Entretien avec un postier de Rouen-Madrillet : « Ce combat va laisser des marques »




Nous avons rencontré un postier de la Pic du centre de Rouen-Madrillet qui fait le point sur le mouvement.

Quel est le motif du dernier conflit ?

L’an dernier, après des mois de négociation, ponctués de grèves et de manifestations, nous avons pu trouver un compromis sur les horaires de travail et le maintien des agents en sureffectif à la Pic sur leur horaire de nuit.

En juin la direction a fait volte-face et a décidé d’imposer un nouvel horaire (22h/6h au lieu de 21h/6h soit 11 nuits de travail supplémentaires par an) aux collègues sureffectifs de nuit, et d’en muter certains en service jour. Le 12 septembre, la brigade de nuit a voté massivement la grève illimitée.

Comment s’est déroulée la grève ?

La première semaine, la grève a été majoritaire en nuit et en après midi. Nous avons décidé de rendre visible notre mouvement en installant un campement en face des grilles du centre. Ce campement est resté jusqu’à la fin septembre. Jour et nuit, des grévistes s’y sont relayé-e-s, la presse est venue, on a eu beaucoup de visites de salarié-e-s solidaires, certains apportant de quoi boire et manger. Le 23 septembre, profitant de la journée de manifestation sur les retraites, on a appelé à un rassemblement devant le centre le soir, au moment de l’arrivée des camions, ce qui a « un peu » perturbé le trafic.

Comment avez-vous concilié la grève locale et le mouvement social sur les retraites ?

En fait, le service jour a cessé la grève illimitée en septembre mais un grand nombre d’agents étaient en grève sur les journées nationales et une minorité a de nouveau fait plusieurs jours de grève entre le 12 et le 22 octobre. En nuit, beaucoup sont restés en grève durant toute la période. Après l’AG dans le centre de tri, les grévistes allaient rejoindre le blocage du dépôt de carburant Rubis, situé à quelques kilomètres. On était très nombreux du centre dans toutes les manifs, mais également dans les actions de blocage.

Un matin le centre a été bloqué de 5h à 7h30 par une centaine de manifestants, postiers, salariées d’autres secteurs et étudiants. Tous les postiers étaient masqués pour éviter d’être reconnus par les cadres et l’huissier présent sur les lieux. On a aussi fait des collectes dans les manifestations du samedi qui ont bien marché.

Où en êtes-vous maintenant ?

Deux mois d’actions et grèves ont été insuffisants pour obtenir gain de cause. Il a fallu concéder le 22h/6h pour obtenir le maintien de la majorité des sureffectifs, plusieurs collègues ont trouvé des emplois en dehors de la Pic et quelques-uns ont du accepter d’aller en jour. Le changement de patron fin octobre a aussi marqué un raidissement de la direction, la nouvelle directrice ayant visiblement pour mission de remettre de l’ordre dans le centre.

C’est sûr que ce combat va laisser des marques. Il va pourtant falloir de nouveau se mobiliser, car l’accord sur les horaires de travail se termine le 3 avril 2011, et la direction a convoqué les syndicats pour une négociation sur de nouveaux horaires qui seront certainement pire que les horaires actuels.

 
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