millions de salarié-e-s, alors que le caractère d’utilité sociale est indéniable et qu’elles bénéficient de la confiance de 80 % de la population, alors que sur le plan économique elles représentent une force supérieure à celle de l’industrie automobile et de l’agriculture, alors qu’elles sont un rouage essentiel du système démocratique, les associations n’ont à ce jour aucune assurance de pouvoir continuer à exercer leur mission dans des conditions normales. Pour elles aussi, la précarité subie par nombre de citoyens est en train de devenir la norme.

Noël Morel (AL Paris Nord Est)

 
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