Front national : Et pendant ce temps-là, au congrès du FN




Les 29 et 30 novembre s’est tenu à Lyon le XVe congrès du Front national. Grand-messe à la gloire de sa présidente et destinée à donner l’image d’un parti en route vers la victoire à la présidentielle de 2017, ce congrès a surtout permis de renouveler « tranquillement » les instances du FN.

Pas de débats durant ces deux jours, les militants ne sont pas là pour exprimer leur point de vue mais pour assister à des tables rondes, voter et acclamer leurs dirigeants, et rendre hommage au président d’honneur du parti ou aux « valeureux membres du DPS » (leur service d’ordre) avec une cérémonie de remise de médailles.

La liste des invités est assez instructive, puisqu’aux côtés des représentants de Russie unie (le parti de Poutine), plusieurs mouvements d’extrême droite européens étaient présents : FPÖ autrichien, Ligue du nord italienne, VMRO bulgare, Vlaams Belang flamand, Ok Strana tchèque. Et dans le sillage de Julien Sanchez et du nouveau secrétaire général du FN, Nicolas Bay, revenu du mégretisme, des responsables du Bloc identitaire assistaient aussi au congrès du FN.

Deux tendances, un atout

Si la presse s’est focalisée sur la compétition, mise en scène par le FN, entre Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen, l’arrivée en tête de la députée du Vaucluse à l’élection des membres du comité central ne permet cependant pas de tirer de conclusions définitives sur la future orientation du parti : d’abord, parce que l’écart entre les deux n’a rien d’une déroute pour le vice-président du FN ; mais surtout parce que les « sensibilités » différentes (l’un serait plus souverainiste et porté sur les questions économiques, pendant que l’autre serait plus dans la lignée traditionnelle de l’extrême droite incarnée par le FN des années Jean-Marie Le Pen) sont un atout pour le parti, tant qu’elles cohabitent. Cela permet d’offrir des figures dans lesquelles peuvent se retrouver les nouveaux venus, comme les plus anciens et traditionnels des militants, sympathisants et électeurs. C’est la même logique que celle du double discours, dont le parti d’extrême droite, même s’il n’est évidemment pas le seul, s’est fait une spécialité, tenant des propos différents, voire contradictoires, selon les lieux et les publics visés. Mais comme il faut aussi savoir rassembler tout le monde, la « préférence nationale », même parfois rebaptisée « priorité nationale » reste la base du programme du FN, et sur tous les sujets. Les congressistes ne s’y sont pas trompés, puisqu’ils entonnaient à tue tête régulièrement leur slogan favori « On est chez nous »… même lors de la table ronde consacrée à l’écologie.

Le renouvellement du bureau politique (l’historique Jamet et l’ingérable maire d’Hayange Engelmann en sortent, Rachline, Chauprade et la proche de Gollnisch, Salagnac, y entrent) et du comité central doit permettre au FN de former des « cadres » dont il manque cruellement au vu de ses ambitions : c’est d’autant plus nécessaire que ses récents succès électoraux l’ont obligé à abuser du cumul des mandats comme un vulgaire parti centriste de la IVe République.

Raoul Volfoni (AL Montreuil)

 
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