mouvement social

Et maintenant : tout bloquer !




Les syndicalistes de l’appel « On bloque tout ! » tenaient meeting jeudi 19 mai, au soir d’une nouvelle journée de grève. Dans la grande salle Croizat de la Bourse du travail de Paris, ce sont 200 militant.e.s qui sont venu.e.s échanger sur la mobilisation en cours. Impressions.

Lancé le 22 mars, l’appel des syndicalistes « On bloque tout ! » participe aujourd’hui incontestablement du mouvement social en cours avec plus de 1500 signataires… dont plus de 100 structures syndicales en tant que telles (de la CGT, la CNT, la CNT-SO, SUD-Solidaires pour l’essentiel).

Avec un site et une page Facebook très active, l’envoi de milliers d’autocollants aux quatre coins de l’hexagone, des contributions régulières du Collectif d’animation qui ont rythmé l’actualité de la lutte (sur la répression, la reconduction de la grève…), l’appel est aujourd’hui un fil conducteur qui relie des centaines d’équipes syndicales par-delà leurs étiquettes organisationnelles.

Dans quelques villes (à Marseille, Nantes…) des collectifs locaux rassemblant militant.e.s CGT, CNT, CNT-SO, FSU et SUD-Solidaires ont même vu le jour. On peut donc considérer que l’appel a contribué à ancrer la perspective du blocage de l’économie comme condition d’un mouvement gagnant. Voilà, peu ou prou, ce qui donnait tout son intérêt au meeting de mobilisation du jeudi 19 mai.

Deux interventions « thématiques », une sur la répression du mouvement, l’autre sur les liens interprofessionnels à partir de l’exemple de Saint-Denis (93), lançaient le meeting. Une série d’interventions sur l’état de la mobilisation par des syndicalistes SUD et CGT de différents secteurs professionnels suivaient — SNCF, Poste, Aérien, éducation, étudiant.e.s, Commerce — qui ont permis de mieux mesurer les difficultés rencontrées… mais aussi la volonté de lutter !

Les structures interprofessionnelles clôturaient la « partie meeting » : la CNT, la CNT-SO, la tendance intersyndicale Émancipation et l’Union syndicale Solidaires ont ainsi pris la parole. Enfin, une rapide synthèse et quelques propositions étaient faites avant de laisser la parole à la salle pour des interventions qui ont souligné la nécessité de construire la convergence des grèves et d’organiser le blocage de l’économie.

Que retenir de ce meeting ?

D’abord la question, sensible, de la résistance à la répression reste d’une brûlante actualité : lors du meeting ont été annoncées la mise en garde à vue de cinq camarades de Solidaires étudiant.e.s à Rennes et Lille, la perquisition des locaux de Solidaires Ille-et-Vilaine, et, plus grave, l’incarcération en préventive d’un camarade de la CGT Valenciennes. Il nous reste à organiser plus et mieux la nécessaire solidarité intersyndicale.

Autre annonce de la soirée, celle du blocage des raffineries a elle suscité les applaudissements de la salle. D’autant que les blocages économiques dans de nombreuses villes sont désormais partie intégrante du répertoire d’action, la stratégie portée par l’appel « On bloque tout ! » collant pleinement à cette réalité de la lutte.

Reste la question de la grève. Peu d’interventions ont exigé un appel incantatoire à la grève générale des « directions » syndicales, tant il est évident que la grève « presse-bouton » n’est pas un scénario possible (ni même souhaitable)… et ce, tout simplement parce qu’il reste à convaincre à la base et sur le terrain de cesser le travail, même pour quelques heures !

Pour autant, pour tout le monde, la grève n’est pas une étape qu’on peut écarter. Il s’agit simplement de faire le plus possible avec la réalité de la mobilisation sur nos lieux de travail et d’articuler action gréviste, blocages de masse et expériences d’auto-organisation.

Théo Roumier (collectif d’animation de l’appel « On bloque tout ! »)

 
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