Débat : Oui, il est vital de parler d’alternative au capitalisme




« Le climat survivra-t-il au capitalisme ? » C’était la question posée à Geneviève Azam, Christine Poilly et Guillaume Davranche. En soulignant la nécessité d’une alternative fondée sur la socialisation, l’autogestion, la planification démocratique, les libertaires ont, visiblement, mis les pieds dans le plat !

À l’occasion du sommet de la Cop 21, Alternative libertaire a tenu un stand en lisière du Village des alternatives, à Montreuil, et a participé à une conférence-débat organisée par le collectif Montreuil-Climat, regroupant entre autres AL, le NPA, Ensemble et Attac. Le thème : « Le climat survivra-t-il au capitalisme ? La décroissance est-elle la solution ? »

Résultat : 120 à 150 personnes dans une salle du cinéma Méliès, avec sur le plateau Geneviève Azam (Attac), Christine Poilly (Initiatives décroissantes pour le climat) et Guillaume Davranche (pour le collectif Montreuil-Climat). Loin de ronronner, le débat a tourné à la controverse entre Azam et Poilly d’un côté, Davranche de l’autre. Pas pour les bonnes raisons à notre avis.

« Changer de civilisation »... sans toucher au marché ?

Dans son intervention, Azam a dit des choses excellentes, mais prêtant peu à la discussion – « il faut parler de catastrophe et non de crise écologique », « il faut changer de civilisation », « il faut renoncer à la toute-puissance », etc. Seule son affirmation selon laquelle la contradiction productivisme/écologie surclassait dé­sormais la contradiction capital/travail pouvait faire véritablement débat.

Poilly a expliqué le concept de décroissance pour aller vers une société sobre, conviviale, décentralisée, solidaire. Elle a aussi mis l’accent sur les luttes contre les grands projets inutiles (Notre-Dame-des-Landes, Sivens, Gonesse…).

Davranche a centré son intervention sur la nécessité de donner un contenu au slogan « Changeons le système, pas le climat » : socialisation des moyens de production et d’échange, autogestion, abolition du marché capitaliste, planification démocratique, seuls moyens de rendre à la société la maîtrise de son destin… La catastrophe écologique a bouleversé l’« équation socialiste » d’hier. Désormais, elle devra concilier trois termes : les capacités productives, les besoins des populations et les limites de la planète, ces dernières étant non négociables.

Le changement, on en voit l’embryon dans les pratiques individuelles et collectives – refus du consumérisme, désir de sobriété, lutte contre les grands projets inutiles. Il y a là un mouvement de fond, même s’il est encore minoritaire. L’enjeu est qu’il supplante le capitalisme. Pour y parvenir, il faut réussir sa jonction avec un mouvement ouvrier et syndical où, parallèlement, les mentalités évoluent dans le bon sens.

Le débat qui s’est ensuivi a été pollué par une controverse incongrue. Azam et Poilly se sont offusquées, ont donné l’impression de refuser tout débat sur l’alternative au capitalisme, au prétexte que ce serait faire preuve de « marxisme », d’« avant-gardisme » et qu’il faudrait « laisser les idéologies au vestiaire ». Pour nous, cette frilosité est clairement périmée. Elle revient à laisser intouchés la propriété privée des moyens de production et le règne du marché. Elle ne reflète d’ailleurs pas les réflexions existant à Attac et au sein du MOC, tant il est de plus en plus évident qu’il n’y aura ni décroissance ni changement de civilisation sans une sortie révolutionnaire du capitalisme.

Les camarades d’AL présents au débat

 
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