Génocide au Rwanda : 24 ans d’impunité




Pour les militants et militantes contre la françafrique, le mois d’avril est marqué par les commémorations du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 dont la France fut complice… summum des horreurs de ce système néocolonial.

Le 7 avril 1994, les extrémistes hutus, détenteurs de l’ensemble des pouvoirs du pays, ont commencé à exterminer de façon systématique, planifiée et organisée toute personne considérée comme « tutsi », ainsi que des Hutus s’opposant à ce massacre qui fit environ 1 million de victimes.

La France était alors engagée depuis 1990 dans une guerre secrète aux côtés de ce pouvoir extrémiste et de son armée. Depuis le début de cette guerre contre le Front patriotique rwandais (FPR), le pouvoir rwandais a joué de l’amalgame entre les ennemis militaires (le FPR) et les civils tutsis présumés complices « par nature »… donc à éliminer !

La coopération civile et militaire française était à un niveau très élevé de 1990 à 1994, au plus proche du pouvoir rwandais ; et nos responsables ne pouvaient donc pas ignorer le projet d’extermination des Tutsis.

Lorsque l’attentat du 6 avril sur l’avion présidentiel a sonné l’heure du massacre, nos décideurs ont choisi de ne pas dénoncer les accords de coopération avec l’Etat génocidaire.

L’État français est donc légalement complice de génocide. Pourtant, vingt-quatre ans après les faits, le combat pour la reconnaissance et la justice semble n’avoir que commencer ; et il ne se poursuit que grâce à l’inépuisable volonté d’une poignée
de militantes et de militants.

Cette lutte se mène d’une part dans les champs médiatique et historique (afin de s’opposer aux thèses négationnistes), et judiciaires d’autre part, car l’impunité évite aux responsables de tirer les leçons du passé.

À l’heure actuelle, la France n’a jugé que 3 présumés génocidaires ; dont 2 passent en appel d’ici juillet, et un est en attente de cassation… donc aucune condamnation définitive à l’heure actuelle. En comparaison, la Belgique a déjà condamné 10 personnes et prévoit plusieurs procès en 2018.

Par ailleurs, contrairement à ses obligations en tant que signataire de la convention internationale du 9 décembre 1948 pour la prévention et la répression du génocide, la France refuse d’extrader des présumés génocidaires vers le Rwanda qui compte les juger. Pour ce qui est des plaintes concernant des Français, quatre sont en cours d’instruction : elles visent des militaires français, Paul Barril (mercenaire proche de l’Élysée), ou la BNP Paribas pour le financement d’achat d’armes. Les parties plaignantes (associations et familles des victimes) se confrontent à des procédures complexes, des responsabilités diluées, des stratégies d’enterrement des dossiers ou de retardement infinis... tandis que les responsables politiques et militaires qui ont impliqué la France dans cette complicité de génocide vieillissent tranquillement, quand ils ne sont pas déjà morts avec les honneurs, à l’image de François Mitterrand.

Noël Surget (AL Carcassonne)

 
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