Politique

D’hier à aujourd’hui : La syndicalisation des femmes, un enjeu d’actualité




L’idée de consacrer un article sur l’affaire Couriau, dont nous publions ce mois-ci la seconde partie, est venue suite à la publication de la tribune de Murielle Guilbert, co-délégué générale de Solidaires : « Je ne veux plus être la seule femme sur la photo ». Depuis, le 31 mars 2023, à l’occasion de son 53e congrès, Sophie Binet a été élue Secrétaire générale de la CGT, une première depuis la création du syndicat en 1895. Les choses avancent donc… mais lentement  !

L’histoire de la syndicalisation des femmes est celle d’un long combat, au sein de notre propre classe, contre les représentations dominantes d’un système patriarcal sur lequel s’appuie le capitalisme pour diviser et exploiter davantage les prolétaires.

L’affaire Couriau n’en est qu’un épisode. Cette histoire illustre également le fait que la seule focale « lutte des classes » souvent mise en avant par certaines dans notre camp n’est pas suffisante pour émanciper les travailleurs et les travailleuses. D’autres oppressions co-existent, se renforcent mutuellement et font système. Les combats contre ces oppressions ne sont pas mutuellement exclusifs et peuvent s’articuler, c’était notamment l’objet de la brochure que nous avions publié en mars 2022 : « Quand les femmes se lèvent, le peuple avance » sur les enjeux de la syndicalisation des secteurs féminisés  [1].

Publiée par Libération le 8 mars 2023 : « Je ne veux plus être la seule femme sur la photo ! » [2], cette tribune de Murielle Guilbert n’éludait aucun des écueils vécus par les militantes syndicales, y compris au sein de Solidaire.

La présentation faite par Libé de cette tribune résumait bien les enjeux : « Comment se fait-il que la tête des organisations syndicales reste très largement masculine ? Si la syndicalisation des femmes progresse, les mentalités et les règles statutaires doivent encore évoluer, estime Murielle Guilbert, co-déléguée de Solidaires ».

Dans cette tribune, Murielle Guilbert rappelle que les « résistances sexistes par rapport à l’enjeu de pouvoir (tout relatif) que représente une fonction dite « dirigeante » ou en tout cas de représentation » sont à l’œuvre « à tous les niveaux dans les syndicats, comme d’ailleurs dans l’ensemble de la société ». Elle ne fait pas mystère de l’existence « y compris dans les organisations syndicales » de cet insidieux « sexisme du quotidien » qui persiste et qui, moins visible que les Violences sexistes et sexuelle (VSS) – lesquelles sont encore trop souvent ignorées et minorées –, décourage et pousse encore trop de militantes à partir. Elle reconnaît qu’il y a des « réflexions à avoir sur l’adoption des règles paritaires à imposer (co-délégation, ou représentation femme, homme alternée), à toutes les échelles ».

En conclusion de cette tribune, elle engageait les femmes à ne pas lâcher et rappelait que pour les alliés de ces militantes cela « demande aussi un parcours de « déconstruction » militant et personnel à l’égard du système patriarcal auquel ils ont été aussi biberonnés ». Hein, les mecs on s’y met aussi, il n’y a pas que les meufs que ça concerne  ! [ndr].

Consciente que seule une représentation diversifiée à tous les niveaux sera le « gage d’un syndicalisme en phase avec le monde du travail dans sa diversité et sa réalité », celle « qui donne envie d’aller dans la rue, et de se mobiliser ». On entend là que par-delà la question de la représentation des femmes, celles des minorités de genre, des personnes racisées, des non-diplômées sont également essentielles. Nous faisons nôtre sa conclusion : « Toutes ensemble, dans nos syndicats et avec nos alliés, nous ne lâcherons rien sur ce sujet ».

David (UCL Chambéry)

[1« Quand les femmes se lèvent, le peuple avance », Union communiste libertaire, mars 2022,
à retrouver sur le site de l’UCL, Unioncommunistelibertaire.org.

[2Murielle Guilbert, « Je ne veux plus être la seule femme sur la photo ! », Libération, 8 mars 2023.

 
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