Fougères debout : Une étincelle autogestionnaire




Dans les zones rurales et les petites villes, les Nuits debout ont pu
se trouver un public et jouer un rôle catalyseur. Exemple à Fougères.


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Fougères, ancienne ville industrielle de 20 000 habitantes et habitants à 50 km de Rennes, est une des localités où Nuit Debout a pu s’épanouir. Rassemblant, à ses débuts, une vingtaine de participantes et de participants chaque semaine, l’événement en a encore attiré environ 140 fin juin, pour une projection de Merci Patron. La salle de cinéma était deux fois trop petite pour contenir tout ce monde !

En avril, durant les premiers rendez-vous, la question de la loi Travail a
été très vite complétée par une critique de la démocratie représentative et
une réappropriation des questions politiques (éducation, sécurité, état d’urgence, écologie…).

Si la question de la loi travail a pu, parfois, être éludée, c’est aussi parce que cet espace a été investi, en partie, par des personnes exclues du monde du travail, ou trop précaires pour vivre la lutte dans une entreprise. Ce constat est, en un sens, rassurant : les personnes les plus éloignées de l’emploi, qui ne peuvent s’inscrire dans un militantisme traditionnel, notamment syndical, réinventent des espaces de lutte.

Pérenniser ces lieux de débat public

Pour autant, éluder la question de la lutte sociale au profit d’une expérimentation démocratique, c’est faire l’impasse sur les liens entre le travail et l’organisation de la société. Aussi, Fougère Debout s’est questionnée sur les moyens de consolider la mobilisation, tout en expérimentant la démocratie directe. À Lannion (Côtes d’Armor), Nuit debout a organisé des blocages économiques, devenant un lieu d’organisation de la lutte. Dans certaines localités, les nuit-deboutistes ont ainsi pu bousculer un peu des organisations syndicales trop faibles pour impulser, seules, l’agitation.

La principale limite de Nuit Debout, c’est le turn-over. Pérenniser ces lieux de débat public, proposer des actions concrètes tout en permettant un cheminement politique sont des enjeux majeurs. La jonction entre une volonté d’autogestion de la lutte et d’autonomie territoriale est ce qui a permis, à Fougères, de dépasser
en partie cette difficulté. Comme d’autres, Fougères debout a lié la théorie à la pratique (diffusion de tracts, projection de film...) afin d’intégrer plus facilement de nouvelles personnes sans avoir à reprendre certains débats de zéro à chaque nouvelle échéance.

Nuit debout peut être à bien des égards discutable, mais cette volonté collective de se réapproprier l’espace public et la démocratie vaut largement les écueils que ces initiatives peuvent toujours rencontrer.


AL Fougères

 
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