Edito : Le silence des pantoufles




Le meurtre de Clément Méric a provoqué un soubresaut au sein d’une gauche qui avait oublié que le fascisme tuait. Reste à voir si au-delà des manifestations unitaires qui ont suivi le drame, un travail antifasciste de masse et de classe sur le long terme sera enfin mené.
Et du travail antifasciste, il y en a ! Pour une grande majorité de la presse, l’enjeu de ce « fait divers » est de savoir qui a été « violent », qui a « provoqué » l’autre… Le fait que des fascistes affichent des symboles ouvertement racistes (« white power »…) ne semble pas être un motif valable de réprobation.

Dans le petit monde des élites respectables, tout se déroule comme si cette affaire ne concernait qu’un autre petit monde, celui des militants et militantes de gauche, qui l’ont bien cherché… puisqu’ils manquent de respect à de gros méchants nazis. Moralité : « Fermez-la, il ne vous arrivera rien ! »

Malheureusement, un couple de lesbiennes de Lille, passé à tabac le 4 juin par des « veilleurs » opposés au mariage gay, n’a pas eu cette chance. C’était peut-être aussi leur faute ? Fallait être hétéro !
De même que ce Sénégalais, poignardé par quatre nazis à Metz le 9 juin, qui a eu l’audace de ne pas cacher sa couleur de peau…

Ce discours a pourtant déjà montré où il menait il y a quelques décennies. Une fois de plus le silence des pantoufles ne sert qu’à faire oublier le bruit des bottes. Qu’on le veuille ou non, le fascisme ne doit plus être considéré uniquement comme un dégât collatéral de la crise appelé à disparaître tout seul en des temps meilleurs.

Alternative libertaire, le 30 juin 2013

 
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