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Education : Le tyran se tire, et d’un coup on respire !




Après six jours de grève, le collège des Escholiers-de-la-Mosson, à Montpellier, a obtenu le départ de son principal, accusé de maltraitance.

« Au collège des Escholiers/ Les sourires sont retrouvés/ Y avait un chef scélérat/ Et maintenant il n’est plus là/ Une grève autogérée/ Reconduite à chaque AG/ L’a mis hors d’état de nuire/ Lui et ses lamentables sbires » On aura reconnu là une chanson anarchiste bien connue, La Java des Bons-Enfants, réinventée par les grévistes du collège des Escholiers-de-la-Mosson après leur victoire sur l’arbitraire !

Ça faisait deux ans que le personnel accusait le principal de maltraitance. Un mouvement inabouti avait déjà eu lieu il y a quelques mois, mais c’est la tentative de suicide d’une collègue, en avril, qui a mis le feu aux poudres. À la sortie du confinement, on a bâti un collectif pour libérer la parole des collègues en souffrance. Ça a créé une forte solidarité et, à partir de là, personne n’est resté isolé. L’autogestion a été l’élément-clé de la lutte. La totalité des décisions ont été prises en AG et toutes les propositions et les inquiétudes ont pu être entendues et débattues.

On ne retourne pas bosser tant qu’il est là

Si certaines et certains avaient déjà perdu toute confiance dans l’institution, d’autres plaidaient pour attendre qu’elle réagisse. Il a fallu les convaincre que seule la grève marcherait. Heureusement le rectorat a beaucoup aidé en faisant la sourde oreille et en avançant des solutions inadaptées. On a fini par dire clairement qu’on exigeait le départ du principal et qu’on ne retournerait pas bosser tant qu’il serait là.

La grève a démarré à la rentrée de septembre et comme, on était dans la perspective d’une grève longue, on a créé une caisse de grève, en donnant la priorité aux collègues les plus précaires. Pas mal de dons de proches et de camarades nous ont permis de tenir, financièrement et moralement. Les syndicats, en particulier SUD-Éducation, ont beaucoup aidé. Toujours en phase avec le collectif face à l’institution, et diffusant de l’information sans pour autant se substituer à la volonté des grévistes.

Avec une telle dynamique, au bout de six jours de grève, les collègues se sentaient invincibles, et le rectorat l’a bien vu, avec une manif chaque jour devant sa porte. Et puis ça commençait à chauffer dans le quartier avec les parents qui voulaient que leurs gamins retournent en classe.

Le rectorat a fini par céder sans l’avouer : le principal du collège a été muté et une enquête du CHSCT est en cours. Le collège où il a été parachuté s’est mis en grève avant même qu’il atterrisse, refusant ce « jeu des chaises musicales ». Il a pris ses fonctions mais d’après les collègues il sort très peu de son bureau, alors que la lutte est toujours en cours.

De notre côté, on a fait la fête : « Au collège de la Mosson/ On nous prend plus pour les cons/ Y avait un patron pourri/ Et grâce à nous il est parti ! » Cette victoire fait du bien : c’est un pas pour se réapproprier sa vie au travail, et nous le plaçons dans la perspective de notre lutte pour une société sans hiérarchie ni inégalités !

Victor (UCL Montpellier)

 
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