Forum social européen : L’heure des bilans




Même s’il est trop tôt, au moment du bouclage de cette édition d’Alternative libertaire, pour tirer un bilan complet du Forum social européen (FSE), plusieurs constats peuvent d’ores et déjà être faits.

Le FSE a bien rassemblé plus de 50 000 personnes venues de toute l’Europe, soit autant qu’à Florence l’an dernier, ce qui n’était vraiment pas gagné à quelques jours de l’événement. Sur le plan qualitatif, les débats ont souvent montré une grande capacité d’analyse des acteurs des mouvements sociaux, mais peu d’approfondissement sur les perspectives d’action, la lourde tâche de restitution des débats permettra cependant un accès à une grande partie des débats.

Comme la préparation du FSE l’avait annoncée, celui-ci a été la cible d’une grosse offensive des partis politiques, Rouge, le journal de la LCR est devenu pour la durée du FSE un quotidien massivement distribué tandis que les trotskistes anglais du Socialist Workers Party (SWP) occupaient le terrain avec des dizaines de militant(e)s, recouvrant d’affiches tous les sites du FSE. D’autres tentèrent des sorties individuelles, comme Braouezec, le maire de Saint-Denis qui, quelques jours avant le lancement du FSE appelait à la constitution d’une « liste anticapitaliste » pour les élections régionales en Ile-de-France avec des acteurs du mouvement social. Cet appel ayant immédiatement été qualifié de « coup de bluff » par la direction du PCF, parti auquel il appartient.

Mais c’est Braouezec qui tire le plus de profit du Forum des autorités locales (FAL), également accueilli par Saint-Denis en même temps que le FSE. Ce forum qui a regroupé environ 800 représentant(e)s de collectivités locales d’Europe, a conclu par l’importance du « pouvoir local » en traduction des « utopies » de l’altermondialisation. (cf. Le Monde du 17/11/03).

La manifestation de clôture du FSE qui s’est déroulée le 15 novembre fut un gros succès, rassemblant près de 100 000 personnes, mais loin cette fois de l’échelle italienne qui avait atteint 500 000 personnes lors du premier FSE. Là encore mis à part la banderole ouvrant le cortège et titrant « pour une Europe des droits dans un monde sans guerre », peu de slogans. Le choix de transformer cette manifestation en parade festive n’a pas comblé le manque de politique ressenti par de nombreux manifestant(e)s.

La décision d’Alternative libertaire de tenir un stand au FSE a été un choix judicieux, au-delà du passage à une simple table de presse, beaucoup de personnes ont voulu y parler politique. Cette présence a également contribué à faire connaître le Forum social libertaire.

Initiatives des mouvements sociaux

Le clou du FSE a été l’assemblée générale des mouvements sociaux européens qui s’est tenue le dimanche 16 novembre et qui débouche sur deux appels. Le premier pour le 20 mars, date anniversaire de l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Irak, journée d’action pour une paix juste et durable, le deuxième pour le 9 mai avec une mobilisation contre le projet de constitution européenne de Giscard. Si cette AG des mouvements sociaux a débouché sur deux perspectives d’action, beaucoup de mouvements restent tout de même sur leur faim, devant l’incapacité à intégrer certains champs de luttes. À noter également le succès qu’a pu connaître l’Assemblée européenne des femmes tant en terme de participation que de diversité (les participantes n’étant pas que des militantes).

Durant cette période post-FSE, la parole est largement donnée aux « organisateurs/trices » de l’événement, si certain(e)s d’entre eux/elles se glorifient d’avoir réussi à agréger une partie des couches populaires (cela reste à prouver) à la dynamique du FSE par son implantation en banlieue, le manque d’élaboration de perspectives ne permet pas de renforcer la crédibilité du mouvement et empêche de fait les couches populaires d’y voir une réelle alternative.

Akosh (AL Paris-Est)

 
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