Crise économique : des idées pour contre-attaquer




La récession s’installe et il devient pressant de montrer que nous ne nous résignons pas au pillage orchestré par l’État. Mais pour résister et contre-attaquer autrement que localement, encore faut-il des mots d’ordre fédérateurs.

La seule « issue » à la crise qu’envisagent les classes dirigeantes semble être la même que lors des crises précédentes : préparer le krach suivant. D’un côté on accélère la course à la spéculation. De l’autre on profite de la panique pour spolier brusquement les classes populaires.

Les États sont plus qu’actifs dans ce transfert de richesses. Les « plans de sauvetage financiers » sont systématiquement conçus pour distribuer l’argent des contribuables aux entreprises et aux banques responsables de la crise, en les encourageant à continuer dans la même veine. Au passage, les États en profitent pour dégrader le droit du travail, la protection de l’environnement ou les services publics.

La rémunération du capital est illégitime

Évidemment, rien dans ces mesures ne s’en prend aux causes réelles de la situation, c’est-à-dire à la rémunération du capital et à son augmentation permanente. Il faut faire payer la crise aux capitalistes et non aux travailleuses et aux travailleurs. Comment ? La rémunération du capital est, par nature, illégitime, puisqu’elle repose sur la spoliation du travail effectué par les salarié-e-s. Mais la crise actuelle souligne crûment cette spoliation, en particulier dans les entreprises qui distribuent de plantureux dividendes à leurs actionnaires, alors que dans le même temps elles ont recours au chômage partiel ou technique. La mobilisation des salarié-e-s contre ce scandale peut servir à mettre en cause la rémunération du capital de façon générale : blocage des dividendes et redistribution aux salarié-e-s, voilà une idée audible par les temps qui courent.

Contre les licenciements

Mais la crise permet également de mettre en question la « gouvernance » des entreprises. Les actionnaires font étalage de leur incapacité. Pour sauver leurs dividendes, ils vont procéder à une vague de licenciements qui pourrait se chiffrer en centaines de milliers d’emplois.

Déjà la CGT réclame un « droit de veto suspensif des comités d’entreprise » sur les licenciements. Mais pourquoi les CE ? Et pourquoi seulement suspensif ? Qui, des actionnaires ou des travailleurs, est le plus légitime pour savoir si une entreprise doit couper dans ses effectifs ? Il faut réclamer un droit de veto des salarié-e-s sur les licenciements collectifs, qui permettrait une vraie garantie de reclassement préalable à toute restructuration. Encore un mot d’ordre audible dans la période, et qui remet en cause l’absolutisme patronal.

Par ailleurs on risque encore d’assister au scandale de la fermeture de sites industriels parfaitement viables pour des motifs boursiers. Dans ce cas, l’action directe des salarié-e-s sera toujours plus porteuse d’espoir que le dépôt de pétitions à l’Élysée : la réquisition et autogestion des entreprises peut parfois être faisable et avoir du sens. AL a déjà argumenté sur cette question [1].

La période de crise sociale qui suit la crise économique ne sera pas mécaniquement révolutionnaire ni même propice aux mobilisations. Mais c’est la responsabilité des révolutionnaires de tout mettre en œuvre pour que les colères qui se font jour se traduisent par des actions collectives et des mots d’ordre anticapitalistes, et non par de la résignation.

Grégoire Mariman (AL Paris-Sud)


NOUS NE PAIERONS PAS LA CRISE

À l’occasion de la grève interprofessionnelle du 29 janvier dernier, plusieurs organisations dont AL, les Alternatifs, le NPA, les Communistes unitaires, la coordination des collectifs antilibéraux et le PCF ont rédigé une déclaration politique commune. Ce texte est imparfait, mais porte des exigences cruciales pour les salarié-e-s, qui malheureusement sont absentes de la déclaration intersyndicale pour le 29 janvier. Cette déclaration est disponible sur www.alternativelibertaire.org.

[1Lire le livre L’Autogestion, une idée toujours neuve, Éditions d’AL, 2004, 6 euros.

 
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