Éoliennes industrielles : Une ZAD en Aveyron ?




État des lieux et retour sur l’historique d’une contestation d’un grand projet inutile et imposé (GPII). Face aux échéances importantes auxquelles est confrontée cette lutte, un tel exercice est nécessaire à la clarté des débats.

Le village de Saint-Victor-et-Melvieu (350 habitant.es) est un de ses territoires qui a toutes les qualités requises pour passer inaperçu. Situé sur les hauteurs de Saint-Affrique, il est convoité depuis une dizaine d’années par des entreprises bien placées sur le marché très juteux des éoliennes industrielles.

Le Réseau de transport d’électricité (RTE) l’a choisi comme terrain de jeu pour implanter un deuxième transformateur électrique, le premier n’étant pas assez puissant pour ses ambitions financières dans le domaine de l’énergie renouvelable. Le but de cet aménagement est de pouvoir redistribuer de l’électricité non stockable sur le réseau. Il l’a ciblé, pensant avoir trouvé un territoire docile. En effet la lutte héroïque et massive contre le camp du Larzac est loin et certains élu-es sont peu regardant sur le fait que la promesse de partenariat public-privé doit profiter essentiellement aux gros bonnets du secteur comme le précise le journaliste de Reporterre Grégoire Souchay dans une enquête de terrain sur le sujet  [1].

L’industrialisation des campagnes

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce qu’une villageoise élue au conseil municipal mette son nez dans le dossier et s’aperçoive en 2009, qu’en signant «  le contrat de mariage  », la municipalité imposerait à des paysans de renoncer à une partie de leurs terres agricoles  ; que le village abriterait de nouvelles lignes à haute tension et que l’électricité verte produite résulterait de l’implantation de plus de 1 000 éoliennes réparties entre les différents cantons environnants. Les habitant.es opposé.es au projet créent alors l’association «  Plateau survolté  » pour se défendre et faire échec au projet.

Ils et elles sont rejoint.es en 2014 par un groupe de militant.es autonomes, écologistes et libertaires qui créent l’Amassada (assemblée en occitan). La dite assemblée s’ouvre à la population et s’installe sur le terrain de 10 hectares visé par RTE avec la bienveillance de la nouvelle municipalité, l’ancienne venant d’être désavouée par les électeurs et électrices pour avoir trop copiné avec RTE.

L’Amassada découvre alors que Saint-Victor est un nœud essentiel sur l’autoroute des éoliennes qui s’étend de la Suède au Maroc et qu’il est au cœur d’une stratégie capitaliste d’industrialisation des campagnes. Ce qui est en cause ce n’est pas l’énergie renouvelable, seule alternative viable et opposable au nucléaire, mais une logique d’accumulation qui permettra de faire passer la part du nucléaire à 50 % au lieu de 75 % sans même réduire la production d’électricité nucléaire. CQFD.

RTE a promis de commencer ses travaux à l’automne 2018. Pour autant les opposant.es ne lâchent rien. Certain.es ont fait le choix de résider sur le plateau où les tractopelles sont attendues. Deux nouvelles plaintes en justice contre RTE sont en cours d’instruction. Une marche contre l’industrialisation des campagnes et pour un usage collectif du territoire aura lieu samedi 22 septembre de Saint-Affrique à Saint Victor. Elle permettra également de dénoncer le harcèlement policier dont certaines et certains opposants (Amassada, Plateau survolté et Alternative libertaire) font l’objet.

L.E (AL Aveyron)

[1Grégoire Souchay, Les Mirages de l’éolien, Seuil, 2018.

 
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