Déchets nucléaires : Non merci !




Le 7 novembre, Sébastien Briat, 22 ans, est mort renversé par un convoi ferroviaire de déchets radioactifs venant de la Hague et à destination de l’Allemagne qu’il tentait, avec d’autres camarades, d’arrêter (cf. AL, décembre 2004). au-delà du débat sur les conditions de stockage, c’est bien la question de la sortie du nucléaire qu’il devient urgent de poser.

Le but de cette action était de dénoncer ce type de convois sillonnant la France pour y amener de l’Europe entière (Allemagne, Belgique, Suisse, Suède, etc.) et évidemment des 58 réacteurs français, les combustibles irradiés issus des centrales nucléaires en vue de leur retraitement à la Hague. Une fois « retraités » ils repartent théoriquement dans leur pays d’origine.

Les déchets de la production nucléaire d’électricité constituent un des points faibles du système, d’autant que depuis toujours, la France, par l’intermédiaire de la Cogema puis d’Areva, s’est faite championne du monde du stockage de déchets nucléaires.

La question fait débat à l’intérieur même du mouvement antinucléaire. Si tout le monde est à peu près d’accord pour dire que dans un premier temps, les déchets doivent être stockés sur leur lieu de production (au moins pour avoir sous les yeux le tas et faire sorte que le problème des déchets touche directement les populations locales qui reçoivent les subsides d’EDF) en attendant que l’on arrête les centrales au plus vite, que faire des déchets actuellement à La Hague et des produits issus de la séparation des déchets de fission ? Certain(e)s penchent pour que cela reste en l’état (« de toute façon le site est pourri, ce n’est pas la peine d’en pourrir d’autres ») et qu’on arrête d’en amener, d’autres pour que tous les déchets retournent à leur producteur (au titre de la responsabilisation), comme cela on arrêtera d’en produire. Le stockage souterrain prévu par la loi de 1991 sur la gestion des déchets radioactifs fait l’unanimité contre lui en raison de l’absence de réversibilité et donc de la possibilité de pollutions des sous-sols et des nappes d’eau souterraines (ces stockages doivent durer plusieurs milliers d’années).

Faiblesse du mouvement antinucléaire

La seule solution au problème des déchets radioactifs est évidemment d’arrêter d’en produire... Si la plupart des pays européens (à l’exception de la Finlande qui prévoit la construction d’un réacteur) l’ont compris et se lancent dans des programmes ambitieux d’énergies alternatives, le lobby nucléaire français a réussi à faire passer son pseudo-nouveau réacteur EPR qui, si personne ne s’y oppose sera construit dans la Manche.

Et, actuellement, en France, on voit bien mal qui pourrait s’y opposer efficacement car à l’instar des mouvements sociaux, le mouvement antinucléaire n’est pas au mieux de sa forme. Aucun parti représenté à l’assemblée n’est antinucléaire (si les Verts s’agitent périodiquement, les passages successifs de Voynet et de Cochet au ministère de l’environnement ont prouvé que leurs convictions antinucléaires ne dépassaient pas le stade de la gesticulation) et les associations ont toujours eu du mal à se débarrasser du syndrome Nimby.

À l’exception du réseau « Sortir du Nucléaire » et de « Greenpeace » dont le potentiel militant reste très réduit, la mobilisation antinucléaire est plus que faible, pourtant, on constate chez nos voisins européens que seule la lutte a fait reculer les lobbies pronucléaires. À nous donc de suivre l’exemple et de soutenir activement les actions antinucléaires partout où elles ont lieu en rejoignant les groupes déjà existants ou en en créant de nouveaux partout où cela est possible.

Max Beria (AL Paris-Est)


Sources :

 www.sortirdunucleaire.org,
 http://membres.lycos.fr/stopmox/,
 La Descente aux enfers nucléaires, Ben Cramer et Camille Saïsset, L’esprit Frappeur, 2004.

Pour plus d’informations :

* www.sortirdunucleaire.org,
* www.greenpeace.fr,
* www.wise-paris.org,
* http://membres.lycos.fr/stopmox/

Dernière parution :

La nouvelle brochure du réseau Sortir du nucléaire, Par ici la sortie... du nucléaire, outil complet, indispensable et en couleur, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le nucléaire et les moyens pour en sortir. 4 euros l’unité, 15 euros les 5 exemplaires. Chèque à l’ordre de « Sortir du nucléaire ». Réseau Sortir du nucléaire, 9 rue Dumenge, 69317 Lyon Cedex 04).


<titre|titre=Le retraitement: "faire ou défaire c'est toujours travailler">

Le « retraitement » selon AREVA consiste à prendre le combustible usé des centrales nucléaires pour en séparer l’uranium (environ 95 % du combustible, dont seulement 1 % d’uranium fissile réutilisable comme combustible) du plutonium (environ 1 %), le reste étant composé de diverses autres matières radioactives. Si pendant des années, on nous a vendu le « retraitement » comme un recyclage permettant d’une part de réutiliser l’uranium, d’autre part de produire du plutonium (environ 5 tonnes par an à La Hague) pour les applications militaires (bombes).

Le désarmement aidant, le plutonium est devenu inutile, d’autant que Superphénix, le réacteur au plutonium, sorte de pierre philosophale du nucléaire qui devait produire plus de combustible qu’il en consommait s’est révélé être, outre une catastrophe écologique, un gouffre financier abyssal et qu’il a été abandonné. La Cogema, jamais à court pour continuer à produire pour rien, a alors sorti de sa manche le Mox (Mixed Oxyde déjà expérimenté dans les années 60) et l’a imposé à EDF pour ses réacteurs 900 mégawatts. Or le Mox n’est autre qu’un mélange d’oxyde d’uranium et de plutonium !!! Donc je sépare, puis je remélange tout en multipliant les déchets en chemin.

 
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