Enseignement secondaire : le Snes englué dans le dialogue social




Le dernier congrès du Snes-FSU, qui s’est déroulé en avril, est l’occasion de revenir sur la situation de ce syndicat. Bilan critique par un militant de la tendance Émancipation.

Le congrès national du Syndicat national des enseignements du second degré (Snes), s’est tenu du 2 au 6 avril à Reims. Avec environ 60 000 syndiqués (contre 90 000 il y a une vingtaine d’années), le plus gros syndicat de la Fédération syndicale unitaire (FSU) n’est plus aussi représentatif du second degré qu’il l’a été autrefois...

Le bilan de ces dernières années de sarkozysme est une vraie catastrophe : des dizaines de milliers de postes supprimés. Avec le tri social, la pénurie et même la perte de sens, collèges et lycées sont de plus en plus souvent des lieux de souffrance pour les élèves comme pour les enseignants et enseignantes.

[*Attentisme*]

Le syndicat n’a pas pu ou voulu vraiment empêcher des attaques gouvernementales qu’on ne peut même pas qualifier de contre-réformes : destruction du système de retraites, destruction de la formation des enseignantes et enseignants, évaluation managériale, abolition de la carte scolaire… Le Snes continue de prôner une diversification à outrance de l’enseignement secondaire en prétendant que cela aide à la démocratisation alors qu’à l’évidence, c’est par cette « diversification » que s’opère le tri social.

L’hostilité du Snes à toute titularisation de personnels précaires sans concours ne change pas alors qu’une nouvelle catégorie de précaires est en plein développement dans les vies scolaires. Une très légère évolution sur la laicité : le Snes « déplore » le dualisme scolaire, mais il n’est pas question pour lui de s’attaquer à l’enseignement privé.

[*New Deal*]

La lutte des classes n’est présente dans aucun texte du Snes ou de la FSU. Les très rares fois où le mot « capitalisme » est cité, c’est immédiatement « capitalisme financiarisé ». Pour la direction, le capitalisme, c’est comme le cholestérol : il y a le bon et le mauvais. Leur alternative, c’est un New Deal où les grands travaux de Roosevelt seraient remplacés par les services publics.

La préoccupation essentielle de l’appareil du Snes, c’est la représentativité, la reconnaissance institutionnelle et ce qui va avec : les décharges syndicales. C’est pour des questions de représentativité que les directions du Snes et de la FSU songent à un rapprochement (voire une fusion) avec la CGT. La direction de la confédération est sur la même ligne de non-généralisation des luttes et la CGT apparaît de moins en moins comme un syndicat de classe. Rien ne prouve que ce rapprochement aboutira : le Snes s’est construit sur des bases très corporatistes et une partie de la base ne suivra pas.

Au niveau international, Snes et FSU font le forcing pour être admis à la Confédération européenne des syndicats (CES) et à la Confédération syndicale internationale (CSI), officines de collaboration de classes s’il en est. La direction du Snes a également invité un « syndicaliste » israélien (de la Histadrout, dont le sionisme assumé et la corruption ont été maintes fois dénoncées) au congrès.

Et l’action ? Quelle action ? Le Snes pratique depuis des années les grèves rituelles de 24 heures et l’unité d’action à tout prix avec les syndicats les plus droitiers. Il n’y a pas de raison que ça change. Il y a toujours la même allergie aux assemblées générales et à l’auto-organisation.

[*Seule émancipation propose une autre orientation*]

Parmi les tendances minoritaires, Pour la reconquête d’un syndicalisme indépendant (PRSI, lambertiste) n’est plus une tendance d’opposition. Ses membres votent généralement pour la direction avec parfois de vagues amendements.

L’École émancipée (qui ne correspond plus politiquement au NPA actuel) ne sait plus sur quel pied danser. Il lui arrive de proposer des amendements intéressants (sur le vote des étrangers à toutes les élections ou la sortie du nucléaire) mais globalement ses militants accompagnent la direction syndicale sur le corporatisme, l’élitisme ou le refus des luttes.

Seule Émancipation propose sur tous les sujets une autre orientation. Avec des résultats intéressants dans ce congrès où systématiquement ses motions ont été reprises par plusieurs délégations.

Pierre Stambul (militant Snes-FSU, tendance Émancipation)

 
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