25 ans du réseau Anarkismo

Coordonner mondialement le communisme libertaire




En mai 2025, anarkismo.net a fêté ses vingt ans en tant que plateforme mondiale pour l’anarchisme organisé. L’occasion de revenir sur l’histoire de cet outil de coordination en Europe et dans le monde.
Cet article est tiré d’un texte publié à l’origine sur le site anarkismo.net.

À l’origine, il s’agissait d’un projet de revue internationale du mouvement communiste libertaire ou anarcho-communiste. Dans cette optique, l’initiative a évolué pour devenir un site web multilingue lancé le 1er mai 2005. L’histoire d’anarkismo.net reflète la trajectoire du mouvement dans son ensemble.

Aujourd’hui, avec plus de 15 000 articles en 10 langues, anarkismo.net reste une archive vivante et un espace pour ceux qui construisent le pouvoir populaire à partir de la base. Comme l’écrivait Nestor McNab en 2005 : « Nous ne sommes pas une organisation internationale, mais un outil permettant aux luttes de respirer et de se rencontrer. »

Miguel G. Gómez (@BlackSpartak)

Syndicalisme alternatif et premier contact

Le premier « fil noir » de toute notre histoire. Dans les années 1990, plusieurs organisations anarcho-communistes existaient : Organisation Socialiste Libertaire (OSL, Suisse), OSL Argentine, Alternative Libertaire (France),[1] Federazione dei Comunisti Anarchistici (FdCA, Italie), [2] la Federación Anarquista Uruguaya (FAU),[3] entre autres. Elles fonctionnaient depuis la décennie précédente et entretenaient des contacts entre elles.

Parmi cette série d’organisations, il convient de souligner l’anarcho-communisme français, apparu dans les années 1950. À cette époque, il comprenait la Fédération communiste libertaire et d’éminents théoriciens tels que Georges Fontenis et, plus tard, Daniel Guérin, ainsi que des organisations telles que le Mouvement communiste libertaire, l’Organisation révolutionnaire anarchiste et l’Organisation communiste libertaire (OCL). Les organisations et les revues de ce mouvement ont vu le jour au fil du temps, atteignant dans les années 1990 un grand prestige au sein du mouvement anarchiste européen. De même, on peut citer l’anarcho-communisme suisse et italien, qui a évolué en parallèle, mais sans la même force que son homologue français.

En Amérique latine, la FAU uruguayenne était l’organisation la plus importante en raison de son parcours révolutionnaire et de sa résistance à la dictature. Il s’agit là encore d’une organisation née dans les années 1950, qui a pris une grande importance dans les années 1960 et 1970. Après avoir été balayée par la répression pendant quelques années, elle a réussi à se réorganiser au milieu des années 1980. De plus, grâce à son travail politique, elle a influencé d’autres groupes latino-américains, comme nous le verrons plus tard.

Pour en revenir à l’histoire principale, au début des années 1990, les organisations européennes comptaient également des militants dans le « syndicalisme alternatif », certains occupant des postes organisationnels. Certains militants ont donc eu l’occasion de se rencontrer personnellement lors de réunions syndicales alternatives. L’un de ces militants en Espagne était José María Olaizola. Tout au long des années 1990, il a occupé le poste de secrétaire aux relations internationales de la CGT-E et, entre 1993 et 2001, celui de secrétaire général. À cette époque, l’objectif de la CGT était de construire une internationale. Selon ses propres termes : [4]

« Cette intervention avait pour but de créer à la fois une internationale anarcho-syndicaliste et alternative et une internationale libertaire et anarchiste, et que les deux forment un mouvement libertaire international. Dans cette optique, la CGT a lancé et participé à de nombreuses initiatives. Il y a eu beaucoup de déplacements, beaucoup de contacts personnels. »

Dans certaines organisations, il est nécessaire de faire la distinction entre les composantes politiques et sociales ou syndicales (souvent appelées « fronts »). Dans le cas du syndicalisme, certains militants ont agi par le biais de fronts sociaux ou syndicaux et, comme ils étaient des militants convaincus, ils ont souvent obtenu des postes organisationnels dans les syndicats auxquels ils participaient.

La première réunion sur le syndicalisme alternatif a été organisée à Barcelone par la CGT-E en novembre 1991. À partir de ce moment, des contacts se sont développés avec le syndicat français SUD-Solidaires[5], Unicobas Italie[6], le SAC suédois[7] et d’autres syndicats de base, tous assez petits.

« Nous avons organisé la première réunion du syndicalisme alternatif à Barcelone les 29, 30 novembre et 1er décembre 1991, avec les syndicats français SUD, à laquelle ont participé des militants de l’AL, tels que Patrice Spadoni, un militant plateformiste bien connu avec lequel nous avions une relation continue, puis Laurent Esquerre de l’AL également. Je connaissais les anarchistes français grâce à mon exil à Paris. Étaient également présents la CGT des Correcteurs, un syndicat français très puissant dirigé par des anarchistes de différentes branches, dont Jacky Toublet était un membre militant très en vue de la FA ; le CRT de Suisse [8], où Arístides Pedraza de l’OSL suisse était présent ; des syndicats italiens et basques, un anglais et un russe, tous deux très petits ; et le SAC suédois, qui était toujours réticent à laisser quiconque créer une nouvelle internationale ; et parmi les Italiens, il y avait Unicobas (Stefano D’Errico, son secrétaire général). Incidemment, Emili Cortavitarte et Chema Berro ont tous deux joué un rôle important dans cette réunion, agissant en tant que coordinateurs de la réunion, représentant la CGT. » [9]

En 1995, une rencontre internationale libertaire s’est tenue à Ruesta, une ville d’Aragon cédée à la CGT-E. Des militants anarchistes français, italiens, suisses, polonais et d’autres pays y ont participé. Ruesta a joué un rôle important dans l’établissement de liens personnels à l’échelle internationale.

Ruesta a vu une participation importante des membres d’Alternative Libertaire et de l’OSL (Suisse), peut-être parce qu’ils la considéraient comme le camp d’été de l’organisation française. Quelques membres de la FdCA, du Workers Solidarity Movement (Irlande), d’Al-Badil al-Tahriri (Liban ; son nom en arabe signifie « Alternative libertaire ») et de la Fédération anarchiste polonaise y ont également participé en nombre réduit. [10] En ce qui concerne le syndicalisme, la majorité des participants étaient issus de la CGT et du SUD, mais il y avait également des membres de Solidaridad Obrera (Espagne) et du SAC (Suède).

À partir de là, ces organisations et leurs délégués se sont rencontrés lors d’autres événements internationaux tels que les marches européennes contre le chômage, les contre-sommets et les manifestations altermondialistes, comme celles de Nice (2000), Barcelone (2001) ou Gênes (2001), ainsi qu’à d’autres réunions promues par le syndicalisme alternatif – c’est-à-dire la CGT-E, SUD-Solidaires, Unicobas, SAC, Solidaridad Obrera… – où ils ont formé des blocs libertaires. Olaizola poursuit :

« À partir de là, un groupe s’est formé dans la pratique, et pas seulement sur le papier, et nous avons travaillé ensemble parce que nous avions une vision stratégique commune, loin du sectarisme. Jacky, Aristides, Stefano, puis Gérard Mêlinand (CNT française de l’OCL…) se sont joints à nous, puis Juan Carlos Mechoso (FAU) : tous de grands amis et mentors pour moi. […] »

« Nous avions d’excellentes relations avec la plateforme italienne FdCA : Saberio Craparo, Donato Romito, Adriana Dadá et Gianni Cimbalo, tous de grands amis. J’étais impliqué dans toute cette agitation, et nous nous réunissions régulièrement. »

Les Uruguayens ajoutent que ces contacts n’étaient pas du tout fortuits. Beaucoup de voyages à l’étranger étaient organiques : ils étaient décidés par l’organisation. « Si les voyages personnels étaient appropriés, les contacts étaient recherchés de manière plus organique que spontanée. »[11] Certains de ces voyages pouvaient durer des mois, se transformant en longs séjours d’échanges politiques.

Le 1er mai 2000, la CNT française (également connue sous le nom de « Vignoles ») a organisé les journées « Un Autre Futur ». Ces événements ont été soutenus par Alternative Libertaire et la Fédération Anarchiste et ont permis d’unir l’anarchisme français. Quelque 6 000 personnes ont participé à la manifestation derrière la bannière de la CNT, un événement presque historique.

Mais ces événements ont également servi de point de rencontre pour les organisations syndicalistes libertaires : CNT-F, SAC, Unicobas, Industrial Workers of the World, FAU (Allemagne), RKAS (Ukraine), Confédération démocratique du travail (Maroc) et SKT (Sibérie)[12] et d’autres pays. [13] Et là encore, elles ont également été un lieu de socialisation pour les militants anarcho-communistes français, italiens et irlandais.

Dans tous ces cas, lorsque nous parlons d’établir des contacts au niveau politique, il ne s’agit pas seulement de se rencontrer par hasard lors d’un événement ou d’échanger des messages en ligne. Dans de nombreux cas, il s’agissait de se rendre dans un endroit, de vivre ensemble, d’établir des liens personnels, d’absorber ce qui s’y passait et de débattre – surtout de débattre – et d’apprendre à le transférer dans son lieu d’origine… puis de débattre à nouveau. Les liens personnels étaient au cœur de tout ce processus.

Le plateformisme sur Internet

Le deuxième « fil noir » est lié à la connectivité accrue offerte par la technologie. À l’aube de l’Internet, plusieurs sites web à tendance anarchiste ont vu le jour : A-infos, Infoshop, Spunk et quelques autres, qui ont émergé dans les années 1990. L’un de ces sites était celui de l’organisation plateformiste irlandaise Workers Solidarity Movement (WSM) [14]. En quelques années seulement, des centaines de textes classiques sur l’histoire de l’anarchisme et du mouvement et de la théorie anarcho-communiste ou plateformiste ont été mis en ligne sur Internet. Ce mouvement a suscité un intérêt considérable dans le monde entier. Plus tard, ils ont repensé le site web et l’ont mis en ligne sous le domaine struggle.ws, laissant le site web du WSM pour les textes liés à l’organisation elle-même. Ce travail de diffusion et de formation allait bientôt porter ses fruits avec la création d’une organisation sud-africaine, le Workers Solidarity Front (WSF), inspirée par son organisation sœur irlandaise.

Peu avant 2000, les deux organisations (ou des membres des deux) ont créé la liste de diffusion « Anarchist Platform ». Dans leur présentation, ils ont clairement identifié le type de membres auxquels ils s’adressaient :[15]

Nous nous identifions comme anarchistes et adhérons à la tradition « plateformiste » au sein de l’anarchisme, qui comprend des groupes et des publications tels que « La Plateforme organisationnelle des communistes libertaires », les « Amis de Durruti » et le « Manifeste du communisme libertaire ». Nous adhérons globalement aux pratiques organisationnelles défendues par cette tradition, sans pour autant approuver nécessairement tout ce qu’ils ont fait ou dit. En d’autres termes, il s’agit d’un point de départ pour notre politique, et non d’un point d’arrivée.

Le document d’ouverture de la liste de diffusion ressemble fortement à celui qui sera publié plus tard par anarkismo.net. Il est courant pour les organisations politiques de publier un document intitulé « points d’unité » ou « déclaration de mission » qui explique les politiques fondamentales de l’organisation.

Nous pouvons également voir qu’ils considéraient comme références la Plateforme de 1926 du groupe Delo Truda, les Amis de Durruti de la Révolution espagnole et le Manifeste rédigé par Georges Fontenis en 1953. Ces trois textes soulignent la nécessité d’une organisation anarchiste puissante et spécifique qui articulera la militance anarchiste intervenant dans les organisations de masse. En fin de compte, ce sont ces organisations sociales qui apporteront la révolution sociale. Ce sont les mêmes textes que la FdCA a revendiqués lors de son 30e anniversaire, célébré en 2016. [16]

La ZACF sud-africaine (également connue sous le nom de Zabalaza) [17] (créée peu après la dissolution du WSF) s’est également inspirée des mêmes textes, qu’elle considérait comme ses références fondamentales. Des années plus tard, elle ajoutera à la liste le texte « Social Anarchism and Organization », publié par l’organisation brésilienne FARJ après son premier congrès en 2008. [18]

La liste de diffusion, comme on peut le voir, réunissait des militants du monde entier, bien que principalement issus du monde anglophone. La liste a été utilisée pour convoquer une réunion en personne des organisations plateformistes qui s’est tenue à Gênes en 2001, pendant le contre-sommet altermondialiste, à l’initiative de l’organisation italienne. [19]

Il convient d’ajouter qu’en avril 2001, le sommet des chefs d’État des pays du continent américain s’est tenu à Québec, au Canada. À cette occasion, une « Déclaration internationale des communistes libertaires » a été publiée, qui attaquait la mondialisation capitaliste et concluait son communiqué en appelant à la construction d’une société socialiste libertaire. Parmi les signataires figuraient plusieurs organisations plateformistes (NEFAC, WSM, ORA-S République tchèque, OCL-France, OSL Argentine, Alternative Libertaire de France et son homologue libanais) ainsi que des organisations anarcho-syndicalistes de l’AIT et des organisations de synthèse spécifiques. Il s’agissait là d’une exception, car ces courants ne se réuniront plus que rarement par la suite. [20]

Solidarité libertaire internationale

Comme nous l’avons vu précédemment, certains militants avaient en tête la création d’une internationale syndicaliste alternative et d’une internationale libertaire. Le lien définitif et stable entre l’Europe et l’Amérique latine s’est établi vers 1994, bien que des contacts aient existé avant cette date. L’Espagnol-Suisse Arístides Pedraza fut l’un de ces liens et mit Juan Carlos Mechoso en contact avec les militants de Barcelone [21]. Dès lors, une très bonne relation s’établit. Les militants espagnols, français et suisses financèrent les voyages de leurs camarades latino-américains, organisèrent des conférences, des conférences de presse et des réunions. C’est ainsi qu’au sein de la CGT-E, ils ont rencontré « Juan Carlos et Juan Pilo de la FAU, les Brésiliens Eduardo, « el Bocha », « el Gaucho » et Verónica de l’OSL argentine. À cette époque, nous avons contribué à couvrir les frais de trois « ateneos » en Uruguay, à Cerro, Colón et Acacias » (Olaizola) [22].

La formalisation de ce réseau de contacts et d’organisations allait donner naissance à la Solidarité internationale libertaire (SIL). C’est peut-être là notre troisième fil conducteur. Elle était animée par diverses organisations aux tendances communistes libertaires et anarcho-syndicalistes, tandis que d’autres groupes avaient un anarchisme social moins défini politiquement. [23] Sa première réunion s’est tenue à Madrid le 1er avril 2001, à l’initiative de la CGT-E. [24] Le texte fondateur a été rédigé par Juan Carlos Mechoso (Montevideo), Pepe García Rey, alias « Ramón Germinal » (Grenade), et Paco Marcellán (Madrid) : [25]

Aujourd’hui, dans un premier temps, nous soutenons la création d’un réseau libertaire mondial dans lequel tous les groupes affinitaires qui le souhaitent peuvent trouver leur place, ouvert aux organisations libertaires, associations, athénées, syndicats et autres collectifs libertaires. Ce réseau servira à diffuser le soutien mutuel et la solidarité dans les luttes, il fonctionnera comme une source d’information et de débat pour le monde libertaire, il organisera des rencontres internationales, il créera des écoles de formation, il utilisera les vidéoconférences, Internet et tous les types d’outils disponibles pour articuler des stratégies qui permettent l’introduction et l’orientation de l’idée libertaire dans les différentes luttes sociales. [26]

En ce qui concerne la liste des organisations, nous avons l’OSL (Suisse), Alternative Libertaire (France), Al-Badil al-Tahriri (Liban), FAU (Uruguay), la Fédération anarchiste gauchiste (FAG, Brésil), [27] l’ORA-Solidarita de la République tchèque,[28] toutes de tendance anarcho-communiste, ainsi que le réseau antifasciste français No Pasarán, l’organisation Magonista[29], le CIPO-RFM (Mexique)[30], et les organisations anarcho-syndicalistes CGT-E, SAC (Suède), Unicobas (Italie) et CNT-F (Vignoles, France). Cette dernière a participé uniquement à la première réunion, mais s’est retirée du réseau SIL. Entre-temps, la FdCA (Italie), la ZACF (Afrique du Sud)[31], l’AUCA (Argentine)[32], la NEFAC (Amérique du Nord)[33] et la Red Libertaria Apoyo Mutuo (Espagne), nouvellement créée, ont rapidement rejoint le réseau. Cette tentative d’organisation spécifique en Espagne n’a pas rencontré beaucoup de succès.

Deux autres réunions internationales ont eu lieu au cours des années suivantes. Elles s’inscrivaient dans le contexte du mouvement de résistance contre la mondialisation capitaliste, qui en Europe se caractérisait par des contre-sommets organisés en marge des réunions du grand Capital (telles que celles de la Banque mondiale, du G8 ou de l’Union européenne), accompagnés de manifestations de masse.

Grâce à leur existence, plusieurs projets ont été financés, tels que l’imprimerie « Aragón » et un athénée en Uruguay, un centre communautaire, une coopérative et une imprimerie au Brésil, un bureau local à Cuba et le soutien au journal de l’ONG argentine. Le plus important est que le SIL a réuni divers militants européens et latino-américains, financé des voyages, publié des livres, publié des journaux, financé des événements publics pour les organisations, et bien plus encore.

Comme on peut l’imaginer, ces contacts ont donné lieu à de nombreux ateliers, conférences, débats et interviews conjoints entre plusieurs de ces militants particuliers, qui se sont poursuivis jusqu’au début des années 2010[34].

Cependant, cette initiative de solidarité internationaliste n’a pas duré longtemps non plus. Le SIL a été créé pendant la période de déclin du mouvement altermondialiste. De plus, la CGT (Espagne) a changé de secrétariat, et ces contacts n’ont plus été développés.

ELAOPA, la Conférence anarchiste de Porto Alegre et la première CALA

De l’autre côté de l’océan Atlantique, nous trouvons le quatrième fil conducteur de la construction internationale. Les rencontres entre la FAU, la FAG brésilienne et les groupes argentins étaient fréquentes dans les années 1990. Ce travail a porté ses fruits, car au début du nouveau siècle, d’autres groupes de ce mouvement existaient déjà dans d’autres pays. Il était maintenant temps de les articuler.

Au niveau national, d’une part, les groupes et organisations brésiliens ont créé le Forum de l’anarchisme organisé (FAO), établi en 2002. Il s’agissait d’un espace de débat idéologique, théorique et stratégique, qui a permis de donner une nouvelle dimension à l’événement au Brésil. D’autre part, des processus similaires avaient eu lieu au Chili (1999), avec le Congrès d’unification anarcho-communiste (CUAC). Sans provenir exactement du CUAC, mais certainement influencée par ce processus, l’Organisation communiste libertaire chilienne (OCL) a été créée en 2002. [35]

Dans le cadre du Forum social mondial (FSM), qui s’est tenu à Porto Alegre en 2003, est apparue la Rencontre latino-américaine des organisations populaires autonomes (ELAOPA).[36] Cette rencontre proposait un espace distinct du FSM, qui regroupait des ONG, des partis politiques et même des initiatives commerciales. Le secteur radical des mouvements populaires a appelé à l’autonomie de classe et à la création d’une alliance de mouvements sociaux en dehors des institutions. L’ELAOPA avait les principes suivants :

- La construction du pouvoir populaire.

- Une perspective anti-patriarcale et anticolonialiste.

- Le protagonisme populaire et l’action directe.

- La solidarité de classe, l’entraide et l’internationalisme.

Par la suite, l’ELAOPA s’est dissociée du FSM et s’est installée dans une autre ville, organisant des réunions environ tous les deux ans. En 2025, la 15e réunion s’est tenue à Santiago, au Chili, avec plus de 400 personnes représentant de nombreuses organisations de base[37].

ELAOPA est une réunion d’organisations sociales et populaires, et rares sont celles qui se revendiquent comme libertaires ; tout au plus, elles se disent « autonomes », « classistes », « populaires » ou affirment avoir des « influences libertaires ». Cependant, la militance de ce qu’on appelle « l’anarquismo especifista » était présente dans bon nombre de ces organisations. Nous parlons ici du militantisme syndicaliste, social et de quartier de la FAU, de la FAG et d’autres organisations susmentionnées, qui étaient actives dans ces mouvements populaires et profitaient des réunions de l’ELAOPA pour se rencontrer également.

Avec l’ELAOPA, une occasion s’est présentée pour des rencontres en face à face entre militants libertaires. C’est pourquoi un événement distinct a été créé, qui se tenait généralement le lendemain de la fin de la Rencontre populaire : les Jornadas Anarquistas (Journées anarchistes). Elles étaient (et sont toujours) un espace non seulement pour la propagande ou la culture libertaire, mais aussi pour un débat stratégique axé sur l’intervention dans les luttes sociales et la promotion du mouvement[38].

Ces efforts ont été couronnés de succès. En 2007-2008, plusieurs nouvelles organisations communistes libertaires ont vu le jour, certaines avec l’ambition d’avoir une portée nationale :

La situation du spécificisme « plateformiste » est considérablement plus variée et complexe. Nous avons déjà vu en temps voulu que l’Organización Comunista Libertaria, Rojo y Negro, Comunismo Libertario, l’Organización Revolucionaria Anarquista et le Colectivo Comunista Libertario en Argentine devaient être considérés comme tels ; l’Organización Poder Popular Libertario en Bolivie ; les groupes qui gravitent autour du Forum de l’anarchisme organisé et de l’Uniâo Popular Anarquista [Unipa] au Brésil ; à l’Organización Comunista Libertaria, au Collectif Agitación Libertaria et au Movimiento Libertario Joaquín Murieta au Chili ; à l’Alianza Comunista Libertaria au Mexique ; à Qhispikay Llaqta au Pérou ; et enfin, à la Fédération anarchiste uruguayenne, à l’Organisation libertaire Cimarrón, à la Fédération libertaire et à Bandera Negra en Uruguay. [39]

Parallèlement à cette multitude de groupes, des initiatives de coordination à plus grande échelle ont naturellement vu le jour. La plus grande tentative de l’époque a été la Coordination anarchiste latino-américaine (CALA), créée en 2004 par la FAU (Uruguay), la FAG (Brésil), l’AUCA (Argentine), Lucha Libertaria et l’UNIPA (Brésil). [40] Cependant, l’UNIPA a rompu avec le courant pour créer son propre espace politique, le « bakouninisme », donnant la priorité aux alliances avec l’Alliance communiste libertaire (ALC) du Mexique et l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) d’Argentine. Plus tard, le Forum de l’anarchisme organisé (FOR) du Brésil s’est ajouté à la CALA. Cette première CALA n’a duré que quelques années.

La CALA adhérait à l’anarchisme especifiste. Elle défendait une stratégie de pouvoir populaire démocratique et disruptif, mais n’a jamais tenté de définir les caractéristiques d’une société post-révolutionnaire. Elle concevait l’especifisme comme une organisation politique anarchiste. Par conséquent, elle ne différait du plateformisme que par sa tradition anarchiste latino-américaine particulière et par l’époque à laquelle les deux propositions ont vu le jour. Sa vocation est donc identique, malgré quelques développements distinctifs.

La création du site web anarkismo.net

Comme nous l’avons vu précédemment, le SIL avait déjà réussi à mettre en relation quelque 11 organisations anarcho-communistes, auxquelles s’ajoutaient 3 autres qui ne se définissaient pas comme telles, mais qui, avec un peu de travail politique, auraient pu l’adopter sans grande difficulté. La disparition du réseau SIL a laissé un vide organisationnel que anarkismo.net allait combler.

Selon les mots de José Antonio Gutiérrez :[41]

L’idée d’Anarkismo.net est née initialement sous la forme d’un projet de création d’un magazine international. Vers 1999, nous avons commencé à discuter avec un camarade d’Alternative Libertaire et moi-même, qui étais alors responsable des relations internationales au CUAC [Chili], de la nécessité de mieux nous connaître en tant qu’organisations libertaires appartenant à l’aile plateformiste. Il existait alors une liste de diffusion par e-mail où nous échangions des discussions et des expériences, mais nous avons estimé qu’il fallait des articles plus approfondis pour mieux comprendre nos politiques à partir de nos contextes et de nos pratiques. Notre idée était de créer un almanach international annuel sur l’anarcho-communisme, avec des informations sur les pays où nous étions présents et leurs organisations, une revue annuelle très réfléchie et critique.

Nous avons donc commencé à discuter de cette idée et, en février 2002, nous avons rencontré Nestor McNabb de la FdCA [Federazione dei Communisti Anarchici] à Dublin, ainsi qu’Andrew Flood du WSM. Nous nous sommes retrouvés tous les trois dans un pub du centre-ville de Dublin, sur South William Street. Le pub s’appelle Grogan’s. Nous y avons discuté de l’idée d’un almanach annuel, et l’idée a fait son chemin. Nous l’avons présentée à nos organisations et, avec le développement d’Internet, nous avons décidé que, pour des raisons de budget, de facilité de distribution, etc., il était préférable de créer un site international sur l’anarcho-communisme.

C’est ainsi qu’est née l’idée d’Anarkismo, un site anarcho-communiste et multilingue, d’où son nom, qui signifie « anarchisme » en espéranto. Après beaucoup de travail, le site a été lancé le 1er mai 2005, une date très symbolique. L’idée a commencé comme un site web, mais l’objectif dès le départ était de faciliter les échanges entre les organisations et de mieux se comprendre, dans le but de nous rapprocher politiquement et de créer une tendance. Nous ne voulions pas proposer une organisation internationale de nom seulement, mais plutôt que le travail international et l’échange d’expériences se développent progressivement et organiquement, laissant place à une plus grande cohésion en tant que tendance, en tant que mouvement, en vue de créer une fédération internationale avec des bases solides. Telle était l’intention dès le début.

Des militants tels que Nestor McNab (Irlandais vivant à Rome), Paul Bowman, Andrew Flood et Ian McKay (Irlande), Jonathan Payn (Afrique du Sud), Dimitris Troaditis (d’abord à Athènes, puis à Melbourne), Adam Weaver (Miami), Nicolas Phoebus (Québec), Wayne Price (New York) et le Chilien José Antonio Gutierrez, entre autres, ont joué un rôle clé dans le développement politique, technique et éditorial du nouveau portail. Ils s’étaient rencontrés grâce à la liste de diffusion « Anarchist Platform » et à d’autres réunions en personne. Ils avaient lu les articles les uns des autres et les avaient diffusés ou traduits dans leurs territoires et langues respectifs.

Parmi les organisations fondatrices d’anarkismo.net figuraient les FAU, FAG, FdCA et Alternative Libertaire (France) susmentionnées. Elles n’ont pas toutes adhéré en même temps, mais certaines étaient en contact depuis le début et ont mis un certain temps à se décider (par exemple, la FAU et l’OSL). Avec les organisations auxquelles appartenaient les camarades susmentionnés, les bases ont été jetées pour un projet qui a rendu possible l’articulation internationale de l’ensemble du mouvement anarcho-communiste ou plateformiste[42].

À cette époque, dans la première moitié des années 2000, plusieurs nouvelles organisations avaient déjà vu le jour, présentant un certain intérêt pour le mouvement communiste libertaire
. Pour n’en citer que quelques-unes : NEFAC (nord-ouest des États-Unis et est du Canada), CUAC et OCL (Chili), OSL et FACA (Argentine), en plus des déjà bien connues ZACF (Afrique du Sud), Alternative Libertaire (France), FdCA (Italie) et WSM (Irlande).

Comme on peut le constater, les groupes anarchistes étaient majoritairement masculins, et donc, pratiquement tous les délégués internationaux étaient des hommes. Les femmes assistaient le plus souvent aux réunions lorsque les délégations de leurs organisations étaient composées de plusieurs personnes.

Il est tout aussi important de mentionner que le rôle joué par le militantisme des organisations dans les réunions internationales a été rendu possible grâce au travail de nombreux camarades qui, d’une manière ou d’une autre, ont influencé le développement et le dynamisme de leurs organisations. Cela s’est produit de multiples façons : en apportant des contributions théoriques, stratégiques ou débattues ; en se réunissant dans différents contextes ; en diffusant des expériences ; ou en contribuant à renforcer les liens. Chaque personne a apporté sa pierre à l’édifice.

Le mouvement s’inscrivant dans le cadre de l’anarcho-communisme a compris que l’anarchisme, s’il voulait avoir une quelconque pertinence, devait être bien organisé et, bien sûr, prendre au sérieux sa participation aux luttes collectives, en cherchant à les renforcer et en coordonnant politiquement et stratégiquement toutes les personnes libertaires qui le composent.

Nous nous définissons comme des anarchistes communistes parce que nous appartenons à la tradition anarchiste qui reconnaît la nécessité d’une double organisation : une organisation anarchiste « spécifique » qui travaille au sein et aux côtés des organisations de masse de la classe ouvrière. [43]

Chaque organisation disposait de son propre site web et de ses propres revues à partir desquels elle diffusait sa stratégie. Les plus largement diffusées étaient les revues mensuelles
Alternative Libertaire et Courant Alternatif [44] en France, et Alternativa Libertaria en Italie, qui remontaient aux années 1970 et avaient déjà un lectorat.

Sur Internet, outre anarkismo.net, les sites anarcho-communistes les plus prolifiques étaient le site britannique libcom.org, qui publiait des dizaines de biographies liées au makhnovisme, généralement écrites par Nick Heath [45] ; le site web de Nestor McNab nestormakhno.info ; makhno.ru, en russe ; le site web Anarchist and the Platformist Tradition [46] ; et A-Infos lui-même, dont l’équipe éditoriale comprenait l’anarchiste israélien Ilan Shalif, un anarcho-communiste convaincu. [47] Ces sites web ont contribué à diffuser le mouvement, comme struggle.ws et zabalaza.net l’avaient fait avant eux.

Une coordination, pas une internationale

Anarkismo.net n’aspirait pas à devenir une internationale, mais plutôt un outil de partage d’informations sur les luttes locales, la théorie et les stratégies. Il fonctionnait grâce à un collectif de délégués et un collectif éditorial, le premier assumant un rôle politique et le second un
rôle technique.

Certains préféraient une structure plus définie, tendant vers une internationale, comme Alternative Libertaire, tandis que d’autres préféraient le maintenir comme un espace ouvert. Malgré cette différence, certaines campagnes de solidarité ont été menées, comme celle en soutien au soulèvement d’Oaxaca (2005-2006).

Au fil des ans, ce mouvement s’est renforcé en Amérique latine, en particulier au Chili (OCL, FEL), en Argentine (Joaquín Penina Libertarian Column [48], Red Libertaria) et au Brésil (FARJ), où de nombreux groupes, sites web et blogs ont vu le jour. Et sa manière d’interpréter l’anarcho-communisme, appelée « spécificisme », s’est consolidée. Plusieurs auteurs brésiliens, tels que Bruno Lima, Rafael Viana et Felipe Correa, qui ont fondé l’Institut de théorie et d’histoire anarchistes (ITHA) avec les Sud-Africains Lucien van der Walt, Michael Schmidt et Jonathan Payn, y ont contribué. D’autres militants, tels que Dimitris Troaditis, déjà mentionné, et l’Argentin Emilio Crisi, entre autres, y ont également contribué. L’ITHA a presque servi de groupe de réflexion pour les textes universitaires au sein du mouvement.

Correa a défini l’especifismo comme suit :[50]

Il s’agit d’un mouvement qui défend un ensemble de positions concernant les grands débats stratégiques de l’anarchisme. Premièrement, en ce qui concerne le débat organisationnel,
les especifistas maintiennent la nécessité d’un dualisme organisationnel, selon lequel les anarchistes s’articulent au sein d’une organisation politique, en tant qu’anarchistes, et au sein d’organisations sociales (syndicats et mouvements sociaux), en tant que travailleurs. Deuxièmement, en ce qui concerne le débat sur le rôle des réformes, les especifistas estiment que, selon la manière dont elles sont recherchées et réalisées, elles peuvent contribuer à un processus révolutionnaire. Troisièmement, en ce qui concerne le débat sur la violence, les especifistas estiment qu’elle doit toujours être exercée dans le contexte et en concomitance avec la construction de mouvements de masse. Sur le plan social, celui des mouvements de masse, l’especifismo promeut un programme qui présente de nombreuses affinités avec le syndicalisme révolutionnaire.

En Amérique latine, ce mouvement a lancé des initiatives et des tendances au sein des syndicats, ainsi que dans les mouvements étudiants et de quartier, tels que la FEL (fronten libertaires estudiantiles, présents dans plusieurs pays, bien qu’ils aient initialement vu le jour au Chili), Resistência Popular au Brésil et la Fédération des organisations de base (FOB) en Argentine, entre autres.

Pour éviter de faire référence au spécifisme ou au plateformisme, qui sont difficiles à comprendre pour le grand public, le mouvement a préféré utiliser le concept d’anarchisme organisé. Ailleurs, le terme « anarchisme social et organisé » a été utilisé pour restreindre davantage son public cible.

Des groupes anarcho-communistes ont également vu le jour ailleurs dans le monde, notamment en Russie (Action autonome [51]) et dans sa sphère d’influence : Arménie, Géorgie, Bulgarie et Israël), en Ukraine (RKAS-Makhno), en Turquie (AKI, KaraKizil, Liberter), en Australie (MAGC)[52], en Grèce (Western Greece Anarchist Federation), et avec une influence dans d’autres territoires. Dans les premiers cas, l’anarcho-communisme était mêlé à l’insurrectionnalisme, tandis que dans les seconds, leurs voies étaient distinctes.

En novembre 2008, le premier sommet du G20 s’est tenu à Washington. À cette occasion, la « Déclaration anarcho-communiste sur la crise économique mondiale et la réunion du G20 » a été publiée. C’était le début de la crise. Les bulles immobilière et financière avaient éclaté quelques mois plus tôt, et l’on parlait d’effondrement. Les États ont dû renflouer les banques pour éviter d’autres dommages. Onze organisations ont signé la déclaration. Plusieurs organisations déjà mentionnées à d’autres occasions ont signé l’accord. Les nouvelles étaient Common Cause (Ontario, Canada), Union Communiste Libertaire (Québec, Canada), Unión Socialista Libertaria
(Pérou), Liberty & Solidarity (L&S, Grande-Bretagne) [53] et deux organisations de synthèse : l’Asociación Obrera Canaria et la Fédération anarchiste de Berlin. [54]

Quelque temps plus tard, en février 2010, six organisations de l’actuel se sont réunies à Paris : la FdCA (Italie), L&S (Grande-Bretagne)[53], WSM (Irlande), OSL (Suisse), Motmakt (« Contre-pouvoir », Norvège) et Alternative libertaire (France). Leur objectif était d’évaluer l’état du mouvement communiste libertaire en Europe et de promouvoir la coordination continentale. Ils ont créé des groupes de travail pour maintenir les relations et faire progresser la coordination [55].

La maturité du réseau

Entre 2010 et 2013, les différents groupes et organisations qui se revendiquaient anarcho-communistes et qui étaient déjà en contact les uns avec les autres, comme nous l’avons vu, ont consolidé le réseau. C’est à cette époque que le collectif éditorial Anarkismo s’est stabilisé, composé, comme nous l’avons déjà vu, d’un délégué de chacune des organisations. Voici un tableau présentant les organisations qui composaient Anarkismo en 2010 et 2015 :

2010
Alternative Libertaire (France)
Buffalo Class Action (États-Unis)
Chasqui Anarquista (Équateur)
Colectivo Socialista Libertaria (Uruguay)
Common Action (États-Unis)
Common Cause (Canada)
Convergencia Juvenil Clasista « Hijos del Pueblo » (Équateur)
Estrategia Libertaria (Chili)
Federação Anarquista de São Paulo (Brésil)
Federação Anarquista do Rio de Janeiro (Brésil)
Federação Anarquista Gaúcha / Foro del Anarquismo Organizado (Brésil)
Federazione dei Comunisti Anarchici (Italie)
Four Star Anarchist Organization (États-Unis)
« Hombre y Sociedad » (Chili)
Humboldt Grassroots (États-Unis)
Liberty & Solidarity (Royaume-Uni)
Melbourne Anarchist Communist Group (Australie)
Miami Autonomy & Solidarity (États-Unis)
Motmakt (Norvège)
North-Eastern Federation of Anarchist Communists (États-Unis)
Organización Revolucionaria Anarquista - Voz Negra (Chili)
Organisation Socialiste Libertaire (Suisse)
Red Libertaria de Buenos Aires (Argentine)
Red Libertaria Popular Mateo Kramer (Colombie)
Solidarity & Defense (États-Unis)
Union Communiste Libertaire (Canada)
Unión Socialista Libertaria (Pérou)
Workers Solidarity Movement (Irlande)
Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud)

2015
Alternativa Libertaria/FdCA (Italie)
Alternative Libertaire (France)
Black Rose Anarchist Federation / Federación Anarquista Rosa Negra (États-Unis)
Common Cause (Canada)
Coordination des Groupes Anarchistes (France)
Federação Anarquista do Rio de Janeiro (Brésil)
Federação Anarquista Gaúcha / Coordenação Anarquista Brasileira (Brésil)
Federación Anarquista Uruguaya (Uruguay)
Grupo Anarquista Bifurcación (Colombie)
Grupo Libertario Vía Libre (Colombie)
Humboldt Grassroots (États-Unis)
Libertäre Aktion Winterthur (Suisse)
Libertarian Communist Group / Grwp Gomiwnyddol Libertaraidd
(Pays de Galles/Cymru)
Libertære Socialister (Danemark)
Melbourne Anarchist Communist Group (Australie)
Motmakt (Norvège)
Organisation Socialiste Libertaire (Suisse)
Organização Anarquista Socialismo Libertário (Brésil)
Organización Socialista Libertaria (Uruguay)
Prairie Struggle Organization (Canada)
Workers Solidarity Movement (Irlande)
Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud)

Dans cette liste, on constate déjà la disparition du NEFAC en Amérique du Nord, qui s’est réduit à quelques groupes en Nouvelle-Angleterre (Buffalo et New York) et au Canada (par exemple, Common Cause et UCL). Finalement, en 2014, les groupes américains ont créé une fédération, Black Rose. [56] On peut également voir la création, en 2012, de la Coordenação Anarquista Brasileira (Coordination anarchiste brésilienne), basée sur des groupes préexistants (tels que FAG, FARJ, OASL, CAZP et autres) [57] qui s’étaient organisés autour du forum FAO
et appartenaient déjà au réseau Anarkismo.

Les organisations restantes ont poursuivi la tradition communiste libertaire ou anarcho-communiste remontant aux années 1970 et 1980, telles que Alternative Libertaire (France), FdCA (Italie), OSL (Suisse, a rejoint Anarkismo en 2010), la FAU (Uruguay) et le WSM (Irlande).

La CGA française s’est séparée de la Fédération anarchiste francophone après que celle-ci ait appelé à soutenir Jacques Chirac lors des élections présidentielles afin d’empêcher Le Pen de gagner. Au fil du temps, la CGA s’est orientée vers l’anarcho-communisme et a finalement fusionné avec Alternative Libertaire en 2019, créant l’Union Communiste Libertaire (UCL), qui est actuellement la plus grande organisation de ce type au monde.

Chaque organisation a sa propre histoire, et il serait trop long de les décrire toutes ici. Ce qui est évident, c’est que ce mouvement s’est articulé à l’échelle mondiale et a su tirer parti de la montée du radicalisme qui a balayé la planète en 2011, de la même manière que le SIL s’est développé pendant le mouvement altermondialiste.

L’année 2011 a été marquée par le Printemps arabe, le mouvement des Indignados et les occupations de places publiques. C’est également à cette époque qu’une nouvelle génération s’est lancée dans l’activisme. La révolution du Rojava a émergé avec force. Des organisations anarcho-communistes ont vu le jour en Égypte (le Mouvement socialiste libertaire, MSL), en Israël (Unity) et en Tunisie, qui n’existaient que depuis peu, ainsi que de nouvelles tentatives en Iran, au Liban et en Jordanie.

Cette année-là, une déclaration de solidarité a été publiée en faveur de 46 militants détenus au Zimbabwe. Elle a été signée par 11 organisations communistes libertaires [58]. La même année, une déclaration de solidarité avec la lutte populaire en Égypte, dont le peuple venait de renverser le régime de Moubarak, a été signée [59]. Cette fois-ci, 23 organisations l’ont signée. Parmi les nouvelles initiatives figuraient des organisations d’Égypte (MSL), de Colombie (Vía Libre et CELIP), du Chili (Fédération communiste libertaire et le magazine « Política y Sociedad ») et des États-Unis (Autonomy and Solidarity of Miami). Un certain nombre de groupes anarcho-syndicalistes, tels que la CGT-E, Solidaridad Obrera, WSA (États-Unis) et l’ICEA (Espagne), ont également signé l’accord. [60]

Une fois de plus, le réseau Anarkismo a refusé de se formaliser en une structure plus solide, telle qu’une fédération internationale, afin d’éviter de tomber dans des rivalités et une concurrence avec les autres internationales libertaires, l’AIT et l’IFA à l’époque. Cependant, il est indéniable qu’il fonctionnait de manière assez coordonnée.

En 2012, huit organisations européennes se sont à nouveau réunies à Londres. [61] En plus de discuter de l’amélioration de la coordination, elles ont lancé une campagne contre la dette souveraine. La même année, les Jornadas Anarquistas ont eu lieu à Sao Paulo, organisées par la Fédération anarchiste uruguayenne (FAU) et le Forum de l’anarchisme organisé du Brésil (FAO) [62] afin de développer l’anarchisme especifiste sur le continent. À cette occasion, elles ont approuvé des documents stratégiques autour des concepts de pouvoir populaire et de fédéralisme.

Parler de « populaire » signifie imprégner le projet de pouvoir d’un caractère éminemment classiste, même si nous devons souligner que nous parlons du pouvoir dans une perspective libertaire. Un projet des opprimés qui naît des mouvements populaires et qui accumule la force sociale nécessaire à une confrontation à long terme, avec des étapes fermes, fortes et bien définies, que nous estimons nécessaires d’un point de vue idéologique. [63]

C’est à partir de ce moment-là que le mouvement anarchiste adoptera de manière plus décisive cette conception théorique, plus caractéristique du développement de la lutte des classes en Amérique latine, et qu’elle atteindra bientôt l’Europe par l’intermédiaire d’Embat (Catalogne) et de Libertäre Aktion (Berne).

En août 2012, la plus grande réunion physique du mouvement a eu lieu à Saint-Imier (Suisse). Profitant de la Rencontre internationale anarchiste, une tente appelée « Anarkismo » a été installée comme point de rencontre pour les militants et sympathisants internationaux du mouvement. Environ la moitié des 30 organisations qui étaient en contact avec anarkismo.net à l’époque ont envoyé des délégués à la Rencontre internationale, et une conférence des délégués a été organisée. La croissance énorme de ce mouvement en Amérique latine était évidente, et un développement significatif a été observé depuis le lancement du site web.

Du point de vue de la délégation du WSM, les différentes réunions d’Anarkismo organisées au cours de la semaine ont été une occasion précieuse de rencontrer des camarades que nous n’aurions peut-être jamais croisés et de redynamiser notre implication dans le réseau Anarkismo. Le réseau lui-même continue de s’étendre depuis ses débuts très modestes en 2005, tant en termes de nombre d’organisations impliquées, de dispersion géographique de ces organisations et, surtout, de coopération accrue entre elles. Lorsque chaque organisation a présenté son travail au cours de la matinée de la réunion mondiale, il était frappant de constater l’approche politique et organisationnelle commune que nous partageons, malgré des contextes très différents. Il est également apparu clairement que les organisations sud-américaines, en particulier, ont connu une croissance significative en nombre et en influence ces dernières années. [64]

Une mesure positive : les organisations synthétistes et plateformistes suisses et françaises, qui n’ont pas toujours entretenu de bonnes relations, ont collaboré à la préparation de la réunion. Mais tout le monde ne partageait pas les mêmes illusions. Les problèmes organisationnels étaient nombreux, et ce qui manquait le plus à la réunion, c’était précisément la clarté programmatique :

Il en aurait été tout autrement si, trois ou deux ans à l’avance, un débat avait été préparé et mené autour d’une analyse commune de la situation, si une véritable coordination et fédération des organisations et des luttes avait été encouragée, et si des progrès avaient été réalisés vers l’établissement d’un programme commun… nous serions en mesure de réfléchir et nous aurions des éléments réels à évaluer, que le fruit de ce travail à Saint-Imier ou ailleurs aurait abouti, et que la logique de cet aboutissement ne serait pas une réunion mais la création d’une internationale anarchiste. [65]

En 2014, un communiqué commun pour le 1er mai a été signé par plusieurs organisations :
[66] ZACF (Afrique du Sud), WSM (Irlande), OSL (Suisse), Collectif Communiste Libertaire (Bienne, Suisse), FdCA (Italie), WSA (États-Unis États-Unis), Melbourne Anarchist Communist Group (Australie) et Prairie Struggle (États-Unis). Quelques mois plus tard, 14 organisations du
mouvement ont signé un autre communiqué en soutien à la résistance kurde. [67] Ce fut le dernier communiqué commun de cette époque.

Les 18 et 19 novembre 2017, plusieurs organisations européennes se sont réunies à Gênes pour échanger leurs analyses et établir un plan d’action européen. L’Alternativa Libertaria/FdCA (le nouveau nom de l’organisation italienne de longue date), Alternative Libertaire (France), CGA (France), la Libertarian Socialist Federation (Pays de Galles, Grande-Bretagne), OSL (Suisse) et WSM (Irlande) se sont réunies. [68] Embat (Catalogne) a envoyé ses salutations à la réunion et, à partir de ce moment, s’est beaucoup plus impliqué dans ce mouvement.

En 2020, l’Union Communiste Libertaire de France a réalisé une cartographie exhaustive du mouvement : [69]

Réseau International

Au fil des ans, une tradition s’est développée consistant à envoyer des salutations à chaque organisation du courant qui tenait un congrès. Cela a contribué à forger un mouvement international et a fait prendre conscience à tous les militants qu’ils appartenaient à un mouvement beaucoup plus vaste que leur propre organisation ou leur contexte local. [70]

Le déclin

Tout n’était pas rose pour le mouvement. Outre la question épineuse du Chili, dont nous parlerons bientôt, entre 2018 et 2021, le WSM [71] et Zabalaza se sont dissous, tout comme d’autres groupes locaux et régionaux en Amérique du Nord, en raison de l’échec du changement générationnel.

En outre, d’autres organisations ont également connu des crises, sans pour autant se dissoudre, comme Motmakt (Norvège) [72], avec laquelle le contact a été perdu. Plusieurs organisations européennes ont disparu (au Danemark, au Portugal, en République tchèque et en Turquie) ou leurs mouvements n’ont pas réussi à se stabiliser (Grande-Bretagne ou Russie). Sur le continent américain, les organisations en Bolivie et au Pérou ont été perdues, et des scissions ont eu lieu en Argentine, au Chili et aux États-Unis.

Une autre scission au cours de cette période a été celle subie par l’Anarchist Federation (Grande-Bretagne). Cette organisation, créée en 1986 en tant qu’anarcho-communiste, était depuis longtemps une fédération synthétiste. En 2018, un conflit interne a éclaté au sein de l’AF, et un secteur en est sorti pour former l’Anarchist Communist Group (ACG)[73], déjà marqué par une tendance communiste libertaire. L’ACG a succédé à des organisations plateformistes britanniques qui n’ont jamais réussi à s’implanter, telles que L&S ou la LSF. Malgré cela, plusieurs groupes anarcho-communistes n’ont pas encore envisagé de rejoindre l’ACG.

Les causes de ces crises sont diverses. Par exemple, diverses situations sociales et politiques ont surgi dans plusieurs États, rendant impossible le développement de relations internationales. Ces relations ont également été interrompues en cas de crises internes et de ruptures au sein des organisations. Un autre problème pour le maintien de relations internationales stables était le changement rapide des délégués, plusieurs organisations ayant des délégués qui ne parlaient pas anglais, tandis que d’autres camarades qui avaient géré ces relations passaient à d’autres fonctions au sein de leurs organisations. La FdCA a connu un sort pire encore, puisqu’en seulement quatre mois en 2018, elle a perdu Donato Romito et Monia Andreani, décédés. Dans d’autres cas, une approche plus interne a été privilégiée, améliorant l’intégration aux niveaux social et territorial, mais reléguant la scène internationale à un niveau secondaire. Enfin, le cas de Michael Schmidt et son expulsion d’anarkismo.net et de l’ITHA n’a pas été sans conséquence. [74]

Le cas chilien

À ce stade, nous devons parler du mouvement au Chili. Ses origines remontent à 1999, avec la célébration de la CUAC, qui a lancé un processus qui allait donner naissance à l’OCL en 2002. L’année suivante, un Front étudiant libertaire (FEL) a été lancé et, en 2006, à la suite de la « révolte des pingouins » (lycéens), le FEL a connu une croissance exponentielle. Il a réussi à attirer de nombreux militants et, lorsque cette génération d’étudiants est entrée à l’université, elle a pris la tête du mouvement étudiant, généralement contrôlé par les communistes et les autonomistes. Des militants tels que Felipe Ramírez, Fabián Araneda et Melissa Sepúlveda ont occupé des postes électifs importants au sein de la Fédération étudiante chilienne (FECH, qui est unitaire et semi-institutionnelle), qui était à l’époque l’un des mouvements populaires les plus puissants du Chili. Parmi leurs initiatives les plus remarquables, on peut citer leur style graphique très coloré et reconnaissable, qui a été copié et adapté par de nombreux collectifs ailleurs. Ils ont rempli le Chili de fresques murales grâce à leurs unités de muralistes Ernesto Miranda. [75]

Quelque temps plus tard, tout cet espace politique a fusionné pour former l’Izquierda Libertaria (Gauche libertaire). Cette nouvelle organisation a adopté des lignes stratégiques différentes du magma communiste libertaire qui avait animé le mouvement jusqu’alors, s’orientant vers un socialisme libertaire beaucoup moins défini, plus proche du marxisme libertaire. Dans le même temps, elle a atteint une ampleur jamais vue pour une organisation libertaire au cours des dernières décennies, rivalisant avec d’autres partis et organisations politiques beaucoup plus établis sur la scène chilienne.

Dans ce contexte, un secteur des libertaires – que j’oserais qualifier de majoritaire – a mené une série de réflexions qui ont façonné l’approche politique connue sous le nom de « Rupture démocratique » dans divers articles et documents publics, ainsi que dans des processus de discussion internes. Malgré cela, une certaine confusion persiste quant aux implications de ce pari, que nous tenterons de clarifier dans une certaine mesure dans cet article. [76]

Les secteurs communistes libertaires chiliens ont commencé à soutenir les options électorales de gauche en 2013. Au début, ils l’ont fait de manière tactique, sans intervenir dans les campagnes, mais en appelant à voter pour une rupture démocratique afin de renverser le régime démocratique réactionnaire qui dirigeait le pays. Plus tard, lors du processus électoral de 2018, l’Izquierda Libertaria a soutenu le Frente Amplio (Front large), qui se présentait aux élections législatives. Grâce à sa participation, le militant libertaire Gael Yeomans a été élu député.[77]

Depuis lors, Izquierda Libertaria compte davantage de députés régionaux et nationaux, ainsi que de sénateurs. Ces efforts ont abouti à la formation d’un gouvernement progressiste dans le pays, dirigé par Gabriel Boric, un ancien leader étudiant autonomiste de la même époque que la FEL. Cependant, cela n’a pas entraîné la radicalisation attendue de la société pour construire des alternatives révolutionnaires dans un sens socialiste à travers le pouvoir populaire et le pouvoir constituant. Le Chili reste un État capitaliste – de nature progressiste, certes – sans la moindre trace de politiques socialisantes.

Comme on peut le constater, l’Izquierda Libertaria [78] avait abandonné les postulats communistes libertaires traditionnels et était considérée par ses rivaux et opposants au sein du courant communiste anarchiste comme une dérivation logique de tout l’anarchisme especifiste. Pour cette raison, et pour d’autres raisons également, elle a subi certaines scissions [79], telles que Solidaridad FCL [80], dont certaines ont à leur tour suivi la voie parlementaire, entraînant de nouvelles scissions.

Au niveau latino-américain, le mouvement especifiste s’est distancié de tous ces groupes chiliens jusqu’à l’émergence de la Fédération anarchiste de Santiago (FAS)[81] en 2019, qui s’est à nouveau alignée sur le reste du mouvement international. Cette FAS apparaît donc comme une rupture avec l’empreinte laissée par le communisme libertaire chilien, revenant à l’especifisme latino-américain.

Du réseau à la coordination

Entre 2015 et 2019, le mouvement a connu un revers causé par des problèmes que nous avons déjà évoqués, provoquant des divisions au sein de certaines organisations du mouvement, entravant la compréhension, favorisant la désorientation ou conduisant directement à la dissolution de certaines organisations et à la destruction de mouvements entiers, comme nous l’avons vu.

Tout n’a pas été décevant, bien sûr. Alors qu’une organisation nationale britannique (l’ACG) avait vu le jour en 2018, Die Plattform a été fondée en 2019 en Allemagne, le plus grand État européen qui, jusqu’alors, ne comptait aucune organisation du mouvement.

Lors des Jornadas Anarquistas de 2019, les organisations latino-américaines ont évoqué la nécessité de relancer le mouvement. [82] À cette époque, elles défendaient l’especifisme, ou, en d’autres termes, l’anarchisme politiquement organisé, et cherchaient à le consolider dans toutes les régions. Leur communiqué définissait le rôle de l’organisation politique anarchiste, qui devait être chargée de développer la théorie et les outils analytiques permettant de comprendre la réalité et de mieux y opérer. Elles mettaient l’accent sur le travail politique interne de chaque organisation afin d’éviter la confusion et les impasses.

Nos vies dépendent de nos insertions [sociales], mais l’organisation politique, ce petit moteur qui anime le mouvement populaire, est nécessaire à ses côtés. L’organisation politique anarchiste, dans la conception especifiste, n’est pas une avant-garde, mais plutôt une organisation militante et abnégative, dont le but est d’encourager et de guider un processus de rupture révolutionnaire avec une large participation du peuple organisé. Nous respectons profondément la nature spécifique de ce niveau. Nous avons appelé ce processus « pouvoir populaire », un processus de construction des organisations du pouvoir populaire qui remplaceront les structures du pouvoir bourgeois. Ainsi, l’insertion sociale et l’organisation politique vont de pair et s’articulent horizontalement d’une manière très différente de celle proposée et développée par tous les mouvements d’avant-garde de la gauche jusqu’à présent, qui n’ont fait que limiter le développement des organisations populaires et les instrumentaliser comme des « appareils » utiles à leurs partis. C’est pourquoi l’anarchisme especifiste parle d’un peuple fort [Pueblo Fuerte] et non d’un « parti fort », comme l’ont proposé tous les courants marxistes. Nous prônons un peuple fort, un peuple qui construit son destin, ses propres opportunités et ses degrés de liberté en fonction de son expérience de lutte, de développement et de progrès dans le processus
de rupture.

À la suite de cette initiative, les bases d’un nouveau travail international ont commencé à être jetées. En décembre 2019, la Coordination anarchiste latino-américaine (CALA) a été rétablie, formée par la CAB (Brésil),[84] la FAR (Argentine),[85] et la FAU (Uruguay). Ces organisations ont servi de point focal pour l’ensemble du mouvement et ont pris le relais des organisations européennes, qui avaient jusqu’alors joué un rôle de premier plan.

« … Nous sommes convaincus que l’anarchisme doit être opérationnel, agile et en phase avec les nouvelles réalités sociales afin de faire face à la dureté que ce système impitoyable impose à ceux qui se trouvent au bas de l’échelle. Mais pour ce faire, nous le répétons, l’anarchisme doit être organisé politiquement. C’est l’organisation politique qui permet aux militants de mener les discussions et les débats nécessaires, de faire des analyses pertinentes de la conjoncture, de définir des plans d’action et de développement, d’affiner les tactiques, mais aussi de concevoir une stratégie finale et de l’adapter à chaque période d’action, à chaque conjoncture… » [85]

Avec CALA, l’ensemble du mouvement communiste libertaire international a connu un regain d’énergie extraordinaire, à commencer par les efforts remarquables de Nathaniel Clavijo (Uruguay), qui a fait appel à Dimitris Troaditis (aujourd’hui basé à Melbourne, en Australie), Jonathan Payn (aujourd’hui à Istanbul), Johnny Rumpf (Berne, Suisse) et Gio (France) pour réorganiser le mouvement. Comme toujours, les vétérans accompagnent les plus jeunes jusqu’à ce qu’ils comprennent comment cela fonctionne.

En 2020, année de la pandémie mondiale, les bases d’une coordination internationale plus articulée qu’auparavant ont été jetées. Dès lors, les réunions sont devenues beaucoup plus stables, car elles pouvaient se tenir en ligne. Elles avaient lieu tous les mois ou tous les deux mois, et une coordination assez naturelle s’est mise en place.

La raison de ces nombreuses réunions était la nécessité pour le mouvement de publier des déclarations internationales. La première visait à soutenir le soulèvement chilien et à exiger la libération des personnes arrêtées lors des manifestations de décembre 2019. [86] Plus tard, elle a été signée conjointement le 1er mai, puis le 28 juin, jour de Stonewall, puis pour soutenir le peuple américain après le meurtre de George Floyd par la police, également le 19 juillet, contre la répression en Turquie, le 8 mars, pour commémorer l’anniversaire de Krondstadt,
la Commune de Paris, sur la pandémie, contre la guerre en Ukraine, le génocide à Gaza, et bien d’autres encore. À chaque occasion, entre 12 et 25 organisations du monde entier ont signé.

Un autre projet visait à soutenir des camarades anarchistes au Soudan[87], qui avaient besoin d’une aide financière pour quitter le pays. Aujourd’hui, certaines de ces personnes sont en train de revenir. D’autres initiatives de coordination ont été les camps d’été et les écoles, organisés indépendamment par chaque organisation, comme ceux organisés par Embat et l’UCL depuis 2018 et 2020, respectivement. Dans le cas du premier, en 2024, il a contribué à organiser la première réunion especifiste en Espagne, en collaboration avec les organisations Liza (Madrid) et Batzac - Joventuts Llibertàries (Catalogne), à laquelle ont participé des personnes d’autres lieux et d’autres organisations. De même, les camps français accueillent des militants britanniques, allemands, suisses, espagnols ou italiens, selon les occasions. Die Plattform a également organisé de tels camps, tandis qu’une école politique anarchiste a été organisée en Australie, ce qui a contribué à articuler la tendance jusqu’à la formation d’une fédération anarchiste dans ce pays. Enfin, cet été, le premier camp de l’ACG britannique aura lieu.

Pour un public extérieur, le développement de l’anarchisme organisé peut sembler assez informel. Cependant, il s’agit d’un processus organique. Il existait déjà une pratique antérieure remontant aux années 1990. Au départ, il s’agissait d’un niveau personnel, composé de militants qui se réunissaient parfois sans mandat de leurs organisations. Puis est venu le niveau des réunions formelles des organisations, représentées par des délégués. Le troisième niveau serait celui des groupes de travail conjoints entre militants de différents pays qui mènent des projets spécifiques. Il est nécessaire de savoir lire le processus et comprendre les rythmes, qui sont parfois rapides et parfois lents. Le fait est qu’à partir de 2020, la dynamique s’est accélérée.

En bref, la Coordination vers 2022 était composée des organisations suivantes :

• Alternativa Libertaria (AL/FdCA) – Italie
• Anarchist Communist Group (ACG) – Grande-Bretagne
• Federación Anarquista – Grèce
• Aotearoa Workers Solidarity Movement (AWSM) – Aotearoa/Nouvelle-Zélande
• Coordenação Anarquista Brasileira (CAB) – Brésil
• Federación Anarquista de Rosario (FAR) – Argentine
• Federación Anarquista Uruguaya (FAU) – Uruguay
• Embat, Organització Llibertària de Catalunya
• Libertäre Aktion (LA) – Suisse
• Melbourne Anarchist Communist Group (MACG) – Australie
• Organización Anarquista de Córdoba (OAC) – Argentine
• Organización Anarquista de Santa Cruz (OASC) – Argentine
• Organización Anarquista de Tucumán (OAT) – Argentine
• Roja y Negra – Organización Politica Anarquista (Buenos Aires) –
Argentine
• Organisation Socialiste Libertaire (OSL) – Suisse
• Tekoşina Anarşist (TA) – Rojava
• Union Communiste Libertaire (UCL) – France, Belgique et Suisse
• Grupo Libertario Vía Libre – Colombie

Certaines organisations turques, telles que DAF[88] et Karala, qui ont depuis été dissoutes, ont également participé. Dans ces cas, ces organisations ne se définissaient pas comme communistes libertaires ou anarcho-communistes, mais simplement comme anarchistes, mais il y avait toujours une compréhension mutuelle. De même, des relations ont toujours été maintenues avec Tekoşîna Anarşîst,[89] une organisation composée de militants anarchistes internationaux au Rojava.

Lors de certaines des premières réunions, des contacts ont également été établis avec des organisations iraniennes et philippines, même s’il était clair qu’elles ne partageaient pas les fondements fondamentaux du mouvement et que leurs chemins divergeaient. Néanmoins, à partir de 2020, on a constaté une augmentation du nombre de groupes et de militants dans le monde entier. Dans certains pays, cette croissance a conduit à la création d’organisations nationales regroupant plusieurs groupes locaux, comme en Australie, en Allemagne et en Argentine.

La plupart des organisations pendant cette période se sont concentrées sur l’approbation et l’élaboration de leurs propres programmes, dépassant le modèle des groupes anarchistes qui n’avaient qu’une vague compréhension de la réalité et dont le militantisme n’était uni que par des principes, l’objectif lointain du communisme libertaire et peu d’autres choses.

La Coordination internationale de l’anarchisme organisé

Le résultat de ce qui précède a été la création officielle de la Coordination à la fin de l’année 2024. Cette Coordination n’a pas la
forme d’une Internationale, mais plutôt celle d’un réseau. Elle dispose de sections continentales en Europe et en Amérique, et quelque chose de similaire sera peut-être mis en place à moyen terme en Asie-Pacifique, mais elle s’articule principalement au niveau mondial.

L’un de ses projets est le site web anarkismo.net, qui sert désormais de porte-parole à l’ensemble du mouvement au niveau international.

Depuis l’époque des communiqués, une organisation sud-coréenne et la Black Rose Federation des États-Unis ont rejoint la Coordination. Plusieurs autres organisations ont fait leur apparition, créant une carte de plus en plus complexe et difficile à suivre.

Il convient de souligner l’insistance de la CALA sur l’unité théorique et stratégique de toutes les organisations de la Coordination. Cela a permis à presque toutes les organisations de s’auto-évaluer et de mener leurs débats idéologiques, théoriques et stratégiques, aboutissant à des analyses de la situation actuelle, des programmes et des lignes politiques. À cette époque, plusieurs organisations non latino-américaines ont également commencé à se qualifier d’« especifistes », et de nouvelles organisations ont vu le jour ailleurs avec cette définition, ignorant les constructions plus traditionnelles de leurs régions.

En ce qui concerne les organisations actuellement coordonnées, il s’agit des suivantes :

Amérique
• Black Rose Anarchist Federation / Federación Anarquista Rosa Negra – États-Unis
• Grupo Libertario Vía Libre - Colombie
• Federación Anarquista Santiago - Chili
• Roja y Negra, Organización Política Anarquista - Buenos Aires, Argentine
• Federación Anarquista Uruguaya (CALA)
• Coordenação Anarquista Brasileira (CALA) :
• Federação Anarquista Gaúcha - Rio Grande do Sul
• Federação Anarquista Cabana - Belem do Pará
• Organização Resistência Libertária - Ceará
• Federação Anarquista Quilombo de Resistência - Bahia
• Fédération anarchiste des Palmares - Alagoas
• Collectif anarchiste Luta de Classe - Paraná
• Collectif anarchiste Bandeira Negra - Santa Catarina
• Organisation anarchiste Maria Iêda - Pernambuco
• Il existe également une structure anarchiste en Argentine composée de :
• Fédération anarchiste de Rosario (CALA)
• Organisation anarchiste de Tucumán
• Organisation anarchiste de Córdoba
• Organisation anarchiste de Santa Cruz
• Organisation révolutionnaire anarchiste - Buenos Aires

Europe
• Groupe communiste anarchiste – Grande-Bretagne
• Die Plattform - Allemagne
• Embat, Organització Llibertària de Catalunya
• Midada, Libertär, Sozialistisch, Organisiert - Suisse
• Organisation socialiste libertaire - Suisse
• Union communiste libertaire - France, Belgique et Suisse
• Alternativa Libertaria - Italie

Moyen-Orient
• Tekoşîna Anarşîst - Rojava

Asie-Pacifique
• Mouvement de solidarité ouvrière anarchiste – Nouvelle-Zélande
• Solidarité anarchiste / Anarchist Yondae / 아나키스트 연대 – Corée du Sud
• Fédération communiste anarchiste - Australie :
• ACF-Brisbane - Communistes anarchistes Meanjin
• ACF-Melbourne - Groupe communiste anarchiste de Melbourne
• ACF-Geelong - Communistes anarchistes de Geelong

Il existe actuellement d’autres groupes et organisations communistes libertaires aux États-Unis, au Canada, au Brésil (le nouveau OSL est remarquable par sa taille), en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suède, en Finlande, en Grèce, à Chypre, en Turquie, en Indonésie et en Nouvelle-Zélande. Ces groupes n’appartiennent pas à la Coordination internationale, mais maintiennent des contacts avec une ou plusieurs organisations du courant, qui sont aujourd’hui plusieurs dizaines au total. Bien sûr, ils participent également activement à l’ensemble du mouvement, car la Coordination ne représente en aucun cas l’ensemble du mouvement et ne prétend pas l’être. Quoi qu’il en soit, ces centaines (voire déjà des milliers) de militants internationaux construisent une alternative libertaire solide qui s’est déjà positionnée au sein du mouvement anarchiste au sens large.

Aperçu

Nous conclurons en passant en revue les périodes actuelles :

• Le courant anarcho-communiste de l’anarchisme remonte à ses tout débuts avec l’Alliance internationale pour la démocratie socialiste. Sa tradition remonte à plusieurs décennies. Après la Seconde Guerre mondiale, ce courant s’est réduit à quelques pays seulement. Parmi ceux-ci, la France, l’Italie et l’Uruguay ont connu les mouvements les plus importants, qui ont survécu jusqu’aux années 1980 malgré toutes sortes de difficultés.

• Dans les années 1980, plusieurs organisations solides ont été créées et ont perduré pendant de nombreuses années : l’OSL (fondée en 1982 en Suisse), le WSM (fondé en 1984 en Irlande), la FdCA (1986, Italie), l’Union des Travailleurs Communistes Libertaires (1986, France), la FAG (1985, Brésil), la FAU (réorganisée en 1986, Uruguay) et Anarchist Federation (1986, Grande-Bretagne, initialement anarcho-communiste). Ces organisations ont maintenu des contacts entre elles, mais les courants synthétistes et anarcho-syndicalistes ont largement prédominé au sein du mouvement anarchiste.

• Dans les années 1990, de nouvelles organisations ont commencé à voir le jour. Alternative Libertaire (1991, France ; issue d’organisations précédentes), FAG (1995) et OSL (1997) au Brésil ; OSL (1996), ORA (Rosario) et AUCA (La Plata) en Argentine ; CUAC au Chili (1999), entre autres ; divers groupes aux États-Unis et au Canada ; ORA (1996, République tchèque) ; WSF (1995, Afrique du Sud)… Formant une relation organique, d’une part, en Amérique latine à travers la FAU et la FAG, et d’autre part, en Europe à travers Alternative Libertaire, l’OSL et la FdCA, dont les fronts syndicaux se rapprochent de la CGT-E, et cette dernière les invite à ses réunions. En parallèle, la liste de diffusion Anarchist Platform a vu le jour, mettant en contact le platformisme anglo-saxon.

• Dans les années 1999-2003, l’articulation du mouvement s’accélère à travers le mouvement de résistance contre la mondialisation capitaliste. Des groupes et des organisations apparaissent en de nombreux endroits (trop nombreux pour être cités ici), créant des espaces d’interaction, tels que l’ELAOPA, les Jornadas Anarquistas et la CALA en Amérique latine, et le SIL en Europe, bien que ce dernier ait également apporté sa solidarité aux initiatives du Sud. L’ensemble du mouvement anarcho-communiste s’est développé.

• Période 2004-2009. Ces années ont été marquées par des hauts et des bas dans les luttes sociales. Cependant, le mouvement entretenait déjà des relations politiques. Cela a abouti à la création d’anarkismo.net (2005), à la signature de déclarations de solidarité et aux premières rencontres internationales. La crise économique et financière mondiale de 2008 a éclaté.

• Entre 2010 et 2014, le mouvement a connu une nouvelle expansion et une coordination renforcée. Les initiatives se sont multipliées : le réseau anarchiste s’est consolidé, de nouvelles déclarations ont été signées, la rencontre de Saint-Imier a eu lieu (2012), de nouveaux groupes et organisations ont vu le jour, et le mouvement anarchiste s’est étendu à de nouveaux pays où il n’était pas présent en Asie et en Afrique.

• Période 2015-2019. Une fois de plus, une période de flux et de reflux. Certaines organisations vétérantes se sont dissoutes, d’autres sont entrées en crise et en stagnation, d’autres encore ont souffert de scissions ou ont changé de ligne idéologique. Cependant, l’inertie précédente a continué à produire de nouvelles organisations.

• Enfin, la période de 2020 à aujourd’hui a donné lieu à une plus grande coordination internationale et à un climat propice à la création de nouvelles organisations, aidées par la crise traversée par d’autres courants de l’anarchisme. À ce stade, le mouvement communiste libertaire n’est plus inconnu. Il n’est certes pas très important, mais il semble beaucoup plus solide que d’autres courants de l’anarchisme.

Texte de Miguel G. Gómez (Embat), synthétisé et traduit par Alexis (Commission internationale)


NOTES

1. https://www.unioncommunistelibertaire.org/

2. https://alternativalibertaria.fdca.it/wpAL/

3. https://federacionanarquistauruguaya.uy/

4. Communication par courrier avec José Maria Olaizola, 05/202025

5. Cette organisation syndicale française remonte à 1981 en tant que groupe de 10 fédérations autonomes et syndicats nationaux indépendants. Il a été considérablement influencé par les courants trotskistes et, dans certains cas, libertaires. Dans les années 90, elle comptait environ 50 à 60 000 membres.

6. Connu sous le nom de CIB Unicobas, il s’agit d’une organisation de syndicalisme de base italien, qui fait partie du phénomène des "Cobas" (comités populaires). Unicobas a été fondé en 1991 et est rapidement entré en contact avec un syndicalisme alternatif. Il comptait 5 000 membres.

7. Une organisation anarcho-syndicale fondée en Suède en 1910 sous le nom de Sveriges Arbetares Central. Dans les années 1950, il a été exclu de l’IWA, entrant en conflit avec le CNT espagnol exilé. Une rivalité existe depuis. Lorsque le CNT espagnol s’est séparé dans les années 1980, donnant naissance à la CGT, cette nouvelle organisation a repris contact avec l’union suédoise.

8. La Confédération Romande du Travail (CRT) a été fondée au début des années 1970 par le syndicalisme chrétien. Plusieurs années plus tard, en raison de l’influence des syndicalistes militants, il a changé de direction et est devenu une partie du secteur des syndicats et des tendances de l’époque qui cherchait à développer un syndicalisme alternatif. Il a été dissous en 1996. Son héritage de syndicalisme militant sera plus tard repris par le SUD du canton de Vaud.

9. Ibid.

10. En anglais, voir « International Libertarian Meeting ». https://web.archive.org/web/20080223130405/http://flag.blackened.net/rev

En français, voir Alternative Libertaire, no. 36, octobre 1995, p. 14 à 15 :

https://www.archivesautonomies.org/IMG/pdf/communismelib/alternative-lib

11. Conversation avec Nathaniel Clavijo, 23/05/2025.

12. La Confédération sibérienne du travail (SKT) a été fondée en mars 1995 par des anarcho-syndicales de Sibérie, qui jusqu’alors avaient été regroupés dans une « Confédération d’anarcho-syndicales » de 1989 à 2000. Il est passé à environ 5 000 membres, selon sa propre source.

13. Lucien Van der Walt, « Rapport sur le Autre Futur », Sommet de Paris, 26 août 2015

https://lucienvanderwalt.com/2015/08/26/lucien-van-der-walt-2000-report-

14. https://www.wsm.ie/

15. Annonce de la liste de diffusion électronique de la plate-forme anarchiste

https://www.struggle.ws/exwsm/c/announcing-anarchist-platform-email-list...

16. Trente ans de vie... 11/01/2016

https://alternativalibertaria.fdca.it/wpAL/blog/2016/11/01/1986-2016-30-...

17. https://zabalaza.net/

18. Le texte peut être lu dans sa langue originale ici :

https://www.cabn.libertar.org/wp-content/uploads/2012/02/FARJ--zANARQUIS...

19. Entretien avec la FdCA par la NEFAC, 2003

https://anarchistplatform.wordpress.com/2010/06/14/the-global-influence-...

20. contre la mondialisation capitaliste Alternative Libertaire, mai 2001, p. 11

https://www.archivesautonomies.org/IMG/pdf/communismelib/alternative-lib...

21. On trouvera une référence écrite au verso du journal du XVIIe Congrès de la CGT à La Corogne, le 20 octobre 2013. Juan Pilo indique que le voyage de Mechoso en Europe a accéléré les contacts. Ils ont notamment contacté Olaizola, alors secrétaire général de la CGT.

https://cgt.org.es/wp-content/uploads/2013/10/disario3.qxd.pdf

22. Olaizola, 05/20/2025

23. Voir quelques déclarations de RL sur le site Internet de Radio Klara :

https://www.radioklara.org/radioklara/ ? tag-rouge-liberté-apoyo-mutuo

24. Naissance d’un réseau international libertaire. Extrait de mai numéro de l’Alternative Libertaire (France) :

https://www.ainfos.ca/01/jun/ainfos00171.html

25. Consultation avec José Maria Olaizola. 05/18/2025

26. Déclaration de la Réunion internationale libertaire. 31 mars 2001

https://www.fdca.it/fdcaen/ILS/ils-madrid.htm

27. https://www.instagram.com/fag.cab/

28. Entretien avec l’ORA du NEFAC, 2003 :

https://anarchistplatform.wordpress.com/2010/06/14/the-global-influence-...

29. La « magonisme » est considérée comme un type de communisme libertaire originaire du Mexique. Il tient compte de l’influence des peuples autochtones et s’appuie sur leurs coutumes et formes traditionnelles d’organisation communautaire. Ces idées sont devenues populaires dans les années 1990. Le concept de « magonisme » vient de Ricardo Flores Magon, l’un des moteurs de la révolution mexicaine de 1910, qui était anarchiste.

30. Le Conseil autochtone populaire d’Oaxaca (CIPO-RFM) de Ricardo Flores a été actif entre environ 1997 et 2006. Il a coordonné diverses organisations autochtones locales dans l’État d’Oaxaca. Il s’est déplacé à l’échelle internationale dans les cercles libertaires. https://es.wikipedia.org/wiki/Consejo-Ind%C3%ADgena-Popular-de-Oaxaca-%2...

31. L’acronyme est l’acronyme de la Fédération anarchiste de zabalaza.

32. https://www.nodo50.org/auca/menu%20que%20es%20auca.html

33. La NEFAC est l’acronyme de la Fédération anarchiste du Nord-Est. Il a uni des groupes de Nouvelle-Angleterre et du Québec. Leurs textes peuvent être trouvés ici :

https://libcom.org/tags/nefac

34. Par exemple, la conférence de 2008 organisée par la CGT à Madrid, « Une critique libertaire de la situation actuelle »

https://info.nodo50.org/Jornadas-Una-critica-libertaria-de.html

35. Pour plus d’informations, lisez José Antonio Gutiérrez, « Réflexions sur vingt ans d’anarcho-communisme au Chili », 24 février 2020.

https://www.anarkismo.net/article/31737

36. Pour voir les photos de la première réunion :

https://www.nodo50.org/rprj/elaopa/fotos.htm

37. Pour consulter certains documents initiaux d’ELAOPA :

https://www.nodo50.org/rprj/elaopa/forum.htm

38. Réunion latino-américaine des organisations populaires autonomes (ELAOPA) à Santiago (Chili). Rojo y Negro No. 397, février 2025.

https://rojoynegro.info/articulo/encuentro-latinoamericano-de-organizaci...

38. Déclaration finale de la Conférence anarchiste de 2003 :

https://federacionanarquistauruguaya.uy/declaracion-final-de-las-jornada...

39. Liste publiée par Daniel Barret, The Seditious Awakenings of Anarchy. Buenos Aires : Libros de Anarres, 2011. pp. 153 - 154

40. https://uniaoanarquista.wordpress.com/wp-content/uploads/2013/12/el-anar...

41. Anarkismo.net. Entretien avec l’un des fondateurs

https://ithanarquista.wordpress.com/wp-content/uploads/2020/08/jose-anto...

42. Lorsqu’un réseau anarcho-communiste a été formé, des organisations anarcho-syndicales, telles que la CGT, la SAC, les Vignoles du CNT, et des syndicalistes de base, tels que Unicobas ou le SUD, se sont réunis dans de nouveaux réseaux, tels que la FESAL, le Réseau des syndicats internationaux de solidarité et de lutte, ou la Coordinadora Rojinegra.

43. Extrait de l’interview de l’Action autonome de la Russie avec la zac en 2010. L’entretien peut être lu à l’adresse suivante :

https://zabalaza.net/2010/12autonome-action-russia-interviews-the-...

44. http://eclibertaire.free.fr/

45. Nick Heath est actuellement membre du groupe communiste anarchiste. Il publie sous le pseudonyme de BattleScarred.

46. https://anarchistplatform.wordpress.com/

47. Ilan a été interrogé en grande partie en 2025 :

https://alasbarricadas.org/noticias/node/57055

48. https://columnalibertaria.blogspot.com/

49. http://www.farj.org/

50. Felipe Corrêa. Entretien avec Mya Walmsey. Éléments de la théorie et de la stratégie anarchistes. Entretien avec Felipe Corrêa. Mars 2022.

51. https://avtonom.org/fr

52. https://melbacg.au/

53. https://libcom.org/tags/liberty-solidarity

54. Déclaration anarcho-communiste sur la crise économique mondiale et la réunion du G20, 11/17/2008. https://www.anarkismo.net/article/10681

55. Europe : Les communistes libertaires résistent aux Liaisons. 02/03/2010 https://www.unioncommunistelibertaire.org/ ? Europe-Les-communistes-libert...

Les accords peuvent être lus ici : https://www.unioncommunistelibertaire.org/ ? Rencontre-europeen-de-group...

56. https://www.blackrosefed.org/about/

57. L’ACR ne dissoudrait pas les secrétariats internationaux de chaque organisation régionale ou locale du Coordonnateur jusqu’en 2016, chacun participant indépendamment à la coordination internationale jusque-là.

58. Déclaration de solidarité internationale à l’égard des 46 militants détenus dans le pays. 02/28/2011

https://www.anarkismo.net/article/18895 ? search-text-declaraci%F3n-intern...

59. Déclaration internationale libertaire en solidarité avec la lutte populaire en Égypte, 11/25/2011

https://www.anarkismo.net/article/21228

60. http://www.iceautogestion.org/index.php/es/

61. Le WSM participe à la conférence des organisations anarchistes européennes à Londres. 31 mars 2011 https://www.struggle.ws/exwsm/c/wsm-conférence-european-anarkismo-london...

62. Le Forum de la FAO a été l’un des précurseurs de l’ACR. C’est l’espace où les organisations brésiliennes se réunissent pour débattre.

63. Conférence anarchiste janvier 2011. Sao Paulo. 27 avril 2011

https://federacionanarquiuruguaya.uy/jornadas-anarquistas-enero-janei...

64. Délégations reviennent du Rassemblement anarchiste international à Saint-Louis Imier. 21 août 2012

https://www.struggle.ws/exwsm/sites/default/files/MaydayAnarchistStateme...

65. José Maria Olaizola Albéniz. La nécessité pour les anarchistes de s’organiser (II). Hernani, le 27 janvier 2013

https://www.anarquia.cat/la-necesidad-de-organizarse-los-anarquistas-ii/

66. mai. Construire un nouveau mouvement des travailleurs. https://www.struggle.ws/exwsm/sites/default/files/MaydayAnarchistStateme...

67. Déclaration internationale de solidarité avec la résistance kurde, 10/22/2014

https://www.anarkismo.net/article/27505

68. Nous, les communistes anarchistes/libéraux dans la salle de classe, dans l’Europe de la capitale, 12/11/2017

https://www.anarkismo.net/article/30713

69. La carte n’a pas été mise à jour, elle sert donc à montrer l’état du mouvement communiste libertaire cette année-là.

70. Envisager, par exemple, ces messages reçus par l’UCL en 2015 :

https://www.unioncommunistelibertaire.org/ ? Messages internationaux

71. WSM Déclaration de clôture

https://libcom.org/article/workers-solidarity-mouvant-fering-state

72. https://www.motmakt.no/

73. https://www.anarchistcommunism.org/

74. 2017 Déclaration sur l’affaire Michael Schmidt / Declaraçao sobre o caso Michael Schmidt

https://ithanarquista.wordpress.com/2017/03/23/2017-statement-on-michael...

75. Entretien avec l’UMMEM, 04/03/2008 :

https://www.alasbarricadas.org/noticias/node/7092

76. Félitoze Ramarez, Un mouvement révolutionnaire de la gauche libertaire. 03/11/2013

https://periodico-solidaridad.blogspot.com/2013/11/declaracion-nacional-...

77. Voir https://es.wikipedia.org/wiki/Izquierda-Libertaria

78. https://www.instagram.com/izqlibertaria/ ? hlés

79. En ce qui concerne l’éclatement de la gauche libertaire, certains activistes ont publié cette déclaration :

https://www.tercerainformacion.es/articulo/internacional/30/03/2017/chil...

80. https://solidaridadfcl.org

81. https://fasanarquista7.wordpress.com/

82. Conférence anarchiste 2019, 03/20/2019.

https://www.anarkismo.net/article/31339

83. https://www.instagram.com/cabanarquista/

84. https://www.instagram.com/far-rosario/

85. Déclaration de lancement de la CALA. 15 décembre 2019

https://federacionanarquicrsuruguaya.uy/comunicado-de-lanzamiento-de-la-...

86. Déclaration internationaleniste commune pour la liberté des prisonniers politiques de l’insurrection sociale dans la région chilienne, 12 décembre 2019

https://www.anarkismo.net/article/32109

87. Mise à jour sur la campagne pour les anarchistes soudanais. 18 avril 2024

https://www.anarkismo.net/article/32877 ? search-text-Sud

88. https://www.facebook.com/DAFederasyon/

89. https://tekosinasanrsist.noblogs.org/

 
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