Documentaire : Rouaud, « Les Lip, l’imagination au pouvoir »




Avril 1973, une vague de licenciements est annoncée à l’usine de montres Lip, à Besançon. Cette nouvelle va donner lieu à une lutte originale et prolongée qui commence sur des revendications modestes (ne pas perdre son travail), et qui va porter au pinacle le concept d’autogestion.

Il y en a “480 à larguer”. Cette phrase trouvée dans le dossier d’un administrateur séquestré choque les ouvrières et les ouvriers qui s’écrient “Nous ne sommes pas des bêtes !”. Après la séquestration des administrateurs et leur libération par les CRS, une décision est prise : l’usine sera remise en route pour produire de nouvelles montres, mais cette fois sans patrons. Succès énorme, en six semaines le chiffre d’affaire réalisé équivaut à une année de production.

L’usine s’organise en différentes commissions et en assemblée générale. On distribue la première paie sauvage. Un an après, en décembre 1974, le conflit se termine après une évacuation de l’usine par le gouvernement, un plan de redressement avec 159 licenciements (refusés par les salarié-e-s) et une reprise en main par un patron de “ gauche ”, Claude Neuschwander. L’autogestion a vécu mais les salarié-e-s sont réembauché-e-s.

“ On fabrique, on vend, on se paie ”

Cette lutte marquante et symbolique, c’est la rencontre entre syndicalistes expérimenté-e-s (une section CFDT offensive et autogestionnaire) et un comité de grève dynamique. L’expérience de Lip n’a malheureusement pas perduré, mais cette idée d’autogestion n’est pas morte dans les années 1970, comme l’ont montré plus récemment les mouvements d’usines autogérées en Argentine. La reprise en main sauvage des usines par les salarié-e-s n’est pas qu’une simple utopie. Elle reste une opportunité face à la mondialisation, aux délocalisations et aux fermetures de sites.

Stéphanie (AL Rennes)

  • Christian Rouaud, Les Lip, l’imagination au pouvoir, Les Films d’ici, 118 minutes, 2007
 
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