Grèce : Les élections passent, l’austérité reste




Les élections législatives du 17 juin dernier ont assuré une courte avance à la Nouvelle démocratie (droite) permettant la formation d’un nouveau gouvernement et la poursuite d’une politique d’austérité. Les résistances ouvrières et populaires persistent tandis que le parti néo-nazi Aube dorée multiplie les violences racistes.

Le gouvernement issu des élections du 17 juin est largement dominé par la Nouvelle démocratie et soutenu par le Pasok (Parti socialiste) et par la Gauche républicaine (scission de droite de Syriza). Le Pasok et la Gauche Républicaine ne participent pas au pouvoir mais plusieurs technocrates qui en sont proches ont été nommés à des postes de ministres.
Plus d’un mois après les premières élections législatives qui s’étaient déroulées le 6 mai et dont les résultats n’avaient pas permis la formation d’une majorité gouvernementale, le scrutin du 17 juin avait valeur de second tour, soit en faveur d’un gouvernement de droite soit en faveur d’un gouvernement dirigé par Syriza. C’est autour de cette perspective historique de la possibilité d’un gouvernement de gauche radicale en Grèce que Syriza a menée avec succès sa campagne entre les deux scrutins de mai et juin. La coalition a réussi à plumer la volaille stalinienne et gauchiste : le Parti communiste est passé de 8,5 % des voix à 4,5 % et la coalition d’extrême gauche Antarsya (Front de la gauche anticapitaliste) s’effondrant de 1,19 % à 0,33 %, c’est-à-dire de 75 000 à 20 000 voix (-72 % en un mois). Syriza augmentant dans le même temps son score de 10 %, passant à 27 % tout en étant devancé par la droite et manquant ainsi son objectif de gouverner la Grèce.

[*Sept pour cent de néo-nazis*]

La progression de Syriza s’explique aussi par les difficultés à faire vivre une opposition à travers la lutte de classes en Grèce. Cette difficulté s’est également illustrée l’an dernier dans la force du mouvement interclassiste des Indignés qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes sur la base du rejet des « politiciens et des voleurs ». Le succès électoral de Syriza provient en partie de l’état d’esprit insufflé par l’aile gauche des Indignés et celui des néo-nazis de l’Aube dorée par l’aile droite.

L’Aube dorée continue sa progression dans la société en s’appuyant sur un travail de quartiers (distribution de nourriture etc.) et en menant des actions violentes contres les immigrés. Sa percée électorale – 7 % des voix et 18 députés – lui offre désormais les moyens financiers et humains de construire un appareil solide et durable.

[*Perspectives pour la lutte de classes*]

Dans ce contexte de crise économique, il est très difficile pour les luttes sociales éparses qui persistent de déboucher sur des victoires. La lutte des métallurgistes de l’aciérie Helleniki Halivourgia contre les licenciements est emblématique. La grève qui dure depuis huit mois, sans extension aux autres entreprises du secteur, est de surcroît confrontée à la concurrence de l’autre usine du groupe où les travailleurs ont accepté une augmentation du temps de travail pour assurer la production.

La généralisation de la guerre sociale par la grève générale s’impose pour contrer la violence du capitalisme et mettre en pièces les illusions sur l’avènement d’un gouvernement vraiment à gauche. La construction d’une opposition de classe progresse, avec notamment ces dernières années, la formation d’une coordination de syndicats de base qui rassemble plusieurs milliers de travailleurs, au sein de laquelle sont actifs des militants d’extrême gauche et libertaires. Nos camarades de l’Initiative anarcho-syndicaliste y défendent le projet de création d’une nouvelle force syndicale indépendante et de lutte de classe qui fait cruellement défaut.

Clément Garnier (AL Paris-Sud)

 
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