Dossier urbain : Le fardeau de la métropolisation




Il faut dénoncer les conséquences sociales, écologiques et territoriales
de ce modèle de concentration urbaine. Derrière le mythe métropolitain,
les classes possédantes sont à l’offensive.

La loi du 27 janvier 2014 dite de
« modernisation de l’action publique
territoriale et d’affirmation des métropoles
 » a créé 9 (puis 11) « métropoles
 » en France. La métropole est un
nouveau statut de collectivité territoriale
aux compétences larges en
matière de « développement économique,
d’innovation, de transition
énergétique et de politique de la ville ».
Cependant, il ne s’agit pas que d’un
statut juridique. Les pouvoirs publics
encouragent cette métropolisation au
nom de la « compétitivité ».

Corollaire d’une désindustrialisation
sélective, la métropolisation vise à
concentrer dans les plus grandes villes
les activités tertiaires stratégiques
(direction, conception, finance,
immobilier, etc.). C’est un processus
qui résulte de la nouvelle division
internationale du travail, et qui s’inscrit
pleinement dans les
exigences de compétitivité
et la concurrence que se
livrent les territoires (que
ce soit pour les affaires, la
rente foncière, le tourisme
ou les grands événements
sportifs). Cette logique
spatiale du capitalisme
transforme l’économie des grandes
villes (notamment au détriment de
l’emploi ouvrier), centralise le pouvoir
économique, et ronge les terres
agricoles, les espaces naturels et la
qualité de vie des habitantes et des
habitants.

Pour faire de la métropole un lieu de
passage obligé des flux mondiaux de
capitaux, qu’ils soient matériels,
financiers ou humains, il faut des
infrastructures de transports et de
communication. Les restructurations
coûtent cher et accentuent les inégalités
de classe, en rejetant
les classes populaires vers
la périphérie.

Les grands projets
métropolitains sont portés
par des coalitions
d’acteurs incluant les
politiques locaux, l’État,
les grandes entreprises
capitalistes, en particulier les promoteurs
immobiliers, et une nébuleuse
de conseillers issus des agences d’architecture
ou d’urbanisme. Certains
sont parfois directement membres
des conseils d’administration des Établissements
publics d’aménagement.
Ces coalitions nous rappellent que la
production de la ville participe à l’accumulation
du capital, en absorbant
les surplus dans des projets à long
terme, qui ralentissent un peu la circulation
instable du capital. Les
métropoles sont des avaleuses de
surproduit, présentant une grande
sécurité pour les investissements
immobiliers.

Tous les discours de glorification du
fait métropolitain masquent mal l’enjeu
crucial que sont devenues les
grandes villes pour la stabilité du capitalisme
mondial, et les processus de
concentration et d’éviction en leur
sein. Pour nous, habitantes et habitants,
se battre pour rester sur place,
dans de bonnes conditions implique
de remettre en cause la production
capitaliste de la ville, pour la décider
nous-mêmes.

Fanny Meyer (AL Saint-Denis)


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