Éducation nationale : Les lycées pro font de la résistance




Ces cinq dernières années, l’enseignement professionnel, avec les RASED et la filière STI, a été l’un des secteurs de l’Éducation nationale les plus attaqués par les réformes. Après plusieurs années de casse, on a assisté ce printemps à un sursaut dans l’académie de Versailles.

L’enseignement professionnel à d’abord été touché par la généralisation du bac professionnel en trois ans (à la place du cycle BEP et bac pro en quatre ans), dont les conséquences pédagogiques se font d’ailleurs sentir, avec une augmentation très nette du décrochage scolaire et de la sortie sans qualification. Il a ensuite été affecté par les décisions de fermetures de formations de CAP, au prétexte que les ouvertures dans le privé ont été supérieures aux prévisions. Le rectorat a donc décidé de faire un cadeau à l’enseignement privé et à l’apprentissage. Et cela risque de continuer, Sarkozy ayant annoncé vouloir mettre en alternance les années de terminales des formations professionnelles…

[*Suppressions de postes en série*]

En plus, comme dans l’ensemble du second degré, les taux d’heures supplémentaires imposés par l’administration augmentent chaque année, jusqu’à engendrer des « mesures de carte scolaire » (déplacement d’un enseignant sur un autre établissement) ou licenciement d’enseignants contractuels. Les situations deviennent aberrantes : trois professeurs doivent se partager 18 heures supplémentaires et le contrat d’un de leur collègue non-titulaire n’est pas reconduit. En effet, l’administration parle de suppressions de « postes vacants », mais ces postes, surtout en lycée professionnel (LP), n’ont de vacant que le nom. Ils sont pour bon nombre occupés par des non-titulaires, souvent depuis des années. Les quarante-trois postes dit « vacants » de profs de lycées professionnels (LP) supprimés dans l’Essonne, ce sont quarante-trois vacataires que l’on expédie à pôle-emploi. C’est donc bien un véritable plan social qui touche l’enseignement professionnel !

Lorsque le mouvement a démarré en février, les formes d’actions étaient classiques : journée de grève massive, manifestations intersyndicales devant l’inspection d’académie, participation aux journées nationales... Mais le mouvement va se radicaliser dans certains établissements devant l’absence de réponse de l’administration.

Les LP Perret et Baudelaire d’Évry vont être à la pointe de ce mouvement. Ils sont emblématiques de cette politique de casse de l’éducation qui vise à enlever le plus de moyens aux élèves qui en ont le plus besoin. En effet, ces LP cumulent les labels de l’éducation prioritaire (Zep, APV…). Pourtant, le poids des suppressions peut être énorme – Perret voit par exemple disparaitre huit professeurs sur cinquante-sept.

[*Intervention policière de valls*]

Depuis deux mois, les assemblées générales communes aux deux LP ont reconduit le mouvement. Les actions se sont succédées, avec des occupations de nuit, des blocages de lycées, des manifestations, une action d’enterrement de l’enseignement professionnel avec un die-in dans le centre commercial d’Évry2. Les lycéens ont rejoint le mouvement et vont bloquer l’entrée des établissements, ce qui donnera lieu à des interventions musclées de la police municipale de Valls…

Un autre point de fixation, va se constituer autour du LP Eiffel à Massy. Au retour des vacances d’hiver, l’établissement se met en grève massivement. Le mouvement va, là aussi, s’inscrire dans la durée, malgré des tentatives d’intimidation par l’administration, qui va utiliser le prétexte du devoir de réserve des fonctionnaires en période électorale pour empêcher la grève.

Le lien entre les profs de LP et les enseignants des RASED [1] Massy va s’effectuer. Cela va aboutir à une belle manifestation samedi 31 mars. Quelques 250 personnes, enseignants, parents d’élèves, élèves ont marché du lycée Fustel-de-Coulanges au lycée Gustave-Eiffel. Une traversée des quartiers populaires de la ville, sous les applaudissements de la population qui regarde le défilé depuis les balcons.

Le mouvement continue, avec une manifestation des parents d’élèves des quatre départements de l’académie à l’appel de la FCPE qui s’est tenue devant le rectorat le mercredi 11 avril.

Roger (AL Paris Sud)

[1Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté

 
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