Ecologie

Effondrement : Attention au fantasme du Grand soir écolo




Pour pas mal de militants écologistes, l’effondrement serait ce nouveau moment-clef capable de mettre en échec le capitalisme et de faire naître une nouvelle société. Réalité ou fiction  ?

Dans son ouvrage Le Réalisme capitaliste, Mark Fischer résume ainsi son idée « Il est plus facile d’imaginer une fin du monde que celle du capitalisme ». Entre la pandémie, les incendies, les inondations ou les difficultés énergétiques, notre époque peut prendre une allure de fin du monde surtout quand l’on sait que ces problèmes vont devenir non seulement de plus en plus fréquents mais aussi de plus en plus intenses. Il est alors tentant de voir, malgré la misère et la destruction causées dans cette fin du monde, une porte de sortie du monde qui l’a engendré. C’est ce qui regroupe en tout cas celles et ceux qui soutiennent l’hypothèse d’un effondrement.

S’il en existe une version réactionnaire qui le conceptualise comme un retour à la loi du plus fort capable d’épurer la société, il en existe une version opposée, qui y voit un moment capable de fédérer l’entraide et la solidarité et de planter les germes d’un monde meilleur. Cependant même la version qui s’appuie sur des valeurs progressistes est douteuse.

La thèse centrale de l’effondrement repose sur le dépassement d’un pic en matière première qui rend le capitalisme incapable d’alimenter sa croissance infinie. Mais cela suffira-t-il à faire table rase du passé  ? Les premières victimes des crises économiques et écologiques à venir seront les classes populaires, pas la bourgeoisie. Il n’y a d’ailleurs aucun doute que cette dernière va se battre pour défendre sa domination. Pour maintenir son profit, elle sera sûrement même amenée à significativement intensifier son exploitation du prolétariat qu’il soit international ou national. Face au déclassement, le réflexe de solidarité entre exploitées est très loin d’être universel et le contexte pourrait favoriser, à contrario les courants les plus réactionnaires et autoritaires. N’oublions pas que le capitalisme profite déjà largement des différentes crises pour renforcer son emprise, c’est largement grâce à celles-ci que le néolibéralisme a pu se développer comme au Chili dans les années 1970 ou dans l’ancien bloc dans l’Est dans les années 1990. Beaucoup sont déjà celles et ceux à travers le monde mais aussi en Europe à voir leur environnement détruit et leur vies réduites à la pire exploitation.

Plus récemment, quantité de personnes ont parlé de monde d’après, au plus fort de la crise du Covid, mais ces appels sont restés incantatoires. Pire, c’est bien l’extrême-droite et les complotistes qui ont tiré profit de la crise alors que les questions de santé passaient au second plan.

Les temps à venir seront troublés mais attendre l’effondrement du système sous ses contradictions relève de l’illusion voire du privilège car celui-ci n’hésitera pas à toujours plus détruire pour se maintenir. Gardons-nous donc de fictions pleines d’idéalisme pour prévoir le futur et luttons dès à présent pour la défense de notre classe et le renforcement de réseaux d’entraide et de solidarité.

Corentin (UCL Alsace)

 
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