Communiqué UCL

Face aux attaques contre le mouvement de libération du Kurdistan, toutes et tous dans la rue le 11 juin




Le 19 juillet 2022 marquera les 10 ans de la révolution du Rojava, permise par la vague de soulèvements populaires du printemps des peuples. Depuis, les révolutionnaires kurdes ont, au fil de leur lutte contre Daesh (2014-2019), autonomisé une large partie du territoire syrien…

Ils et elles ont construit l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), qui base son système politique sur 3 pilliers :
 La libération des femmes grâce à leur organisation autonome
 La démocratie radicale dans un système de fédération des communes, organes décisionnaires de base
 L’écologie

Ce système politique est appelé le confédéralisme démocratique. Il est aussi expérimenté dans d’autres parties du Kurdistan comme au Bakur (Kurdistan du nord / Etat turc) ou encore au Bashur dans l’Administration autonome de Shengal (Kurdistan du sud / Etat irakien).

Cette expérience est depuis longtemps attaquée et menacée de toute part, notamment par un embargo qui limite drastiquement les moyens d’approvisionnement de l’AANES. Face à cela, de nombreuses actions de solidarité sont nécessaires. La dernière en date : les Brigades internationalistes de travail. Il s’agit d’un appel aux volontaires internationalistes à venir prêter main forte aux coopératives qui se construisent afin de renforcer l’autonomie économique de la région. La première brigade, composée de 25 volontaires de 8 pays différents, a essayé de traverser la frontière du Rojava via l’Irak pour 21 jours de formations, de visites et de travail collectif dans des coopératives. Néanmoins, les internationalistes ont été refoulés au poste-frontière par l’administration du PDK (Parti démocratique du Kurdistan) qui contrôle les entrées au Rojava. Nous dénonçons cette attitude, qui participe à saper les expériences émancipatrices du nord et de l’est de la Syrie au profit d’une alliance avec l’État turc, qui se retournera pourtant un jour ou l’autre contre eux.

L’État turc s’est construit sur le génocide des populations arméniennes, assyriennes et grecs orthodoxes et occupe le nord du Kurdistan depuis 100 ans. Ce régime est basé sur le modèle d’uniformisation nationaliste, d’assimilation forcée et d’annihilation de toutes les revendications culturelles ou politiques des minorités. Cela se traduit encore aujourd’hui par la répression des mouvements révolutionnaires et particulièrement du mouvement de libération du Kurdistan menée par l’alliance entre l’AKP (Parti de droite nationaliste, néo-libéral et religieux) et le parti fasciste du MHP. Ce gouvernement a notamment commandé les trois récentes opérations militaires d’occupation en Syrie.

Depuis le 17 avril, l’armée turque a de plus lancé une opération d’invasion contre les zones contrôlées par la guérilla du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). Cela avec la bénédiction du PDK qui collabore avec l’armée turque et relaie largement sa propagande. Ces attaques, perpétrées par la deuxième armée de l’OTAN, ont été menées avec l’assentiment de celle-ci et dans le silence complice des organisations internationales (UE, ONU,…). L’OTAN est aussi un moyen pour Erdogan de faire pression sur les États membres, notamment par la menace d’un veto à l’adhésion de la Suède et la Finlande (candidats pour rejoindre l’OTAN) si ceux-ci ne prennent pas de dispositions pour réprimer le mouvement kurde dans leurs pays - entre autres demandes extravagantes.

Toutes ces attaques visent à affaiblir le mouvement kurde en prévision d’une nouvelle invasion turque au nord et à l’est de la Syrie dont Erdogan menace depuis fin mai. Il cherche ainsi à détourner l’attention de la crise économique qui frappe son pays depuis plusieurs mois et des revendications intérieures qui menacent sa mainmise sur le pouvoir. Pourtant, malgré la répression, les procès en dissolution contre les organisations féministes, la résistance continue au Bakur : les manifestations ont bravé la menace de la prison pour protester contre la guerre, des commémorations du mouvement du parc de Gezi se sont tenues, le mouvement syndical reste combatif et les dernières célébrations du Newroz (Nouvel an kurde) rassemble des millions de personnes… Au Rojava, la société s’arme et se prépare aussi à résister à une nouvelle invasion.

Pour les soutenir, continuons à mettre la pression sur le gouvernement d’Erdogan !

Face aux attaques contre la guérilla et aux menaces envers le Rojava, une journée d’action mondiale pour défendre le Kurdistan a lieu ce samedi 11 juin. L’UCL appelle à y participer massivement.

Vive la révolution du Kurdistan !
Vive l’internationalisme !

Union communiste libertaire, le 9 juin 2022

 
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