Grenoble-La Villeneuve : pédagogie sociale et ateliers de rue




L’association Mme Ruetabaga est constituée de travailleurs sociaux qui s’inspirent des principes de la pédagogie sociale. Avec leur carriole multi-tâche ils tentent de créer dans la rue de nouveaux liens sociaux en liant autonomie, organisation et créativité, pour associer intérêts individuels et collectifs.


Cet article est issu d’un dossier spécial sur l’éducation populaire


À la Villeneuve, un quartier populaire du sud de Grenoble, la « street-­fighteuse » de l’association Mme Ruetabaga écume le quartier, ameutant des hordes d’enfants au pied des immeubles. Il s’agit d’une structure mobile, qui déploie toutes les semaines ses ateliers de rue gratuits et ouverts à toutes et tous sans conditions. Ses différentes activités (jardinage, cuisine, arts plastiques, cirque...) se terminent toujours par un goûter, suivi d’un « conseil » où sont débattues les prochains ateliers, l’auto­discipline ou des sujets plus larges à propos du quartier...

Ces ateliers procèdent de la « pédagogie sociale ». Celle-ci ne cherche pas à créer un environnement éducatif idéal dans l’espoir d’en faire sortir une société tout aussi idéale. Il s’agit d’une pédagogie de l’ici et du maintenant, qui ne se dissocie pas du milieu qu’elle travaille. Pour autant, c’est une pédagogie de transformation, et en ce sens, elle s’inscrit bien dans l’éducation populaire. A l’instar de Paulo Freire et du Mouvement des sans-terre brésilien, elle s’appuie sur l’appropriation d’un bien commun et sur la production/création. De là émerge le processus de transformation, qui induit tant l’émancipation sociale qu’un développement créatif de ­l’individu.

Ce que l’on recherche au travers des ateliers, c’est l’autonomie (via une interdépendance collective visant ­l’appropriation collective des moyens de production), l’organisation (l’expérimentation d’un fonctionnement ­collectif horizontal) et la créativité (imaginer des moyens de transformer son milieu en s’affranchissant des schémas habituels).

Une relation dissymétrique ? Justement

Un soin particulier est donné aux relations humaines. En raison des liens tissés, des demandes vont s’exprimer, des besoins être identifiés. Des petits groupes vont se constituer pour des actions précises (réaliser une expo, organiser un repas pour financer des séjours, écrire une lettre à la mairie...). Ponctuellement, une attention spécifique va être donnée à une famille ou à un enfant en particulier (pour une situation d’urgence, un besoin d’affection...). Certes, c’est bien au pédagogue d’être particulièrement soigneux et attentionné. La relation peut donc être dissymétrique, mais c’est précisément cela qui crée du mouvement et transforme le milieu. Les relations s’enrichissent de ces situations, et viennent à leur tour nourrir les ateliers de rue.

Robin (Grenoble)

 
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