Féminisme : Une éducation en tous genres




Le mouvement féminisme n’a pas été qu’un mouvement revendicatif,
il a été également un mouvement d’éducation des femmes par les femmes, mais pas uniquement…


Cet article est issu d’un dossier spécial sur l’éducation populaire


Le mouvement féministe des années 1970 a été un mouvement qui a visé l’empowerment (capacitation) des femmes. Pour cela, il a été nécessaire tout d’abord de se réapproprier le droit à la parole et de construire un espace pour parler des problèmes jugés importants par les femmes et dénigrés par les militants hommes. Cela a été le rôle des groupes féministes de parole non mixtes.

Les femmes qui y participaient pouvaient, sans être dénigrées ou intimidées par des hommes, y parler de leur problèmes intimes concernant en particulier leur sexualité et plus généralement leur corps.

Ainsi, cette éducation a été également une éducation au corps : la plupart des femmes étant ignorante de l’anatomie de l’appareil génital féminin. Il s’agissait donc d’un espace où les sujets femmes, à partir de leur point de vue situé, pouvaient affirmer leur expérience subjective face à la rationalité marxiste du discours militant sur la lutte des classes ou à l’expertise masculine biomédicale sur leur propre corps. Il s’agissait de parvenir à une prise de conscience que cette expérience n’était pas qu’une expérience individuelle, mais la condition sociale du groupe femme.

L’autodéfense féministe

Mais dans ce processus d’empowerment des femmes, la prise de conscience est certes nécessaire, mais elle ne suffit pas pour lever les obstacles à l’action collective. C’est pourquoi, les féministes ont également créé des pratiques telles que l’autodéfense féministe. A la différence du self-defense féminin, l’autodéfense féministe a été produite par des femmes dans une perspective féministe.

Il ne s’agit pas uniquement d’apprendre des techniques de défense physique : après tout s’il ne s’agissait que d’efficacité de techniques de combat, un cours mixte serait tout aussi valable. Mais les problématiques des femmes sont doubles : du fait des inhibitions liées à la socialisation de genre et de la spécificité sexuée des agressions subies. C’est pourquoi, l’autodéfense féministe commence par viser l’empowerment mental. Il s’agit de renforcer la confiance en elles des femmes et de les aider à lever leur inhibition à prendre la parole dans l’espace public, à crier ou à utiliser leur corps comme une arme de défense. Mais en outre, l’autodéfense féministe comprend un volant consacré à la défense verbale aussi bien dans l’espace public, au travail que dans l’espace domestique.

Mais il serait réducteur de penser que l’éducation féministe se limite à une éducation qui s’adresse aux femmes.

Cercles de réflexion et de lecture

Des cercles de lectures féministes ont pu être mis en place dans les milieux LGBT (lesbien-gay-bi-trans) ou par des militants hommes. Dans ce cas, il s’agit de personnes qui estiment nécessaire pour leur éducation militante, et pour éviter le sexisme dans leur comportement quotidiens, de se former au féminisme par la lecture de textes importants de ce courant.

Enfin, parce que c’est aux femmes qu’est le plus souvent confié au sein de la famille la plus grande part dans l’éducation des enfants, mais également parce qu’elles sont majoritaires dans les métiers de de l’enseignement et du social, les féministes ont particulièrement développé une réflexion sur l’éducation, mais également la pédagogie.

Irène Pereira

 
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