Ecologie : Nantes, capitale « verte » de la rupture




Pour imposer la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l’État dépense l’argent public sans compter, mais les opposants tiennent bon.

À Nantes, l’argent coule à flot quand il s’agit de Notre-Dame-des-Landes. La surveillance de la Zone à défendre (ZAD) par les CRS se poursuit. La campagne de propagande au service du nouvel aéroport va bénéficier d’une rallonge de 140 000 euros, portant à 490 000 euros la somme payée par le département de Loire-Atlantique, Nantes-Métropole et les régions Bretagne et Pays de la Loire pour diffuser des messages vendant le futur aéroport comme « un vrai plus pour tous » avec « plus d’emplois, plus de visiteurs, plus de voyages ».

Les dépenses publiques au service des intérêts de Vinci se matérialisent aussi avec le label Capitale verte. La société publique locale, Le Voyage à Nantes, pour un coût de 26 millions d’euros en trois ans, participe au greenwashing (parcours « green island », façades couvertes de micro-algues, jardins et serres temporaires) et accompagne la promotion d’un aéroport « vert » desservi par des « routes apaisées » alors même que le projet bétonnerait 1 600 hectares de terres bocagères agricoles en zone humide.

La propagande économique est active. Le maire de Nantes juge le projet « pertinent et utile […] gage d’attractivité, de développement et d’emploi » au moment où une nouvelle manipulation du rapport de la commission de dialogue formée par Jean-Marc Ayrault est rendue publique. On y lit que « la croissance prévue du trafic lors de la mise en service de NDDL pourrait entraîner l’installation d’une base de la compagnie Régional (filiale de Air France) qui apporterait environ 200 emplois ». La compagnie Régional a réfuté totalement ces informations.

La faiblesse des arguments du côté des tenants de l’aéroport a été confirmée par Vinci dont le directeur projet-construction lâche : « Il y aura très peu de circulation d’avions ».

La détermination des opposants dans la bataille idéologique a été payante et la communication des promoteurs du projet n’a pas encore réussi à rectifier le tir.

Malgré la criminalisation des opposants, la résistance se poursuit. Après Sème ta zad lancé par l’Assemblée paysanne, l’Acipa – association qui réunit des habitant-e-s, des paysan-ne-s et des élu-e-s – a organisé une chaîne humaine le 11 mai 2013. La mobilisation a été un franc succès avec près de 40 000 personnes.

Porter l’écologie politique : la lucha sigue

Ce type d’action peut paraître modéré mais avait été payant au Carnet en 1997 dans le cadre d’une lutte antinucléaire et a le mérite de montrer une résistance populaire et familiale, là où on voudrait caricaturer l’opposition d’une poignée de radicaux. La chaîne humaine a été suivie de concerts donnant un aspect festif à la contestation même si la cohabitation de l’ensemble des opposants n’est pas toujours simple. Pour l’instant la volonté de vaincre Vinci, l’État, la région et le PS l’emporte sur les querelles internes.
Pour autant la partie n’est pas gagnée. Les sommes engagées dans ce projet et la mégalomanie de Jean-Marc Ayrault et Jacques Auxiette, président de la région Pays de la Loire, sont telles, qu’ils ne vont pas lâcher facilement.

À la Zad, la coordination des opposants continue à lancer des initiatives. Les 3 et 4 août prochains, auront lieu deux journées d’opposition aux grands projets inutiles avec des conférences, débats, concerts. Et du 5 au 11 août, un appel à s’installer définitivement à la Noë Bernard, l’un des villages sur la zone, est lancé pour un projet de village en terre. Ces journées de mobilisation ont pour objectif de développer les résistances au projet dans la durée et jusqu’à son retrait.

L’idée d’un village anticapitaliste semblerait faire son chemin, afin de montrer le pluralisme de la contestation et d’affirmer une présence libertaire et autogestionnaire dans le mouvement.

AL Nantes

 
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