Fonction publique : Mobil... isez !




L’adoption de la loi de mobilité des fonctionnaires est la dernière d’une longue liste de défaites encaissées sans vraie riposte. Comment sortir du cercle vicieux ?

La loi sur la mobilité des fonctionnaires, adoptée fin juin, doit faciliter la suppression du maximum d’emplois de fonctionnaires. La faible réaction contre cette loi est à l’image d’une année de luttes qui n’a pas vraiment permis une riposte sociale d’ampleur. Pourquoi et comment rebondir ?
Les défaites les plus lourdes de 2007 auront été celles des cheminots et cheminotes (réforme des régimes spéciaux) et celles des étudiants (LRU). Sarkozy entendait montrer sa force en faisant plier deux bastions traditionnels des luttes.

Dans l’ensemble, les confédérations et syndicats majoritaires - type FSU dans l’Éducation -n’ont pas voulu organiser la riposte et nous ont resservi la « stratégie » perdante et épuisante des grèves de vingt-quatre heures en ordre dispersé. Quant aux syndicats plus combatifs, ils n’ont pas pu ou su peser pour dépasser les grèves carrées catégorielles, et une grande partie des fonctionnaires ou des salarié-e-s des entreprises publiques n’ont pas montré une grande combativité.

Cependant, certaines luttes ont montré qu’on pouvait faire reculer le pouvoir : les grèves de sans-papiers ont abouti à de nombreuses régularisations et ont été, politiquement, le plus gros pavé dans l’idéologie xénophobe du gouvernement ; dans le privé de nombreuses grèves pour les salaires ou l’emploi ont porté leurs fruits dans des secteurs inhabituels comme la grande distribution. Enfin la défense d’hôpitaux publics de proximité associant salarié-e-s et population (Saint-Affrique, Carhaix…) a également freiné l’agression libérale du gouvernement.

Des leçons à retenir

À l’avenir, un des impératifs premiers va être de mieux préparer les luttes. Dépasser la « stratégie » des temps forts/temps morts d’un côté, les appels incantatoires à la grève générale de l’autre, suppose de préparer les luttes à la base et à l’avance, comme l’ont été les grèves les plus dures de 2007 à la SNCF et sur les facs.

Cela passe aussi sans doute par un travail de terrain pour faire renaître les solidarités et la conscience de classe, même dans des « petites » luttes (dans l’établissement, le bassin d’emploi...). Face aux bureaucraties syndicales nationales, il semble aussi urgent de relancer le débat et l’action intersyndicale à la base, via des revues, des réseaux intersyndicaux.

Il paraît enfin essentiel de repolitiser les luttes et les débats, et ce sans attendre quatre ans. Face à l’offensive idéologique de la droite et au silence de la gauche, il faut mener la contre-offensive. Par exemple il faut marteler que l’important est l’augmentation des salaires et la répartition des richesses et non le « pouvoir d’achat ». Il est aussi urgent de relégitimer le droit qu’ont les salarié-e-s de revendiquer, de s’organiser, de faire grève, pour contrer la volonté sarkozyste de promouvoir les institutions « républicaines » comme seule source de légitimité politique et de discréditer toute opposition extraparlementaire.

Mafalda (AL Angers)

 
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