Enseignement agricole : Fronde au Fresne, contre la casse des formations




Un conseil d’administration houleux, envahi par les salarié.es en tenue de chantier, truelle et marteau à la main, bidons, cornes de brume…
Une petite révolution dans cet établissement d’ordinaire si calme.

Branle-bas de combat sur l’établissement d’enseignement agricole Le Fresne, à Angers ! Début décembre, un coup de colère a secoué ce gros centre qui compte plus d’une centaine de salarié.es et dispense des formations à environ 800 jeunes et adultes. Mais surtout, ce coup de colère a soudé les personnels, ce qui est inédit sur un site divisé en pôles généralement assez cloisonnés : un lycée agricole, un centre de formation pour adulte (CFPPA) et une exploitation agricole.

Le déclencheur de la colère a été le sabrage du budget du CFPPA par le conseil régional, lorsqu’il a décidé de moins financer les bacs pro et BTS Aménagements paysagers, pourtant le cœur d’activité du CFPPA. Motif : « Ce n’est pas le domaine agricole ». Cela faisait deux ans que les syndicats du site, Snetap-FSU et SUD-Rural, et l’ensemble des élu.es du personnel protestaient en vain.

Pendant ce temps, le déficit se creusait de mois en mois :
 en juin on était à -100 000 euros sur le CFPPA (-200 000 sur l’établissement) ;
 en octobre, on atteignait -400 000 euros sur le CFPPA (-600 000 sur l’établissement).

Et voilà que la réalité rattrape tout le monde quand la direction du Fresne, avouant la situation, commence à parler licenciements. Presque tout le personnel accourt. Stupeur, angoisse, et bientôt colère. L’engrenage est enclenché : les jours suivants, les syndicalistes renversent le discours officiel : non ce n’est pas « la loi du marché » ; non ce n’est pas vous qui faites un mauvais travail ; le déficit a été créé par la Région. On voit l’unité se renforcer très fortement. Les esprits sont mûrs pour la riposte.

Dépôt de motion au son du tambour

Le 26 novembre on convoque donc une heure d’info syndicale juste avant la réunion du conseil d’administration. Bingo : 90 % des gens débarquent, aussi bien profs que formateurs en tenue de chantier avec truelle, marteau, bidons, cornes de brume, canon à étourneaux, bref, les grands moyens ! Les administrateurs entrent sous les huées. Et dès le début, le CA est envahi, une lettre ouverte est lue... Conforté.es par la masse et par l’ambiance, les syndicalistes se font plaisir : ton offensif, interventions multiples, dépôt de motions au son du tambour, interruption de séance, menace de ne pas voter le budget.... Premier résultat : une prime exceptionnelle pour nos trois accompagnants d’élèves handicapés, payée par le ministère, alors qu’au conseil d’administration précédent on nous certifiait que c’était totalement impossible.

Et maintenant ? L’objectif est de récupérer le financement des formations condamnées par la Région. Rien n’est gagné, parce que le conseil régional fait comme si de rien n’était. Mais le plus important est qu’à présent nous sommes en ordre de bataille, sorti.es de l’attentisme individuel qui prévalait. La lutte ne fait que commencer.

Georges Jackson (AL Nantes)

 
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