Mini-dossier

Energie éolienne : ne pas se tromper de contestation




La gauche écologiste et libertaire soutient l’éolien, mais combat les mégaprojets capitalistes. L’extrême droite, elle, rejette l’éolien parce qu’elle promeut cette «  fierté nationale  » qu’est l’industrie nucléaire.

Lors des dernières élections régionales, le RN avait tenté de capitaliser sur des mécontentements réels concernant des mégaprojets de fermes éoliennes, en faisant de ces dernières la cible privilégiée de leur nouvelle doctrine écologique. Derrière cette pseudo conversion bucolique à l’écologie se cache un attachement, bien réel celui-là, aau nucléaire.

L’extrême droite est assez discrète sur tout ce qui touche aux énergies. Faut-il s’en étonner  ? Toutefois s’il y a une question sur laquelle elle est à l’unisson et s’exprime bruyamment, c’est bien sur la question des éoliennes. Pour Zemmour, les éoliennes sont une «  catastrophe  » et un «  danger  ». Marine Le Pen s’est engagée à en finir avec les financements de l’État pour cette filière et à démonter toutes les éoliennes existantes. La droite n’est pas en reste, puisqu’à l’exception de Pécresse qui l’inclut dans son mix énergétique, les autres candidats de la primaire des Républicains y étaient clairement hostiles.

Cela étant dit, sur le terrain des luttes contre les projets de parcs industriels éoliens, on voit rarement l’extrême droite. Ce sont plutôt les courants libertaires, autonomes, antiproductivistes et écologistes qui sont les fers de lance de la contestation. Alors qu’est-ce qui distingue la critique écologiste, libertaire et autonome de l’écologie en carton incarnée par l’extrême droite et la droite extrême dans toutes leurs nuances vert de gris  ?

des éoliennes de taille modeste

Pour la réaction, priorité doit être donnée au nucléaire dans une logique productiviste et de souveraineté nationale. En cela, elle est en parfaite harmonie avec les libéraux macronistes qui veulent relancer l’énergie nucléaire et profiter de la présidence française de l’Union européenne pour la faire reconnaître comme énergie verte.

Il est du reste intéressant de voir que c’est bien à l’extrême droite que Macron va chercher ses principaux soutiens (Hongrie, Pologne) afin de consolider le complexe nucléaire industriel français. Champion du greenwashing, Macron milite pour une accumulation énergétique et une augmentation de la production d’électricité en soutien au capitalisme productiviste, finalité sur laquelle il s’accorde avec une extrême droite également opposée à la sobriété énergétique.

Sur le terrain, la critique, menée par les associations de défense de l’environnement et les collectifs d’habitantes dans lesquels partisanes de l’écologie sociale, libertaires, autonomes ou encore membres de la Confédération paysanne sont souvent présents, est de nature très différente. Ce n’est pas l’énergie éolienne qui est rejetée, mais bien une logique industrielle. Cette dernière se traduit par l’accaparement de terres agricoles mais aussi des projets spéculatifs qui ont pour objectif essentiel l’exportation d’électricité.

C’est le cas en Aveyron, département déjà autosuffisant en électricité du fait de la production assurée par les barrages. Le rejet porte sur des projets centralisés visant à développer un marché capitaliste de l’électricité qui ne profite nullement aux populations si ce n’est à de grosses sociétés et, à la marge, à une minorité de petits propriétaires qui en tirent des redevances.

Contre ces projets qui contribuent à la désertification par l’industrialisation des campagnes, les défenseurs d’une énergie renouvelable, respectueuse des terres agricoles et de la biodiversité militent pour des éoliennes de taille modeste (une dizaine de mètres en lieu et place des mâts de 120 à 150 mètres) conçues pour de petites unités de production et pour les populations locales. Face à l’extrême droite et à ses discours simplistes et outranciers opposons nos projets de société solidaires et respectueux des populations et de leurs habitats.

Laurent (UCL Aveyron)

 
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