Grève à Virgin : Virgin liquide, Virgin suicide




À l’annonce de fermetures de magasins, les salarié-e-s de Virgin se mobilisent : une grève historique menée en janvier montre qu’ils ne se laisseront pas faire.

Implantée en France depuis 1988, la prestigieuse enseigne musicale d’origine britannique a connu son heure de gloire dans les années 1990 avec l’avènement du CD et à coups de communication provocatrice. Vingt ans plus tard, Virgin Megastore est en pleine débâcle commerciale faute, pour ses dirigeants successifs, d’avoir su répondre aux défis posés par la transformation de ses marchés (dématérialisation) Ou plutôt, ils n’y ont répondu qu’à coups de plans d’actions, plus ou moins avortés et surtout menés au mépris du personnel. Virgin est également affecté, comme son principal concurrent, la Fnac, par la baisse de fréquentation de ses magasins, crise oblige.

D’abord cédé en 2001 au groupe Lagardère, Virgin est, depuis 2007, propriété du fond d’investissements Butler, le même qui, par le passé, a fait main basse sur la SNCM puis liquidé la SERNAM. Résultat ? Des fermetures successives de magasins : en 2011, ce sont ceux de Mérignac, du Louvre et de Saint-Denis que le comité d’entreprise (CE), pourtant dirigé par la CGT, n’a pas cherché à enrayer. En 2012, ce sont ceux de Metz et de Toulouse : à l’initiative de Sud, suivi par le CE, la justice, le 25 mai 2012, a suspendu ces deux fermetures, obligeant ainsi la direction à négocier un plan social plus décent.

Contrer la direction

Cette action l’a également contrainte à dévoiler son projet soit, d’ici 2014, la fermeture de dix autres magasins, impliquant la suppression de la moitié des 1 200 emplois restants : il était alors urgent de construire la mobilisation du personnel, atone faute de volonté des syndicats majoritaires. Il aura fallu attendre le 19 décembre dernier, date de l’officialisation du projet de cession du bail du principal magasin, celui des Champs-Elysées, qui compte 184 salarié-e-s et pèse encore 20 % du chiffre d’affaire de l’entreprise, pour que la révolte explose. Suite à une assemblée générale, l’ensemble des syndicats a appelé à une grève nationale le 29 décembre.
Le samedi en question, c’est une centaine de salarié-e-s des Champs, rejoints par des délégations d’autres magasins franciliens, qui a bloqué le magasin toute l’après-midi. En régions, la grève a également touché ceux de Bordeaux, Lyon et Toulon. Une nouvelle grève est alors programmée pour le 9 janvier. C’est dans ce contexte que la direction, qui ne paye plus les loyers des magasins depuis plusieurs mois ainsi que la part patronale des cotisations sociales, annonce, le 4 janvier dernier, la mise en cessation de paiement de l’enseigne !

Une grève historique

Loin de se laisser démonter, la participation du personnel à la grève du 9 janvier est historique : c’est 400 salarié-e-s d’Île-de-France qui se rassemblent aux Champs-Elysées, la quasi-totalité des magasins de province sont mobilisés. C’est la plus grosse mobilisation de salarié-e-s du commerce depuis Marks & Spencer en 2001. La lutte est lancée : une intersyndicale CFTC-CGC-CGT-FO-Sud se rassemble, des AG sont organisées et une équipe communication se met en place. L’objectif est double : faire payer Butler et trouver un repreneur pour conserver le maximum d’emplois et de magasins. Sur l’initiative de Sud, une manifestation nationale des salarié-e-s Virgin a lieu le 29 janvier en direction du siège de l’actionnaire, associant organisations politiques et d’autres boites en lutte (ArcelorMittal, PSA, Sanofi, etc.) : les Virgin, à qui le tribunal de commerce a laissé au moins jusqu’au 21 mars prochain, ne se laissent pas liquider sans broncher !

LD (Ami d’AL)

 Pour suivre et soutenir la lutte :

cdvirgin.over-blog.com

la page facebook : « Soutien salariés Virgin »

 
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