Ecologie

Energie : Plan de sobriété morale pour le gouvernement




Le contexte énergétique particulièrement tendu de cet hiver a été l’occasion de voir ce qu’un gouvernement libéral avait à proposer une fois au pied du mur énergétique. On ne retiendra qu’une remarquable escroquerie qui prêterait à rire si les enjeux n’étaient pas aussi importants.

Si la dépendance aux énergies fossiles de notre société est une donnée connue, cet hiver est un rappel douloureux des implications quotidiennes d’une telle dépendance. Depuis les chocs pétroliers des années 1970, la France a pourtant cherché à assurer sa souveraineté énergétique en multipliant ses sources d’imports d’énergies fossiles mais surtout en fondant son mix électrique sur l’énergie nucléaire. On ne peut que constater un échec de ce coté-là avec un nombre important de réacteurs inactifs obligeant la réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold et l’importation d’énergie électrique allemande. Le gouvernement a également mis en place un bouclier tarifaire pour limiter les impacts de la crise sur l’économie.

Coté producteurs d’énergie, la situation est simple. Si vous êtes EDF, acteur public, vous devez vendre votre énergie à perte aux concurrents. Sans surprise, ces pertes ont mis EDF en situation financière critique, amenant l’État a acquérir les parts qui lui manquaient dans le capital de l’entreprise publique. Cette acquisition fait craindre une nouvelle tentative de démantèlement après l’échec du projet Hercule – on appréciera l’ironie quand on sait que les concurrents à qui EDF a dû vendre ses parts sont issus du démantèlement du service public. Si en revanche vous êtes un acteur privé, l’État vous donne tout l’argent qu’il faut pour que vous puissiez profiter pleinement de la crise et accroître votre taux de profit. L’intervention de l’État pour favoriser le grand capital n’a rien de nouveau, c’est une des bases du néolibéralisme, mais l’indécence de la démarche est terrible.

Secteurs publics toujours sacrifiés

Cette indécence a été critiquée jusque dans les rangs de la petite bourgeoisie. Des factures énergétiques à parfois +150 % ont en effet mis en difficultés des artisans qu’on avait poussé à s’endetter pour acquérir du matériel toujours plus énergivore. Les plus petites entreprises ont pu bénéficier du bouclier tarifaire mais ce n’est pas le cas d’autres secteurs (encore) publics. En Alsace, on a pu voir l’université fermer pendant une semaine pour enrayer les dépenses et les hôpitaux ont dû improviser, coincés entre la vétustés des locaux, les contraintes budgétaires et la nécessité de fournir des conditions correctes aux patients.

Face à ce contexte difficile, le gouvernement a agi en s’emparant de la «  sobriété  » mise en avant par plusieurs associations écologistes. Dommage qu’il en ait profité pour interpréter le mot à sa façon. Exit donc l’usage raisonné de l’énergie ou l’arrêt d’activités polluantes. A la place, on va demander à la populations de faire des écogestes. De nombreuses associations ont critiqué, à raison, les objectifs de tels mesures qui sont minables au vu des enjeux. On peut reprocher aussi l’occasion manquée qu’a été cette séquence pour les énergies renouvelables, mais difficile d’attendre quoi que ce soit d’une ministre dont la famille bénéficie de l’industrie pétrolière. On peut surtout avoir la haine de voir nos dirigeants se pavaner en col roulé hors de prix pour nous demander de faire un effort pour la planète et derrière faire des allers-retours en jet privés. Ils ne font même pas semblant de croire aux salades qu’ils racontent.

La gestion de la crise énergétique s’est apparentée à une mauvaise farce dont nous serions les bouffons. Loin de résoudre les problèmes soulevés, la politique générale consiste à donner au grand capital tout en faisant couler les services publics. Quel immonde culot de venir ensuite nous demander de nous crever au travail plus longtemps pour pouvoir réinvestir dans l’école ou l’hôpital. Le contexte mondial de l’énergie nous oblige à anticiper une prochaine crise énergétique et nous savons déjà qu’elle sera l’occasion d’une nouvelle expression la violence de la classe dirigeante sans aucune marge pour les plus démunies.

Corentin (UCL Alsace)

 
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