Des féminicides au 8 mars : des liens à tisser




Depuis les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc en 2017 les femmes ont pris la parole. Ces innombrables témoignages montrent qu’au-delà des organisations et associations qui luttent contre le patriarcat, un processus massif de prise de conscience est engagé.

Depuis cet été, les mobilisations de rue ont repris le dessus, marquant ainsi une volonté de se faire entendre au-delà des réseaux sociaux. Des collectifs se sont ainsi créés pour réagir aux féminicides et dénoncer la mascarade gouvernementale que représentait le Grenelle contre les violences faites aux femmes.

Comme l’explique très bien l’appel national à mobilisation pour le 3 octobre intitulé « Contre les féminicides, n’attendons pas le gouvernement ! » dont nous étions signataires. Le gouvernement n’a proposé, à ce jour, que des mesures répressives très loin des revendications portées par le mouvement féministe. La réponse, contre les féminicides, les violences conjugales et toutes les violences de genre, doit être collective.

Pour cette raison l’Union communiste libertaire, portera notamment une campagne contre les violences machistes. Cette campagne alimentée par les initiatives des groupes locaux s’inscrira dans un calendrier de dates de mobilisation. Elle sera aussi un outil de production de textes et de formation sur le sujet des violences machistes.

Féminicides : une lutte fédératrice, efficace et effective

Le 25 novembre est une journée internationale de lutte pour l’élimination de la violence contre les femmes. Cette année des marches ont été organisées partout en France. En 2018, l’appel de « Nous Toutes » aux femmes et minorités de genre à descendre dans la rue avait clairement répondu à une envie de se mobiliser et de refaire du féminisme une lutte concrète et radicale.

Toutefois, le centralisme de ce collectif parisien n’a que rarement su se lier aux composantes locales habituées à organiser ces grandes journées de mobilisation. Ce manque d’articulation a parfois conduit à des doubles appels à manifester et à la division de cortèges, reproduisant ainsi les mêmes clivages au sein du mouvement féministe.

Dans les perspectives qui se présentent aujourd’hui au féminisme révolutionnaire, créer des contre-pouvoirs féministes locaux en y associant les femmes actives dans les luttes, organisé⋅es ou non dans les syndicats et les associations au sein d’assemblées, de collectifs ou d’inter-organisations, sans présumer des possibilités locales spécifiques, est une des conditions pour amplifier le mouvement.

Ce sont d’ailleurs de grandes assemblées féministes réunissant à chaque fois plusieurs centaines de personnes à Paris le 10 septembre appelée par « On arrête toutes » et à Toulouse les 26 et 27 octobre par le collectif « Toutes en grève », qui nous permettent aujourd’hui de nous projeter vers des luttes porteuses de victoires.

Les textes qui y ont été produit relaient la volonté de construire une grève des femmes pour le 8 mars prochain. Déjà popularisée en Espagne ou en Suisse, la grève des femmes semble devenir une perspective d’action aujourd’hui largement partagée.

Enfin, les collectifs féministes doivent continuer à se lier aux luttes sociales et y porter leurs revendications. En 2016, la mobilisation contre le projet de Loi El Khomri a déjà été l’occasion de mettre en avant la précarisation spécifique que subissent les femmes. Plus récemment, le mouvement des gilets jaunes a lui aussi été l’espace privilégié d’organisation et d’élaboration de revendications des femmes.

Précarité, les femmes premières concernées

Aujourd’hui, le projet de réforme des retraites vient de nouveau précariser les trajectoires professionnelles des femmes. La mobilisation contre celui-ci ne doit pas se faire sans que les premières concernées se fassent entendre. Bien que l’histoire ne se répète pas, nous pouvons ici nous rappeler que le mouvement contre les retraites de 1995 a été précédé d’un mouvement massif pour le droit des femmes.

Si l’idée d’une grève des femmes constitue une perspective politique séduisante, celle-ci ne saura se réaliser sans relever un double défis préalable : construire les cadres qui permettront à toutes les femmes de tisser des liens dans la durée et porter un point de vue féministe dans les luttes sociales actuelles et à venir.

Anna (UCL Nantes), Anne (UCL Montpellier), et Louise (UCL Saint-Denis)

 
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